10 vieux gréements de Bretagne
Si la Bretagne n’est pas historiquement un pays tourné vers la mer comme on a tendance à le penser (l’écrasante majorité des bretons étaient paysans, même ceux qui vivaient en bord de mer), elle n’en compte pas moins un patrimoine maritime très riche. Et ce patrimoine, ce sont souvent des vieux bateaux, utilisés pour le travail (pêche, transport), le loisir ou même la guerre ! Ces vieux gréements, on les retrouve régulièrement pendant la saison touristique dans les fêtes et festivals, parfois entièrement consacrés à ce patrimoine maritime. Je vous propose de découvrir dix de ces vieux gréements que vous croiserez sans aucun doute un jour quelque part en Bretagne !
Le Belem
Le Belem, trois-mâts barque sorti en 1896 des chantiers navals Dubigeon de Nantes, est aujourd’hui un des plus grands vieux gréements de France et l’un des plus connus. Il fut construit pour le transport du cacao pour le compte des chocolateries Menier et porte le nom du comptoir commercial portugais de Belem au Brésil, son principal port de destination. Il échappa par miracle à l’éruption du Mont Pelé en Martinique en 1902, interdit d’entrée au port par manque de place ! Devenu obsolète face aux bateaux à vapeur, il prend sa retraite commerciale en 1914 après 33 campagnes. Racheté par le duc de Westminster, il est transformé et utilisé pour des croisières de luxe. En 1921 il est racheté par Sir Arthur Ernest Guinness, de la famille du célèbre brasseur irlandais, jusqu’à sa mort en 1949. En 1952 il part vers Venise où il sert de navire-école pour la fondation Cini puis pour les fameux carabinieri, les gendarmes italiens, en 1972. Mais mal entretenu il est rapidement délaissé et cédé à un chantier vénétien en 1976.
Redécouvert en 1979 par un passionné de gréements traditionnels, le docteur Luc-Olivier Gosse, il est racheté par l’ASCANF, une association soutenue par la Caisse d’Épargne, et ramené à Brest. Une fondation, la fondation Belem, récolte des fonds pour sa réhabilitation. Classé monument historique en 1984, il effectue son voyage inaugural à New York en 1986, à l’occasion des 100 ans de la Statue de la Liberté. Depuis, le Belem propose des stages de découverte de la navigation traditionnelle et parcourt les mers du monde pour participer aux rassemblements de grands voiliers. Le Belem est revenu au bercail puisque son port d’attache est Nantes, où il est régulièrement amarré sur le quai de la fosse, face aux anciens chantiers navals aujourd’hui disparus qui l’ont vu naître et qui accueillent aujourd’hui les célèbres Machines de l’île.
Plus d’informations (stages, visites, etc..) : www.fondationbelem.com.
La Recouvrance
Recouvrance, c’est le nom d’un des quartiers les plus connus de Brest, un quartier situé sur la rive droite de la Penfeld, rivière le long de laquelle l’arsenal de Brest s’est développé. Mais c’est également le nom d’une réplique d’une goélette aviso du 19ème siècle, de type « Iris ». Ces goélettes dessinées par l’architecte naval Jean-Baptiste Hubert en 1817 étaient des navires militaires destinés au transport de plis urgents, à la surveillance du trafic commercial puis à la répression de la traite des esclaves. Le projet de construction de la Recouvrance est lancé en 1990 et retient l’adhésion de la population brestoise qui participe, avec les collectivités locales, au financement de la réplique. Les travaux sont réalisés par les chantiers du Guip qui s’implantent d’ailleurs à cette occasion sur le port de Brest. La Recouvrance est mise à l’eau à l’occasion des fêtes maritimes de Brest le 14 juillet 1992. Mais le voyage inaugural aura lieu en mai 1993 sur le trajet Brest – Douarnenez, quelques mois après le premier mâtage de la Recouvrance. Propriété de la ville de Brest depuis 2000, la Recouvrance est l’ambassadeur de la Cité du Ponant. Elle participe bien évidemment à de nombreuses fêtes maritimes de Bretagne, de France et d’Europe. Et elle propose également des sorties à la demi-journée, à la journée, et même des croisières.
Plus d’informations : www.larecouvrance.com.
Le Biche
La particularité bien connue de l’île de Groix, c’est le thon qui remplace le coq au sommet de l’église du bourg ! Une référence à ce qui fut longtemps l’activité principale de l’île du début du 19ème siècle jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale : la pêche au thon. Au début du 20ème siècle, l’île comptait près de 300 dundees, ces bateaux de travail dédiés à la pêche au thon, et Groix était le premier port thonier de France. Aujourd’hui il n’en reste qu’un : le Biche. Ce navire fut construit en 1934 au chantier Aimé Chauffeteau des Sables-d’Olonne (Vendée) pour le patron groisillon Ange Stéphan, surnommé « Ange Biche ». Le Biche fut basé à Groix jusqu’en 1956, pêchant le thon à la ligne dans le Golfe de Gascogne. Il passera ensuite entre les mains du Royal Belgian Sailing Club de Zeebruges (en Belgique) puis de divers propriétaires anglais avant d’être racheté en 1991 par le Musée du Bateau de Douarnenez. Mais le musée ne trouve pas les finances pour restaurer le bateau qui finit en vasière. Heureusement une association, Les Amis du Biche, se crée pour sauver le bateau. En 2004 il est remorqué jusqu’à Brest puis à Lorient où il est restauré sur place par le chantier du Guip à partir de 2009. Il est remis à l’eau au port de pêche de Kéroman à Lorient le 22 juin 2012 et rejoint quelques semaines plus tard les fêtes maritimes de Brest 2012 où j’ai eu la chance d’embarquer pour une de ses premières sorties (et quel souvenir !). Aujourd’hui basé à Lorient et géré par l’association des Amis du Biche, le Biche propose des sorties en mer à la journée ou des croisières plus longues. Il est également des fêtes maritimes qui se déroulent en Bretagne au printemps et en été.
Plus d’informations : www.lebiche.com.
La Cancalaise
Sa coque noire, ses impressionnantes voiles blanches et sa silhouette élégante en font un des plus beaux vieux gréements de Bretagne : la Cancalaise est la réplique d’une bisquine de 1905, la Perle. Les bisquines étaient des bateaux de pêche utilisés au 19ème siècle en baie du Mont Saint-Michel, de Cancale à Granville, entre Bretagne et Normandie. Elles étaient utilisées pour le draguage des huîtres, la pêche au chalut et la pêche aux lignes. Mais leur puissance et la facilité de leur manoeuvre faisaient également merveille lors des régates entre les pêcheurs de Cancale et de Granville ! La Cancalaise est sortie des chantiers Labbé-Leclerc et Fresneau de Cancale en 1987. Son gréement est le plus important des bateaux traditionnels de Bretagne. La bisquine est gérée par l’Association de la Bisquine Cancalaise qui organise des sorties à la journée. Mais voir cette bisquine élégante évoluer lors des rassemblements de voiliers est déjà un véritable bonheur pour les yeux !
Plus d’informations : www.lacancalaise.org.
La Belle-Étoile
À l’occasion des premières fêtes maritimes de Brest en 1992, la revue Le Chasse-Marée avait organisé un concours « bateau des côtes de France » pour la reconstruction ou la restauration de bateaux traditionnels. C’est dans le cadre de ce concours qu’est née La Belle-Étoile, réplique du dernier dundee langoustier de Camaret-sur-Mer. L’original a été construit en 1938 au chantier naval Gourmelon de Camaret-sur-Mer. Il allait pêcher la langouste au large de l’Irlande, de l’Espagne, du Portugal et du Maroc. Une pêche vers laquelle Camaret s’est tournée après la crise sardinière du début du 20ème siècle. À l’apogée de la pêche langoustière vers 1945, la flotte de Camaret est constituée d’environ 150 bateaux. La Belle-Étoile est désarmée en 1962 mais échappe à la destruction du fait de son statut de monument classé (en tant que dernier dundee langoustier). Mais elle agonise sur la grève du Styvel, au coeur de Camaret, avant d’être déclassée en 2002. Il ne reste aujourd’hui plus aucun vestige de la Belle-Étoile d’origine. La réplique est sortie en 1992 du chantier naval Péron de Camaret pour les fêtes maritimes de Brest. Depuis la Belle-Étoile est présente à de nombreuses fêtes maritimes et propose des sorties en mer.
Plus d’informations : www.belle-etoile-camaret.fr.
Le Notre-Dame de Béquerel
Le Notre-Dame de Béquerel fait sans doute partie des vieux gréements les plus connus de Bretagne grâce à un superbe cliché du photographe Jean-Marie Liot qui habille de nombreux murs de salon de Bretagne et d’ailleurs ! Ce voilier de pêche traditionnel est baptisé en l’honneur d’une chapelle, Notre-Dame de Béquerel, sur la commune du Bono dans le Golfe du Morbihan. Commune qui a donné son nom de forban du Bono à ces petits voiliers utilisés pour la pêche au chalut à perche dans le nord-ouest du Golfe du Morbihan. À son apogée ce petit port de pêche abritait près d’une centaine de ces forbans ! Le Notre-Dame de Béquerel est une réplique d’un forban sorti en 1910 du chantier Querrien du Bono. Comme de nombreuses autres répliques de vieux gréements, elle a été construite dans le cadre du concours organisé par la revue Le Chasse-Marée à l’occasion des fêtes maritimes de Brest en 1992. Ce sont les apprentis charpentiers du centre AFPA d’Auray qui l’ont construit sous la supervision du chantier Guip de l’île aux Moines. Le voilier est géré par l’association « Le Forban du Bono » qui organise des sorties en mer, parfois réservées aux membres de l’association.
Plus d’informations : www.forbandubono.net
Le Renard
Quelques coups de canon annoncent l’arrivée au port du Renard, réplique d’un cotre à hunier qui fut le dernier navire armé pour la course par le corsaire malouin Robert Surcouf ! Lancé en mai 1813, le Renard participa quelques mois plus tard, en septembre, à un combat de légende contre la goélette anglaise l’Alphéa. Malgré un avantage en nombre de un à trois en faveur du navire anglais, le Renard remporta la victoire au terme d’un combat particulièrement violent, au prix de la vie de son capitaine, Leroux-Desrochettes. Cette bataille a laissé un tel souvenir dans la mémoire des malouins que ce fut une évidence pour l’association malouine Cotre corsaire de le choisir comme modèle pour construire une réplique. Commencé en 1989, le nouveau Renard sort des chantiers naval du quai Vauban de Saint-Malo en 1991 et participe aux fêtes maritimes de Brest en 1992. Il est géré par Étoile Marine Croisière qui propose des sorties en baie de Saint-Malo et d’autres formules.
Plus d’informations : www.etoile-marine.com
Le Corentin
Encore un navire construit dans le cadre du concours organisé par le Chasse-Marée à l’occasion des fêtes maritimes de Brest 1992 ! Sorti des chantiers navals Saint-Guénolé de Quimper en 1991 à l’initiative de l’association Les lougres de l’Odet, le Corentin est une réplique d’un lougre de cabotage, ces trois-mâts qui remontaient l’Odet jusqu’au port de Quimper au 19ème siècle, chargés de biens alimentaires, de bois ou de charbon. Le nom du navire est d’ailleurs un hommage au saint patron de la ville de Quimper. Le Corentin est une réplique de l’Aimable-Irma, construit en 1840 à Arcachon. Mais c’est un autre navire, le Landais, qui a servi d’inspiration pour le tableau arrière du Corentin. Aujourd’hui basé à Concarneau, le Corentin propose des sorties à la journée vers les îles Glénan ou des croisières plus longues.
Plus d’informations : corentinlougredelodet.wordpress.com
Le Général Leclerc
C’est en 1948 que le Général Leclerc est sorti du chantier naval du charpentier de marine Auguste Tertu du Fret sur la commune de Crozon. Ce sloop coquillier draguait coquilles Saint-Jacques, pétoncles, praires et huîtres plates en rade de Brest. Il servait également au transport du goémon et du maërl. Basé à Plougastel-Daoulas, il fera des campagnes de pêche jusqu’en jusqu’en 1970 avec un seul et unique patron pêcheur, Pierre Kervella de Kerdeniel, avant d’être désarmé en 1973. Il est racheté en 1987 par l’association Lenn Vor qui confie sa restauration au charpentier de marine Alain Nicolas à Brest. On croise régulièrement le Général Leclerc dans les fêtes maritimes en compagnie de deux autres coquilliers de la rade de Brest qui lui ressemblent beaucoup, La Belle Germaine et La Bergère de Domrémy, comme ici aux fêtes maritimes de Douarnenez en 2004.
Plus d’informations : www.general-leclerc.com
Pen Duick
Pen Duick, un nom rattaché à une légende de la voile, Éric Tabarly. Nom duquel il a baptisé chacun des voiliers qu’il a possédés et avec lesquels il a façonné sa légende. Le premier de la lignée, qui ne porte pas de numéro, est un ancien voilier construit en 1898 sur les plans de l’architecte naval écossais William Fife III, dans les chantiers de Carrigaloe près de Cork en Irlande. Baptisé Yum par son propriétaire irlandais Adolphus Fowler, ce yacht de course prend le nom de Pen Duick (« petite tête noire » en breton, ce qui désigne les mésanges noires) en 1935 quand il est racheté par la famille nantaise Le Bec. C’est à cette famille que Guy Tabarly, le père d’Éric Tabarly, rachète Pen Duick. À son bord Éric Tabarly apprend à naviguer. En 1952, il convainc son père de lui donner le voilier, dans un tel mauvais état qu’il ne trouve pas acheteur. Éric Tabarly confie sa rénovation aux chantiers Constantini de La Trinité-sur-Mer avec une idée révolutionnaire pour l’époque : remplacer la coque en bois par une coque en polyester. C’est avec les autres Pen Duick que Éric Tabarly construira sa légende (en particulier en remportant la Transat Anglaise en solitaire en 1964 sur Pen Duick II). Mais signe du destin, c’est lors d’un convoyage de ce Pen Duick qu’il a tant aimé, que Éric Tabarly disparaît en mer au large du Pays de Galles dans la nuit du 12 au 13 juin 1998. Pen Duick appartient aujourd’hui à Jacqueline et Marie Tabarly, respectivement la femme et la fille de Éric Tabarly, qui ont confié son entretien et son utilisation depuis son port d’attache, Lorient, à l’association Éric Tabarly.
LA CANCALAISE est vraiment la plus belle et la plus rapide…
Manoeuvrée par des excellents marins, et gérée par l’Association Bisquine Cancalaise depuis 35 ans, la bisquine cancalaise est un exemple pour notre région.
Naviguer sur LA CANCALAISE est un grand moment de bonheur !
ou est le skoern vieux grémennt ayant appartenu à LOUIS RIVIERE DE QUIMPERLE ANNEES 1955 ?