Port-Louis, siège de la Compagnie des Indes
Cité d’art en Bretagne et ville historique du Pays de Lorient, Port-Louis se situe sur la rive gauche du Blavet, face à Lorient, sur une presqu’île coincée entre la rade de Lorient et la petite mer de Gâvres. Une petite cité qui, comme beaucoup de villes de la région lorientaise, a subi de lourds dégâts pendant la Seconde Guerre Mondiale. Mais une cité qui n’en a pas moins conservé le charme d’une ville alliant à la fois un cadre naturel superbe, une architecture intéressante, une Histoire riche tout en restant une ville bien vivante. La principale attraction de la ville est sa citadelle qui surveille l’entrée de la rade de Lorient, mais Port-Louis compte bien d’autres richesses que je vous invite à découvrir …
Port-Louis dans l’Histoire
Les premières traces d’existence d’une bourgade à Port-Louis remontent à l’époque des celtes. La rade du Blavet faisait alors partie de la province des Vénètes. Certains situent même sous Port-Louis la fameuse bataille de Jules César contre les Vénètes en 56 avant JC. La situation géographique de Port-Louis en fait alors un port actif, dont le nom Blabia aurait donné le nom Blavet, premier nom sous lequel Port-Louis est connu dans les textes. Au Moyen-Age, Blavet est le port des deux principales cités fluviales de la région : Pont-Scorff, sur le Scorff, et Hennebont, sur le Blavet. C’est un port de pêche modeste, un port de commerce (dans lequel s’arrêtent des navires hollandais, espagnols ou anglais) et un port ducal (le duc de Bretagne Jean II y entretenait une flotte).
Après l’annexion de la Bretagne par la France en 1499, l’Histoire de Blavet va s’accélérer pendant les guerres de religion (entre 1562 et 1598). Dans une Bretagne plutôt hermétique aux thèses protestantes, Blavet refuse pourtant de rejoindre le camp catholique après l’assassinat de Henri III en 1589 et l’accession au trône de son héritier le protestant Henri IV : le Duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne, ruine la ville, massacre ses habitants et offre le site à ses alliés espagnols qui lorgnent depuis longtemps sur le Royaume de France et le Duché de Bretagne. Les espagnols comprennent vite l’intérêt stratégique du site, y mènent une armée de 6 000 hommes commandée par Don Juan del Aguila et édifient des fortifications. En 1598, le traité de Vervins met fin à la guerre entre espagnols et français et libère Blavet de neuf années d’occupation espagnole (de 1590 à 1598). Henri IV fait détruire le fort construit par les espagnols.
Le XVIIème siècle va être celui de tous les changement pour Blavet. En 1618, le nouveau roi Louis XIII fait reconstruire la citadelle, fortifie la ville et la rebaptise Port-Louis. La ville est désormais intégrée dans le dispositif défensif du Royaume de France. Port-Louis devient aussi à partir de 1664 le siège de la Compagnie des Indes Orientales, dont les chantiers s’installent en 1666 de l’autre côté de la rade, donnant naissance à la ville de Lorient. Parallèlement, Port-Louis accueille la Marine Royale, un hôpital militaire. Les guerres menées par Louis XIV contre la Hollande, l’Angleterre et l’Espagne pénalisent les activités de la Compagnie des Indes mais développent les activités des corsaires. Port-Louis accueille favorablement la Révolution Française et se rebaptise Port-Liberté. Entouré de fiefs chouans, la ville est isolée et souffre de disette pendant plusieurs années. La fin du XVIIIème siècle marque la fin d’une époque pour Port-Louis : la Compagnie des Indes est supprimée en 1797 et la Marine Nationale délaisse Port-Liberté pour l’arsenal bien aménagé de Lorient.
Une nouvelle ère s’ouvre pour Port-Liberté, qui retrouve son nom de Port-Louis en 1814. Port-Louis devient une station balnéaire et étend ses activités de pêche et de conserverie (comme beaucoup de ports bretons à l’époque). Des travaux d’urbanisme, en particulier de nouveaux aménagements portuaires, transforment le visage de la ville. Le XXème siècle marque le déclin de Port-Louis. Les marins de Port-Louis paient un lourd tribut à la Guerre de 14-18, le port de pêche subit la concurrence du port voisin de Lorient en plein essor, l’hôpital maritime est transféré à Lorient en 1936, la ville est bombardée pendant la Guerre 39-45, puis les conserveries ferment les unes après les autres, entraînant la réduction de la flotte de pêche. La ville essaie aujourd’hui de vivre de la plaisance et du tourisme.
Visiter Port-Louis
La ville n’est pas très étendue et se visite facilement à pieds. Le circuit que je vous propose commence au port de la pointe et l’embarcadère du Batobus qui traverse la rade jusqu’à Lorient ou Larmor-Plage (un moyen sympa et pas cher de découvrir la rade, consulter le site de la CTRL pour plus d’informations). En longeant les quais vers le sud, on rejoint rapidement la citadelle de Port-Louis, construite par les espagnols, et qui abrite deux musées : le Musée de la Compagnie des Indes et le Musée de la Marine. À l’intérieur des remparts un mémorial rend hommage à 69 résistants fusillés par les Nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le sud de la ville est protégée par des remparts percés pour donner accès à la Grande Plage, qui comme son nom l’indique est la plus grande plage de Port-Louis. On peut marcher le long des remparts, mais en faisant très attention, car il n’y a pas de rambardes, les remparts sont parfois très étroits et surtout assez hauts : à déconseiller donc à ceux qui ont le vertige ! En continuant à longer les remparts, on atteint l’entrée de la Petite Mer de Gâvres marquée par la cale du Lohic et, un peu plus loin, l’embarcadère pour Gâvres. La promenade se poursuit jusqu’à une butte dominant la Petite Mer de Gâvres, la cale de la Pradenne et le port de Locmalo. Sur l’adorable port de Locmalo, l’ancienne criée a été transformée en salle des fêtes. De Locmalo, retour vers le port de la Pointe via la Rue du Lavoir, la place Saint-Pierre, la Grande Rue et la Rue des Dames, à la découverte des maisons en pierre du centre-ville. Pour les amateurs de marche, de nombreuses randonnées autour de Port-Louis permettent de découvrir la Rade de Lorient et la Petite Mer de Gâvres (se renseigner à l’office du tourisme de Port-Louis).
Sources utilisées pour rédiger cet article :
- L’excellent site du Centre d’Animation Historique de Port-Louis : www.port-louis.org
- Le site officiel de la ville de Port-Louis : www.ville-portlouis.fr