Crozon et le Cap de la Chèvre
La commune de Crozon, qui a donné son nom à la presqu’île de Crozon, offre des paysages parmi les plus spectaculaires de Bretagne, en particulier sur la péninsule sauvage qui se termine par le mythique cap de la Chèvre. On y vient également pour visiter les célèbres grottes marines de Morgat, station balnéaire de la commune. Crozon, un incontournable d’une visite en Bretagne !
Morgat et les grottes marines
Au sud du bourg de Crozon, au fond d’une anse délimitée par la pointe des Grottes et la pointe du Kador, le village de Morgat est le satellite balnéaire de la commune. Cet ancien port de pêche à la sardine puis au thon jusque dans les années 60 et 70 s’est tourné vers le tourisme sous l’impulsion de Armand Peugeot, fondateur du constructeur automobile Peugeot. Il découvre Morgat en 1883 sur les conseils d’un ami, Louis Richard, qui le convainc d’y bâtir une station balnéaire. Le premier hôtel (Grand Hôtel de Morgat) et les premières maisons sont construites en 1885. Aujourd’hui encore on peut admirer sur le front de mer les maisons et manoirs bâtis fin 19ème / début 20ème siècle par les riches familles parisiennes venues à Morgat sur les conseils de la famille Peugeot. L’une de ces maisons, la villa Ker ar Bruck, est classée monument historique depuis 2004. Surnommée la « villa Eiffel », c’est une des rares maisons en fer répertoriées en France, bâtie en tôle galvanisée selon le procédé de Joseph Danly. C’est une propriété privée qui ne se visite pas, en dehors des Journées du Patrimoine.
Outre sa belle plage et son port de plaisance, l’attraction principale de Morgat est la visite des grottes marines de Morgat. Visitées depuis la mi 19ème siècle, ces grottes envahies par la mer sont le résultat de l’érosion marine qui a agrandi des fissures dans les falaises, les algues et l’oxydation donnant des couleurs étonnantes aux parois internes des grottes. Le résultat de millions d’années de travail de Dame Nature ! Les principales grottes se situent du côté de la bien nommée pointe des Grottes (au nord de l’anse de Morgat) et sous la pointe du Kador et son phare (au sud). Mais d’autres grottes et d’autres formations rocheuses nées du même phénomène d’érosion (en particulier les arches naturelles) existent de part et d’autres du Cap de la Chèvre. On peut visiter les grottes en kayak, en paddle ou en bateau. Autrefois les pêcheurs organisaient des excursions pour les touristes, y gagnant un revenu complémentaire. Aujourd’hui ce sont les Vedettes Sirènes qui organisent des visites commentées des grottes ainsi que d’autres sorties en mer depuis le port de Morgat.
À voir également à Morgat la pointe du Kador (également appelée pointe de Morgat) qui ferme l’anse de Morgat au sud. Une arche naturelle reliait autrefois la falaise aux îlots au bout de la pointe (on la voit sur de vieilles photos et cartes postales), mais elle s’est effondrée en 1983. Les falaises sont couvertes par des pins maritimes qui donnent une ambiance méditerranéenne au site. Au milieu des bois, la maison-phare de Morgat balise l’entrée du port. On peut aussi y voir les restes d’une ancienne batterie militaire, le fort de Kador, bâtie en 1861. Un circuit de randonnée parcourt le bois jusqu’à l’île Vierge (voir plus loin) et permet de découvrir un calvaire et des alignements mégalithiques baptisés Maison du Curé (Ty ar C’huré).
Le Cap de la Chèvre
La large péninsule au sud du bourg de Crozon, couverte par les landes et parsemée de quelques hameaux, offre des paysages parmi les plus spectaculaires et les plus sauvages de Bretagne. Au bout de la péninsule le Cap de la Chèvre est une des pointes mythiques de Bretagne. Elle sépare la façade ouest de la péninsule, ses plages et ses landes exposée aux vents, et la façade est, ses pinèdes accrochées aux falaises abruptes. La quasi-totalité de la côte est propriété du Conservatoire du Littoral et les sites sont donc aménagés pour les protéger des conséquences néfastes de l’afflux de touristes. Le GR34 qui fait le tour de la péninsule est évidemment le meilleur moyen de découvrir ses paysages à couper le souffle. Attention, randonnée difficile du fait de sa longueur (plus de 20 kilomètres de sentiers côtiers), des conditions climatiques (vent), de la nature du sol (beaucoup de roche) et du dénivelé important (ça monte et ça descend en permanence !). Mais on peut aussi parcourir le GR34 par portions pour découvrir les plus beaux sites de la péninsule. Partons à la découverte de la péninsule d’ouest en est, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre …
- Notre découverte commence par l’anse de Dinan, entre les pointes de Portzen et de Dinan. Au fond de l’anse trois vastes plages se succèdent : la plage de Kerloc’h (facilement accessible car la D8 entre Crozon et Camaret-sur-Mer la longe), la plage de Kersiguénou et la plage de Goulien. Sable fin, étendues immenses à marée basse et cadre splendide (avec tout au loin les Tas de Pois de la pointe de Pen-Hir). Les plages sont fréquentées par les baigneurs quand la mer est calme et par les surfeurs quand la mer est agitée.
- Après avoir longé les plages on arrive sur la magnifique pointe de Dinan. C’est ici que commence officieusement la péninsule du Cap de la Chèvre. Pas l’endroit le plus connu de la presqu’île de Crozon, et pourtant quel spectacle ! À titre personnel, c’est mon site préféré sur la presqu’île de Crozon ! Des falaises déchiquetées, des petites criques abritant des sables de galet et un panorama à couper le souffle sur l’anse de Dinan et la pointe de Pen-Hir et ses tas de pois. À découvrir en particulier au coucher du soleil ! Une des extrémités de la pointe ressemble à un château en ruines et est surnommée le château de Dinan. Elle est accessible par une arche rocheuse, telle un pont-levis permettant d’accéder à la forteresse ! L’arche est assez étroite, donc ne prenez pas de risque en cas de vents forts !
- En poursuivant vers le Cap de la Chèvre, on découvre deux autres plages magnifiques au sud de la pointe de Lostmarc’h : la plage de Lostmarc’h et la plage de la Palue, séparées par la pointe de Kerdra. Magnifiques plages de sable fin, prolongées par de vastes zones dunaires. Exposées plein ouest, elles sont régulièrement prises d’assaut par les rouleaux et sont donc très appréciées par les surfeurs. Mais baignade strictement interdite pour les autres car les plages sont parcourues par des baïnes et donc très dangereuses. Sur la pointe de Lostmarc’h on peut voir les vestiges d’un alignement de menhirs dont il ne persiste qu’un seul de belle taille.
- En approchant du Cap de la Chèvre en passant par la pointe du Kerroux, les vastes plages de sable fin laissent la place aux petites criques et aux plages de galets encadrée par les falaises. Si vous voulez accéder aux plages, il vous faudra désormais faire travailler vos mollets ! Mais n’hésitez pas par exemple à descendre dans la crique de Feunteunigou, l’effort en vaut la peine.
- Nous voilà arrivé à la pointe de la péninsule, au Cap de la Chèvre ! Les falaises tombent directement dans la mer, à tel point qu’il est difficile de voir leurs pieds sans prendre de risque ! Mais ici c’est surtout le panorama qui mérite le détour : il s’étend du Cap Sizun (pointe du Van, pointe du Raz, baie de Douarnenez), à la pointe de Pen-Hir, et encore plus loin la pointe Saint-Mathieu et même les îles du Ponant, Sein, Ouessant et Molène ! Le sémaphore installé ici permet de surveiller l’entrée de la baie de Douarnenez, abri idéal pour les gros navires quand le temps tourne à la tempête.
- Sur la route du cap, le village de Rostudel est classé pour ses maisons de grès. C’était autrefois un village de pêcheurs – paysans. Aujourd’hui beaucoup des maisons sont louées l’été aux touristes.
- Quand on bascule sur la façade est de la péninsule, plus abritée des ventes, les paysages changent : la bruyère laisse la place aux ajoncs et aux pinèdes accrochées aux falaises qui tombent à pic dans la mer. Quelques rares plages de galet mais d’accès très difficile. Randonnée très agréable car on est à l’abri du vent. Mais le dénivelé incessant fait travailler les mollets !
- Nous terminons notre tour de la péninsule du Cap de la Chèvre par un site magnifique, un des plus beaux de Bretagne : la pointe de Saint-Hernot, aussi appelée île Vierge. Au pied d’un promontoire accessible par un passage rocheux étroit, une magnifique petite plage de galets accessible par un sentier très escarpé, dominé par des falaises abruptes sur lesquelles s’accrochent des pins. Suite à des risques d’éboulement, l’accès à la plag est désormais interdit. Ambiance méditerranéenne et couleurs magnifiques quand le soleil est de la partie. Pour découvrir ce site extraordinaire, je vous recommande de vous garer dans le hameau de Saint-Hernot, la pointe est accessible en une vingtaine de minutes de marche. Dans le hameau de Saint-Hernot, vous pourrez visiter la Maison des Minéraux, espace muséographique dédié à la géologie de la presqu’île de Crozon et de la Bretagne.
À voir également à Crozon
- Dans le bourg, l’église Saint-Pierre de Crozon a été reconstruite au début du 20ème siècle. Elle abrite un véritable trésor : le Retable des Dix Mille Martyrs. Ce tableau en bois polychrome du 17ème siècle représente le martyre par crucifixion de soldats chrétiens sur le mont Ararat en Arménie en 120 après Jésus-Christ. L’ensemble, composé de 12 panneaux, est inscrit sur la liste des monuments historiques depuis 1906.
- Au sud du hameau de Tal Ar Groas (passage obligé pour arriver à Crozon), l’estuaire de l’Aber de Crozon, un petit fleuve côtier, est en partie fermé par un banc de sable, la plage de l’Aber. Cette belle plage sauvage de sable fin est très appréciée l’été par les baigneurs, et toute l’année pour le surf ou le kitesurf. L’autre rive de la rivière se prolonge par un îlot accessible à marée basse sur lequel trônent les ruines du Fort de l’Aber, un corps de garde édifié en 1846. Au fond de l’aber on peut également voir un ancien four à chaux construit en 1839. L’ensemble de la zone est propriété du Conservatoire du Littoral.
- La plus grande partie du littoral de Crozon donne sur la façade sud de la presqu’île de Crozon, mais une portion du littoral donne vers le nord, sur la rade de Brest. C’est ici, entre la base aéronautique navale de Lanvéoc et la base de l’Île Longue (qui abrite les sous-marins nucléaires de la Marine), que se trouve Le Fret, petit port traditionnel qui a conservé beaucoup de charme avec ses maisons de pierre donnant sur le front de mer. Ancien port sardinier, de dragage d’huîtres puis de pêche à la coquille Saint-Jacques dans la rade, le port est désormais tourné vers la plaisance mais surtout le transport de passagers. Des navettes permettent en effet de rejoindre Brest de l’autre côté de la rade. Une bonne solution pour les touristes qui veulent passer une journée sur Brest sans faire le long détour par la N165. Les liaisons sont assurées par la compagnie Le Brestoâ. À l’approche du port, une digue, « le sillon », sépare l’étang du Fret de la rade.
- À l’ouest de l’Île Longue (qui ne se visite pas évidemment !) le port de Rostellec est connu pour son cimetière marin dans lequel des bateaux de pêche en bois finissent leur vie. Mais le cimetière est aujourd’hui menacé par l’Administration pour des questions de sécurité.
Superbe terre celte; aucune région n’est plus belle que la Bretagne