La Pointe du Raz
A l’extrémité de la péninsule du Cap Sizun, la Pointe du Raz (« Beg ar Raz » en breton) est un des sites naturels les plus connus et les plus emblématiques de Bretagne. Cette longue langue de granit s’avance dans la mer d’Iroise, séparée de l’île de Sein par un détroit de 8 kilomètres de large traversé par des courants forts redoutés des marins. Un spectacle dantesque par gros temps et même sous le soleil ! Vous voulez sentir toute la force des éléments ? Visitez la Pointe du Raz, une étape incontournable d’une visite en Bretagne !
Un « Grand Site de France »
Rançon du succès : la forte fréquentation touristique a mis en péril ce milieu naturel exceptionnel. Outre un urbanisme inapproprié (des hôtels et des commerces avaient été construits sur la pointe), le piétinement des centaines de milliers de visiteurs annuels qui se pressaient sur la pointe détruisait la flore (et donc la faune) locale. Un programme financé par l’Etat et des entreprises mécènes a donc été lancé pour réaménager le site et concilier protection de la nature et fréquentation touristique. De 1996 à 2000 les hôtels ont été détruits, les commerces et le parking ont déménagé dans un ensemble de bâtiments mieux intégrés au paysage, le parking a été déplacé d’un kilomètre et des sentiers bien délimités ont été tracés pour permettre au couvert végétal de se reconstituer. Le programme a donné de bons résultats et c’est désormais en traversant des champs de bruyère qu’on rejoint (à pied) la pointe ! Un parking accueille désormais les visiteurs, avec quelques commerces et restaurants et un centre d’interprétation qui guide les visiteurs. Il ne reste désormais sur la pointe qu’un seul bâtiment : le sémaphore de la Pointe du Raz, qui surveille la circulation des navires sur la Chaussée de Sein, la baie de Douarnenez et la Baie d’Audierne. Géré par un syndicat mixte rassemblant les collectivités locales et le Conservatoire du Littoral, le site a reçu en 2004 le label « Grand Site de France », décerné par le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de la Mer, à des sites à forte fréquentation touristique qui ont mené avec succès des programmes de protection. Seuls huit sites en France bénéficient de ce label.
Les phares de la Vieille et de Tévennec
La Pointe du Raz est séparée de l’île de Sein par un détroit de 8 kilomètres de large réputé comme très dangereux à la navigation car traversé par de forts courants marins. Il suffit d’observer depuis la pointe les remous de l’eau au large, même par beau temps, pour imaginer la dangerosité du passage par gros temps ! Mais ce passage reste pourtant moins dangereux que de passer au large de Sein où les hauts fonds obligent les navires à passer très au large et à faire un gros détour (pour des questions de sécurité évidentes les navires transportant des cargaisons dangereuses doivent cependant faire ce détour). Pour guider les navires sur ce passage dangereux, deux phares en mer ont été construits, deux phares qui font aujourd’hui partie des phares mythiques des côtes bretonnes :
- Le phare de la Vieille, construit de 1882 à 1887 sur le rocher de la Gorlebella (« la roche la plus éloignée » en breton). C’est celui juste en face de la pointe, le plus facilement visible depuis la côte. Il doit sa célébrité à sa situation isolée dans une zone agitée. Le phare était habité en permanence par deux gardiens. On imagine les conditions difficiles en cas de gros temps, lorsque les vagues submergeaient le phare et que le vent hurlait ! La relève était un exercice difficile et délicat, parfois même impossible selon la météo : une vedette s’approchait du phare et les gardiens quittaient ou rejoignaient la navette en s’accrochant à à un filin (appelé cartahu) installé entre la navette et le phare. Le feu fonctionnera à l’huile jusqu’en 1995, avant que le phare soit automatisé et définitivement quitté par les gardiens le 14 novembre 1995.
- Le phare de Tévennec, situé au nord du Raz de Sein, au large de la Pointe du Van. Le phare a été construit entre 1871 et 1875. Il est constitué d’une tour carrée de 11 mètres de haut jouxtée d’une maison d’habitation destinée au gardien. Situé sur un petit îlot rocheux, il n’avait pas le titre de phare de haute mer. Il fut donc habité au départ par un seul gardien qui devait rester à l’année alors que dans les phares en haute mer les gardiens sont relevés régulièrement ! Rapidement les difficultés de vie sur l’îlot amènent les autorités à accepter la présence permanente d’un deuxième gardien de phare sur l’îlot. Mais du fait de l’absence de relève et de sa sinistre réputation (des histoires de gardiens fous ou morts brutalement, ou encore de cris lugubres, circulaient à propos du phare) le recrutement de gardiens est difficile. A partir de 1897 il est décidé que Tévennec sera habité par un gardien accompagné de sa femme ! Un couple, les Quéméré, restera installé 5 ans dans le phare et y donnera naissance à trois enfants ! Le phare est finalement automatisé en 1910 avec un feu permanent réalimenté tous les 6 mois. Puis il est électrifié en octobre 1994 grâce à des panneaux solaires.
La Baie des Trépassés
Entre la Pointe du Raz et la Pointe du Van s’étend une des plus belles baies de Bretagne : la Baie des Trépassés. Elle fait partie intégrante du site de la Pointe du Raz et, à ce titre, elle est également protégée. Son nom breton, « Bae an Anaon », la « Baie des Morts », donne du crédit à la sinistre légende selon laquelle les cadavres des naufragés s’y échouaient régulièrement. On raconte même que durant la nuit de Noël la baie résonne des chants des âmes en peine ballotées sur le bateau des morts … Mais la configuration des courants marins contredit cette légende : la mer ne peut pas rejeter les cadavres des naufragés sur cette plage. En fait le nom de la baie vient simplement d’une confusion phonétique : la baie s’appelait à l’origine Bae en Avon, la « Baie de la Rivière », en référence à la rivière qui se jète dans l’océan au fond de la baie. Le meilleur moyen d’apprécier la baie est d’emprunter le sentier qui mène de la Pointe du Raz jusqu’à la Baie des Trépassés. La magnifique plage des Trépassés, au fond de la baie, constitue un spot de surf réputé du fait de l’ouverture de la baie plein ouest, du vent souvent fort et de la forte houle qui déferle dans la baie.
Visiter la pointe du Raz
Depuis les travaux de réaménagement de la pointe, le stationnement est payant dans un parc à la sortie du hameau de Lescoff (5 € pour une voiture, 3 € pour une moto, prix à la journée). Une manière de participer à l’entretien et à la préservation de ce site d’exception ! A proximité du parking se trouvent des sanitaires, des restaurants, quelques commerces et un centre d’interprétation qui expose les enjeux de protection du site, de sa faune et de sa flore. Le centre propose également des visites guidées permettant de découvrir la faune et la flore de la Pointe du Raz (se renseigner sur place ou sur le site web de la Pointe du Raz). Une route bitumée permet de rejoindre directement la pointe depuis le centre d’interprétation. Les personnes qui ont du mal à se déplacer peuvent également emprunter les navettes (gratuites). Mais pour profiter pleinement du spectacle je vous recommande plutôt d’emprunter le sentier qui fait le tour de la pointe dans le sens des aiguilles d’une montre. Empruntez le sentier qui part au sud depuis le centre d’interprétation, puis suivez le GR34 vers la pointe. Au milieu de champs de bruyères, on découvre peu à peu toute la beauté austère de la pointe et le panorama grandiose sur le Raz de Sein, le phare de la Vieille et l’île de Sein. Sur la pointe, on passe au pied de la statue de Notre-Dame-des-Naufragés, sculptée par l’artiste Cyprian Godebski en 1904. Puis on bascule de l’autre côté de la pointe pour suivre le magnifique sentier côtier qui longe la Baie des Trépassés jusqu’à la plage des Trépassés. Panorama magnifique et couleurs extraordinaires quand le soleil est de la partie ! Arrivé à la plage, on quitte le GR34 et on remonte par un chemin qui part à droite. On traverse le hameau de Lescoff, on passe devant la chapelle Saint-Michel puis on redescend vers la côte sud de la pointe du Raz pour revenir au parking. Compter 3 heures pour ce parcours qui permet d’apprécier les paysages de ce bout du monde (balisage jaune). Un dernier conseil pour profiter de la pointe : éviter d’y aller en plein après-midi en plein été et faire l’effort d’y aller le matin ou le soir quand les hordes de touristes ont quitté le site !
Merci pour ces photos et commentaires très intéressants ,