Camaret et la Pointe de Pen-Hir
À l’extrémité de la presqu’île de Crozon, Camaret-sur-Mer est un des lieux les plus fascinants de Bretagne. Outre le charme de son port, ses vieilles coques en fin de vie, son adorable chapelle et sa tour Vauban classée au patrimoine mondial de l’Unesco, ce sont les paysages grandioses qui marquent les esprits, en particulier la spectaculaire pointe de Pen-Hir et ses célèbres Tas de Pois.
Histoire de Camaret
La région de Camaret-sur-Mer a été très tôt habitée, comme en témoignent les alignements de Lagatjar sur la route de la pointe de Pen-Hir. Il faut dire que la situation géographique de Camaret, dans un repli naturel creusé par la mer, à la fois protégé et ouvert sur la mer, en faisait un site idéal pour installer un port. De fait au Moyen-Age Camaret se développe à la fois comme port de pêche et de commerce, mais surtout comme une escale pour les caboteurs du littoral français et les bateaux qui remontent d’Espagne ou du Portugal.
Mais la situation géographique stratégique de Camaret, à l’entrée du goulet de Brest qui permet d’accéder à la rade et au port militaire de Brest, en fait également une cible de choix pour les anglais qui tentent à plusieurs reprises d’y débarquer. La bataille la plus célèbre, dite « bataille de Camaret » ou « bataille de Trez-Rouz » a lieu en 1694 pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Le 18 juin de cette année là l’importante flotte anglo-hollandaise venue détruire une partie de la flotte française installée à Brest est mise en déroute par Vauban grâce aux fortifications construites par le brillant ingénieur militaire de Louis XIV.
Les siècles suivants sont plus calmes pour Camaret qui, après l’apparition des bateaux à vapeur puis à moteur, perd en partie son rôle de port escale pour se tourner vers la pêche. Comme Douarnenez ou Concarneau, Camaret est d’abord un grand port sardinier, du XVIIème siècle jusqu’au début du XXème siècle et la grande crise sardinière. Le port se tourne alors avec succès vers la langouste. Les bateaux de Camaret partent pêcher jusqu’au large du Maroc ou de la Mauritanie, faisant de Camaret-sur-Mer le premier port langoustier d’Europe en 1961. Mais les interdictions de pêches décrétées par le Maroc et la Mauritanie au large de leurs côtes amorcent le déclin de la pêche langoustière qui finit par s’éteindre à la fin des années 80. Aujourd’hui les bateaux de plaisance ont remplacé les bateaux de pêche et le tourisme est devenu une source de revenus essentielle pour la ville.
Ça tombe bien, des atouts touristiques, Camaret-sur-Mer n’en manque pas ! Des charmes qui ont depuis longtemps attiré des artistes, peintres, écrivains, poètes, en particulier dans le dernier quart du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle. De nombreux artistes étaient hébergés à l’hôtel de la Marine, tenu par une figure locale, Rosalie Dorso.
À voir dans le port de Camaret-sur-Mer
- Les quais ne sont plus bordés que par de rares bateaux de pêche, désormais remplacés par les navires de plaisance. Mais les nombreux restaurants et pubs le long des quais animent la ville l’été, lorsque les touristes envahissent les lieux.
- Le long de la digue du sillon des carcasses émouvantes de bateaux de pêche pourrissent lentement et rappellent l’histoire pas si lointaine de Camaret-sur-Mer. Sur la pointe, outre la chapelle Notre-Dame de Rocamadour et la tour Vauban (voir ci-dessous) on trouve la capitainerie du port et un petit phare vert. Belles vues sur l’anse de Camaret le long de la digue.
- La chapelle Notre-Dame de Rocamadour, classée monument historique en 1935, fut construite en 1183 mais la partie la plus ancienne de la chapelle date de 1527. Deux hypothèses existent quant à son étymologie : l’une affirme que son nom vient des mots bretons « roc’h » (rocher) et « dour » (eau), soit « Rocher au milieu de l’eau » (ce qui correspond bien à la situation de la chapelle) ; l’autre explique que son nom viendrait des pèlerins venant de Scandinavie qui faisaient étape à Camaret en se rendant à Rocamadour dans le Lot. La chapelle a été décapitée par un boulet anglais lors de la bataille de Camaret en 1694 (voir plus haut). A l’intérieur une grande partie du mobilier a été détruit par un incendie en 1910 mais la chapelle reste émouvante grâce à ses nombreux ex-voto.
- La tour Vauban est une tour de défense côtière avec batterie basse. Tracée par Vauban en 1689, elle faisait partie du complexe stratégique de protection du goulet de Brest mis en place par Vauban. Elle n’était pas encore terminée lorsqu’elle subit son baptême du feu lors de la bataille de Camaret en 1694, ce qui ne l’empêcha pas de jouer un rôle déterminant dans la déroute infligée à la flotte anglo-hollandaise. Classée monument historique 1907, elle est classée depuis 2008 au patrimoine mondial de l’Unesco avec 11 autres sites construits par Vauban en France. C’est l’unique site Unesco en Bretagne à ce jour.
La pointe de Pen-Hir
Au sud-ouest du bourg, la Pointe de Pen-Hir est un des sites naturels les plus grandioses de Bretagne. Elle est en particulier connue pour ses fameux Tas de Pois, six îlots rocheux qui prolongent la pointe et qui portent les noms de de Grand Dahouët, Petit Dahouët, Penn-Glaz (« la tête verte »), Ar Forc’h (« la fourche »), Chelott et Bern Id (« le tas de céréales »). Par beau temps le panorama est grandiose et porte sur les tous proches Cap de la Chèvre et Pointe de Dinan, mais aussi sur le Cap Sizun, la pointe du Van, la Pointe du Raz et l’île de Sein vers le sud, la pointe Saint-Mathieu, Ouessant ou Molène vers le nord.
La partie ouest de la pointe est le royaume du minéral avec d’impressionnantes falaises rocheuses cisaillées par l’érosion, dominant la mer d’Iroise à 70 mètres de haut. Une gigantesque croix domine la mer : il s’agit de la croix de Pen-Hir, le Monument aux Bretons de la France Libre, inaugurée dans les années 1960 par le Général De Gaulle, classée monument historique en 1996. Ce monument est un hommage aux Bretons qui ont rejoint la France Libre à Londres après l’appel du 18 juin 1940 du Général De Gaulle. La partie est de la pointe, protégée des assauts de l’océan, offre des paysages plus doux de falaises couvertes de landes descendant vers la magnifique anse de Pen-Hir et la non moins magnifique Plage de Veryac’h. Un sentier côtier permet de suivre les falaises jusqu’au village de Kerloch, à la limite entre Camaret-sur-Mer et Crozon.
À voir également à Camaret-sur-Mer
- La Pointe du Toulinguet est l’autre pointe célèbre de Camaret-sur-Mer. Si le paysage est moins impressionnant que la pointe de Pen-Hir, le site reste tout de même spectaculaire. La pointe est dominée par un sémaphore et un phare, inaccessibles au public car situés sur une zone militaire. Le site est également lié à l’histoire de Saint Riok, un ermite du IVème siècle qui s’était retiré dans une des nombreuses grottes de la pointe du Toulinguet. De part et d’autres de la route menant à la pointe, les points de vue sur l’anse et la plage de Pen-Hat au sud et l’anse de Porzh Naye sont superbes.
- A la sortie sud-ouest du bourg, les Alignements de Lagatjar (Lagad-Yar en breton, « l’oeil de la poule ») sont contemporains de ceux de Carnac. On dénombrait ici 600 menhirs en 1776. Mais suite à de nombreuses destructions, ils n’étaient plus qu’une centaine quand ils ont été classés monuments historiques en 1883. Les mégalithes restants ont été relevés en 1928 et sont visibles le long de la route menant à la pointe de Pen-Hir.
- Le Manoir de Coecilian, surplombant la plage de Pen-Hat sur la route de la pointe de Pen-Hir, est un manoir exotique pourvu de huit tourelles construit en 1903 par le poète Saint-Pol-Roux, né à Marseille mais Camarétois d’adoption. Le manoir a été baptisé en l’honneur de son fils, Coecilian, mort près de Verdun en 1914. Durant l’entre-deux-guerres, le manoir accueillit de nombreux écrivains et artistes. Mais le manoir est investi en 1940 par des soldats allemands qui violent la fille de Saint-Pol-Roux et pillent le manoir. Suite aux bombardements des Alliés en 1944, il ne reste aujourd’hui que des ruines étonnantes du manoir.
Et c’est également un site d’escalade fantastique, très bien équipé et pour tous les niveaux 😉
Magnifique photos et Histoire émouvante Merci