Groix, “l’île aux Grenats”
Située à un peu plus de 5 kilomètres du continent, au large de Lorient, l’île de Groix (Groe en breton) s’étend sur 8 kilomètres de long et 3 de large. Ils sont un peu plus de 2 200 Groisillons à habiter l’île à l’année, un chiffre en légère augmentation ces dernières années, un fait rare dans les îles ! Mais pendant la période estivale l’île fait plus que tripler sa population. On vient y apprécier son microclimat, ses paysages et l’atmosphère si particulière propre aux îles. Les paysages de l’île de Groix sont contrastés, entre une partie ouest, la Piwisy, peu urbanisée, marquée par de hautes falaises (en particulier à la pointe de Pen-Men) et des vallons encaissés, et une partie est, la Primiture, ses falaises basses, ses plages et ses petits villages. La “capitale” de l’île, Port-Tudy, port d’arrivée des bateaux venus du continent, se trouve sur la côte nord de l’île face au continent. L’île est propice aux randonnées et on peut en faire le tour par le sentier côtier de 27 kilomètres de long. Mais le vélo est également un bon moyen pour découvrir l’île. Une île qu’on peut découvrir sur une journée, un week-end ou même une semaine pour celles et ceux qui veulent encore plus s’imprégner de l’atmosphère des lieux.
Groix, une réserve naturelle géologique
L’île de Groix est surnommée “île aux Grenats” en référence aux sables rouges qu’on peut voir en particulier sur la bien nommée Plage des Sables Rouges dans l’est de l’île. Ces grenats ne sont qu’un des exemples des nombreux minéraux qu’on peut voir sur l’île de Groix. On en dénombre plus de 60, des schistes bleus, des schistes verts, des micaschistes, dont certains très rares sont uniques en France. Cette richesse exceptionnelle a motivé la création en 1982 de la Réserve Naturelle Géologique François Le Bail, gérée par Bretagne Vivante. La réserve s’étend sur deux secteurs : Beg Melen et la pointe de Pen Men dans l’ouest de l’île, ainsi qu’une portion de côte de Locqueltas à la pointe des Chats dans le sud de l’île. La maison de la réserve à Port Tudy propose des sorties natures pendant les vacances scolaires, pour découvrir les minéraux mais aussi la faune et la flore qu’abrite cette réserve. La théorie la plus admise sur la formation géologique de Groix est celle de la remontée d’un bouchon de croûte océanique lors d’un phénomène de subduction / obduction (enfoncement d’une plaque tectonique sous une autre plaque) entre deux plaques primitives terrestres, la Laurentia et le Gondwana, il y a 370 millions d’années.
Groix et la pêche au thon
L’histoire des îles est souvent liée à la pêche et l’île de Groix n’y échappe pas ! Comme beaucoup d’autres régions littorales de Bretagne sud, l’essor de la pêche à Groix est d’abord lié à la pêche à la sardine suite à l’invention des conserves de sardine à l’huile au début du 19ème siècle. Mais face à l’incertitude de cette pêche saisonnière, Groix va rapidement se tourner vers la pêche au thon Germon (thon blanc) dans le Golfe de Gascogne. De 1870 à 1940, Groix sera le premier port de pêche au thon blanc en France. D’abord à bord de chaloupes surnommées les grésillons, puis de dundees à partir de la fin du 19ème siècle. Après 15 à 20 jours en mer, les thoniers groisillons débarquaient leur pêche dans les ports de la côte Atlantique. À la fin du 19ème siècle l’île compte 300 dundees qui prennent à eux seuls 80% des thons pêchés le long du littoral atlantique ! Mais l’apparition des chalutiers congélateurs marque le déclin de la pêche à Groix après la Seconde Guerre Mondiale. La pêche à la voile telle que pratiquée à Groix n’est plus compétitive : l’activité se déplace vers le continent et les conserveries présentes sur l’île ferment. Il ne reste aujourd’hui plus qu’un seul de ces thoniers, le Biche. L’autre indice rappelant cette longue épopée de la pêche au thon est le thon installé comme girouette sur le clocher de l’église de Port Tudy depuis 1952 !
Port Tudy
Port d’arrivée des navettes venant du continent et en particulier du ferry de Lorient, Port Tudy est la principale agglomération de l’île et accueille la majorité des commerces (épiceries, boulangeries, boucheries-charcuteries, poissonneries, …), des bars, des restaurants et pas mal d’hébergements. Son port, gardé par deux feux rouge et vert et enceint par des jetées, accueille de nombreux plaisanciers pendant la saison estivale. Sur les quais colorés, quelques bars et restaurants, des loueurs de vélos et l’écomusée de Groix qui permet de découvrir l’histoire et les traditions de l’île. Le port est relié au centre bourg, situé en hauteur, par la rue du Général de Gaulle. C’est au pied de cette rue que se trouve Ti Beudeff, un bar connu dans le monde entier et qui est devenu une véritable institution de l’île ! Au sommet de la rue, l’église Saint-Tudy a une girouette en forme de thon, clin d’oeil à la pêche qui a fait la renommée de l’île.
À l’est de Port Tudy, le sentier côtier permet de rejoindre la célèbre plage des Grands Sables (voir ci-dessous) en passant par la jolie petite plage de Poskedoul et Port Melite où se trouve la base nautique de Groix. On peut y prendre des cours de voile et de planche à voile, louer des dériveurs, des catamarans, des kayaks de mer ou encore des paddles. La baignade sur cette plage est surveillée l’été.
À l’ouest, juste derrière le port, la jolie plage de la Côte d’Héno est accessible par un escalier. Le sentier côtier passe ensuite au pied de la batterie du Gripp, ouvrage de défense construit en 1744 pour protéger Port Tudy et la rade de Lorient des pillages des anglais. Un peu plus loin on découvre le mignon Port Lay qui fut le premier port construit sur l’île. Ce petit port très actif lors de l’épopée de la pêche au thon abrita la première conserverie de sardines et de thon de Groix (1863) et la première école de pêche en France, ouverte en 1895, fermée en 1960. Port Lay abrite aujourd’hui le club de plongée Subagrec qui propose des formations et des baptêmes de plongée. Le port accueille également chaque année le Festival International du Film Insulaire. En poursuivant vers la pointe de Pen Men, on passe par Port Melin, son barrage et sa retenue qui alimente l’île en eau potable. Le barrage a été construit en 1965 par des portugais fuyant le régime de Salazar, certains s’étant installés depuis sur l’île. Dans les landes dominant la retenue, une statue rend hommage à Jean-Pierre Calloch (1888-1917), grand poète groisillon de langue bretonne, surnommé le “barde de Groix”, mort sur le front pendant la Première Guerre Mondiale.
Locmaria, la pointe des Chats et la plage des Grands Sables
Situé au fond d’une anse sur la côte sud de l’île de Groix, le joli village de Locmaria était le plus peuplé de l’île jusque vers 1880. C’est un port de mouillage équipé d’une jetée pour débarquer les passagers. Sur le front de mer une jolie plage de sable blanc bien exposée, idéale pour une baignade (plage surveillée l’été) ou une séance de bronzette ! Au coeur du village la chapelle Notre-Dame de Plasmanec (1734) est au centre d’un pardon qui se déroule chaque été le 14 août. Près de la jetée on peut voir les vestiges d’une tombe viking découverte en 1906. Quelques éléments de cette sépulture sont visibles à l’écomusée de Groix.
Au nord-est du village, on rejoint rapidement la plage la plus célèbre de Groix : la magnifique plage des Grands Sables, une langue de sable fin et blanc, entourée d’eaux turquoises. La caractéristique marquante de cette plage est qu’elle est convexe, c’est-à-dire qu’elle forme une langue qui s’avance dans la mer. Contrairement à une croyance locale, ce n’est pas l’unique plage de ce type en Europe, mais avec ses 800 mètres de longueur c’est la plus grande ! Son autre caractéristique est que depuis les années 80, sous l’effet des courants et des tempêtes, elle se déplace vers le nord-ouest de plusieurs mètres par an, à tel point qu’on estime qu’un jour elle pourrait ensabler Port Tudy ! Pour l’anecdote, le VVF (village vacances) construit face à la plage dans les années 70 en est aujourd’hui éloignée de plusieurs centaines de mètres ! La baignade sur la plage est surveillée l’été. Au sud la plage est dominée par la pointe de la Croix, son feu, et son fort de Surville édifié en 1744 pour protéger l’île des pillages anglais.
Au sud des Grands Sables se trouve une autre plage emblématique de Groix : la plage des Sables Rouges. Comme son nom l’indique, cette plage est teintée de rouge, couleur d’un minéral, le grenat, qui constitue en partie les falaises qui dominent la plage. Pendant les coups de vent de l’hiver, les vagues effritent les falaises et dispersent ces poussières de grenat sur la plage. Ce grenat, symbole de la grande richesse géologique de l’île, a donné son surnom à Groix.
Encore plus au sud, à la pointe sud-est de l’île, la pointe des Chats s’étire sur un kilomètre. Elle est au coeur de la réserve géologique François Le Bail. Les hauts fonds au large de cette pointe représentent un danger pour la navigation. Plusieurs naufrages ont amené à la construction sur la pointe du phare des Chats, inauguré en 1898, électrifié en 1948, automatisé en 1985. Cette maison-phare surmontée d’une tour carrée rouge est devenue une des images emblématiques de l’île e Groix. Le sentier côtier, très agréable, ramène vers le village de Locmaria.
La côte à l’ouest de Locmaria ne manque pas non plus d’intérêt. Sa côte déchiquetée, alternant falaises et petites criques, ravira les amoureux de paysages sauvages jusqu’à la pointe de Pen Men. Un des sites les plus connus est le Trou de l’Enfer, une faille semblant être taillée à la hache dans la falaise. Cette faille abrite une grotte dans laquelle, selon une légende locale, vivait un monstre marin à tête d’homme. Capable d’imiter les voix des capitaines de bateaux, il donnait aux équipages, pendant l’hiver, des contre-ordres amenant aux naufrages des navires ! Avant, au printemps, de rentrer dormir dans sa grotte jusqu’au retour des tempêtes en automne …
La pointe et le phare de Pen Men
Si la partie est de l’île de Groix présente un visage plutôt doux, avec ses plages et ses hameaux, la partie ouest est plus austère et sauvage, offrant un paysage de landes, de prairies et de falaises rocheuses qui s’étendent jusqu’à la pointe de Pen Men, à l’extrémité ouest de l’île. La pointe est dominée par le phare de Pen Men, mis en service en 1839. Haut de près de 28 mètres, culminant à une altitude de 64 mètres, c’est le phare le plus puissant du Morbihan avec une portée de 54 kilomètres. La nuit, on ne peut pas manquer ses rayons cadencés depuis la côte du côté de Ploemeur ou Guidel ! C’est une tour carrée, blanche à la base, noire à son sommet, surmontant un bâtiment qui abrite deux chambres et une salle des machines, l’ensemble étant classé monument historique depuis 2015. Le petit bâtiment entre le phare et la mer est une sirène de brume construite en 1927. On peut visiter le phare de Pen Men grâce à Bretagne Vivante, les 113 marches menant à un panorama incomparable sur l’île de Groix.
Le sentier côtier au nord de la pointe vers Port Tudy mène d’abord au sémaphore de Beg Melen, sémaphore de première catégorie, en service 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qui permet à la Marine Nationale de surveiller la navigation au large de la Bretagne. Puis on rejoint le hameau de Quelhuit dans lequel se dresse la chapelle Saint-Léonard (1840) qui accueille un pardon chaque premier dimanche de septembre. Juste à côté de Quelhuit, la petite plage de Poulziorec séduit par ses eaux translucides, ses teintes émeraudes et turquoises, qui lui ont valu l’alléchant surnom de Tahiti Beach !
Au sud, le sentier vers Locmaria permet de découvrir le Trou du Tonnerre (Toull Guron en breton), une crevasse dans la falaise dans laquelle l’eau s’engouffre en produisant un bruit proche du tonnerre ! Un peu plus loin, sur la pointe de Kervedan, les talus qui n’attirent pas spécialement l’attention sont en fait un camp gaulois daté de l’Âge de Fer, site archéologique classé monument historique depuis 1951. En poursuivant sur le sentier côtier, à l’approche du hameau de Quéhello, le Port Saint-Nicolas est une crique profonde qui sert de mouillage pour quelques bateaux pendant la saison estivale. Au font de la crique se cache la petite plage de Kerloret.
Groix en pratique
Groix étant une île on y arrive … en bateau ! La principale ligne est celle qui relie Port Tudy à Lorient. Elle est opérée par la Compagnie Océane, au départ de la gare maritime de Lorient. La traversée dure 45 minutes et permet au passage de découvrir la rade de Lorient ou la citadelle de Port-Louis. Cinq rotations sont assurées chaque jour toute l’année. Tarif adulte passager à partir de 17 euros (tarif été 2022) pour un aller-simple, majoré aux heures de haute fréquentation. On peut aussi embarquer son véhicule. Réservation recommandée sur le site internet de la Compagnie Océane, en particulier en haute saison et / ou si vous voulez embarquer votre véhicule. Attention, parkings payants autour de la gare maritime, non réservables en ligne.
D’autres compagnies proposent des liaisons vers Groix en période estivale :
- Escal’Ouest propose une liaison depuis l’ancienne base de sous-marins de Lorient, d’avril à septembre.
- Laïta Coisières assure une liaison depuis le port de Lomener à Ploemeur, seulement 20 minutes de traversée, de mai à septembre.
- D’avril à septembre la compagnie Traversée Cadou propose une liaison entre le port de Doëlan côté Finistère et Port Tudy pour une durée de 60 minutes.
Pour se déplacer sur Groix si vous arrivez en tant que simple passager :
- On trouve plusieurs loueurs de vélo à l’arrivée à Port Tudy. Malgré quelques côtes (en particulier pour sortir du port), l’île est bien adaptée au vélo. Certains loueurs proposent un service de port de bagages jusqu’à votre hébergement.
- Groix Taxi propose un service de taxis dans un minibus.
- La CTRL (Compagnie de Transports de la Région Lorientaise) propose des lignes sur l’île, à l’arrivée des bateaux, et sur réservation pour le retour vers Port Tudy.
Mais Groix se découvre très bien à pieds ! L’office de tourisme de Lorient Bretagne Sud propose d’ailleurs plusieurs randonnées pédestres sur l’île de Groix.