L’Île aux Moines, la perle du Golfe du Morbihan

Au large de Port Blanc (port de la commune de Baden) l’Île aux Moines, formant une croix de 7 kilomètres sur 3,5, est la plus grande île du Golfe du Morbihan. Elle est ainsi nommée car le roi de Bretagne Erispoë en fit don au 9ème siècle aux moines de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, fondée par son père Nominoë. La taille réduite de l’île incite à la parcourir à vélo ou à pied. On a alors tout le temps de s’imprégner du charme incroyable de ce petit morceau de terre, avec ses ruelles et chemins fleuris, ses belles maisons, ses criques, ses plages, ses bois, ses hameaux, etc… L’île est souvent considérée comme la plus belle du golfe, ce qui lui vaut le surnom de « Perle du Golfe du Morbihan ».

Une île de marins

Cela peut paraître étonnant quand on vit entouré d’eau, mais beaucoup d’îles bretonnes avaient une économie essentiellement tournée vers l’agriculture. Mais ce n’est pas le cas de l’île aux Moines qui est depuis longtemps tournée vers la mer. Vers la pêche locale bien sûr, comme en témoignent les maisons de pêcheurs basses traditionnelles du Morbihan. Mais, comme sa voisine de l’île d’Arz, l’île aux Moines a surtout une longue tradition de marins. Nombre d’Îlois (comme on appelle les habitants de l’île aux Moines) ont navigué sur toutes les mers du monde. Et parmi eux beaucoup de capitaines dans la marine de commerce qui ont laissé en héritage ces belles maisons de capitaines qui font le charme de l’île, avec leurs jardins abritant des plantes venues des quatre coins de la planète.

L’île aux Moines à vélo ou à pieds

La taille réduite de l’île aux Moines et l’absence quasi-totale de véhicules motorisés font de l’île un endroit idéal pour pratiquer le vélo en famille. On peut embarquer son vélo sur le bateau depuis Port Blanc ou, plus simplement, en louer un sur le port ou sur la route menant au bourg (les familles avec de jeunes enfants pourront également louer des carrioles). En dehors de quelques côtes (surtout vers la pointe du Trec’h et entre Lério et le bourg), pas de difficulté particulière. Quatre itinéraires sont balisés par des flèches au sol (jaune, rouge, bleu et vert). Le plus long va jusqu’à Penhap à la pointe sud de l’île en 3 heures aller-retour (en mode vitesse familiale bien sûr !). Libre à vous ensuite de déposer vos vélos quelques instants pour vous allonger sur une plage et piquer une tête dans l’eau, pique-niquer dans les bois ou découvrir une portion du sentier côtier.

Il faudra s’armer d’un peu plus de courage pour parcourir l’île à pied ! Le sentier côtier qui fait le tour de l’île fait pas moins de 17 kilomètres, soit 5 à 6 heures de marche. Mais c’est sans aucun doute le meilleur moyen de découvrir l’île, ses panoramas magnifiques sur les nombreux îlots du golfe, ses criques cachées, ses sous-bois, etc… D’autant plus qu’une grande partie du sentier côtier n’est pas accessible en vélo. Le sentier côtier démarre au bout du quai à droite en descendant du bateau au port du Lério. Pas de balisage, seuls des panneaux indiquent les changements de direction (pas toujours très visibles d’ailleurs !). Attention : un arrêté municipal interdit l’usage de bâtons de marche à pointe métallique car ils dégradent trop les sentiers.

À voir sur l’Île aux Moines

Pour découvrir l’île aux Moines, je vous invite à une promenade le long du sentier côtier qui fait le tour de l’île, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre depuis le port de Lério.

• On arrive sur l’île par l’anse du Lério et on débarque au port du Lério, le plus actif de l’île, ses restaurants et cafés sur le quai. Et l’office du tourisme, immanquable juste en face quand on quitte le débarcadère ! À gauche la route longe l’anse vers le bourg. Mais pour l’instant c’est vers la droite que je vous emmène !
• Au bout des quais du port de Lério, la pointe de Toulindac marque le départ du sentier qui fait le tour de l’île. Belle vue sur le chenal séparant l’île de Port Blanc. Un spot idéal pour admirer les parades de bateaux pendant la Semaine du Golfe ! Les pins qui couvrent la pointe lui donnent son autre nom : la pointe du Bois d’Amour.
• Une fois passé la pointe, on arrive sur la Grande Plage, la plus fréquentée de l’île, dominée par de belles villas et agrémentée de cabines de bain. La plage abrite également un club de voile.

• Le sentier devient ensuite plus sauvage et plus accidenté. Un vrai plaisir de traverser les bois, longer les falaises au pied desquelles se cachent de petites criques, tout en jouissant en permanence d’un beau panorama sur la multitude d’îles du golfe. C’est sur cette portion de sentier qu’on découvre la superbe plage du Goret, la plus belle de l’île (avis personnel bien sûr !). Une jolie crique de sable blanc encadrée par des falaises dominées par de beaux pins, idéales pour pique-niquer à l’ombre, et fermée par des digues et une jetée de pierre.
• Plus loin, quittons quelques instants le sentier côtier pour découvrir le dolmen d’Er-Boglieux (aussi appelé dolmen de Penhap). Ce dolmen à couloir datant de 4 000 av. J-C et est classé monument historique depuis 1979. L’île compte environ une dizaine de ces monuments mégalithiques (cromlechs, menhirs, dolmens, …) et celui-ci est le mieux conservé.

• Avant d’arriver à la pointe de de Nioul à l’extrême sud de l’île, le sentier bascule sur la façade est de l’île (la pointe de l’île semble interdite au public). Les falaises laissent la place à une côte plus basse et à de vastes étendues découvertes à marée basse. Belles étendues de sable blanc de part et d’autres de la pointe de Brannec et encore une fois un beau panorama sur les îles du golfe.
• En remontant la côte est de l’île, on arrive dans l’anse de Penhap qui abrite le chantier du Guip. Depuis le milieu des années 70, ce chantier s’est spécialisé dans la restauration et la construction de bateaux en bois. Ces chantiers également basés à Brest et Lorient ont en particulier restauré des bateaux qui font partie du patrimoine maritime : Pen Duick (voilier mythique d’Éric Tabarly), le Biche, l’Étoile et la Belle Poule, Notre-Dame de Remungol, etc… Plus d’informations : www.chantierduguip.com.
• De la pointe du Spernéguy à la pointe de Kastell er Guévr, l’anse du Vran est largement découverte à marée basse. La zone compte des zones marécageuses, des prairies et de vastes concessions ostréicoles. Le sentier quitte ensuite la côte pour rejoindre le village de Kerbilio.
• Petit détour vers la pointe est de l’île, la pointe de Brouel, qui fait face à l’île d’Arz et dévoile un panorama superbe sur les îles du Golfe. Il y a 6 000 ans les deux îles étaient d’ailleurs reliées par un isthme qui a aujourd’hui disparu et auquel est rattaché une légende. Les parents d’un jeune homme de l’île d’Arz tombé amoureux d’une fille de l’île aux Moines le firent enfermer chez les moines, ce qui n’empêcha pas la jeune fille de lui rendre visite tous les jours. Désespérés ils firent appel à la colère divine : une vague submergea l’isthme alors que la jeune fille le traversait, noyant la belle et séparant définitivement l’île d’Arz et l’île aux Moines !
• Retour vers le bourg en longeant l’anse du Guéric. Au fond de l’anse s’étend un parc autour du château du Guéric, un manoir construit au 18ème siècle. A l’entrée du domaine, la chapelle Sainte-Anne (17ème siècle) appartient au château.

• Le bourg de l’Île aux Moines s’étale sur les hauteurs de l’île. C’est ici que se trouvent les commerces de l’île : supérettes, cafés, restaurants, boulangeries, etc… Ses ruelles étroites et pentues, fleuries, dominées par des petites maisons de pêcheurs ou d’élégantes maisons de capitaine lui donnent beaucoup de charme. Petite curiosité : l’église du village, l’église Saint-Michel, est légèrement excentrée par rapport au centre du bourg. Construite en 1826 à l’emplacement d’une ancienne église du 12ème siècle, elle abrite quelques ex-voto comme on en voit beaucoup dans les édifices religieux en bord de mer. L’esplanade de l’église domine le golfe et offre un beau panorama.
• Dernière étape : la pointe du Trec’h, à l’extrémité nord de l’île. Elle est accessible par la route mais je vous recommande plutôt le sentier côtier qui longe des exploitations ostréicoles (dont certaines proposent des dégustations). Sur la pointe une jetée et un beau panorama sur le golfe.
• En regagnant le bourg par la route (attention ça grimpe !), on passe devant la chapelle Notre-Dame d’Espérance (19ème siècle) qui compte quelques ex-voto. De retour au bourg, il ne vous reste plus que quelques minutes de marche pour descendre vers le port de Lério et retrouver l’embarcadère vers Port Blanc !

Comment rejoindre l’île aux Moines

Les liaisons vers l’Île aux Moines sont assurées toute l’année par la compagnie Izenah Croisières au départ de Port Blanc sur la commune de Baden à une vingtaine de minutes de route d’Auray et Vannes. Les billets s’achètent au guichet ou sur le bateau en basse saison. Attention : pas de réservation possible et cartes bancaires non acceptées (mais il y a un distributeur sur place). Compter 5 euros pour l’aller-retour (tarif avril 2017), tarifs réduits pour les enfants et les groupes. Ceux qui viennent en vélo, peuvent l’embarquer sur le bateau. La traversée dure seulement 5 minutes (juste le temps de voir la puissance des courants entre Baden et l’Île aux Moines !). La fréquence des rotations dépend de la saison : toutes les 30 minutes hors saison, mais les rotations sont bien plus fréquentes pendant la saison estivale. Un grand parking de 1 800 places vous permet de laisser votre véhicule pour la journée. Les camping-caristes trouveront une aire à l’entrée de Port Blanc d’où on peut rejoindre rapidement l’embarcadère. Pour ceux qui arrivent en train, une ligne de bus permet de rejoindre Port Blanc depuis la gare de Vannes. Pendant la saison estivale, d’autres compagnies permettent de rejoindre l’île aux Moines depuis Vannes, Arradon, Locmariaquer ou Arzon (Port Navalo et Kerners).

L’Île aux Moines en photos