Hennebont et l’estuaire du Blavet
Au fond de l’estuaire du Blavet, à quelques kilomètres de Lorient, Hennebont fut jadis une des principales places fortes du Duché de Bretagne. Il faut dire que la ville se situait à un emplacement alors stratégique pour surveiller la traversée du Blavet. Également ville portuaire, commerçante et administrative, la ville verra cependant son influence décliner au 17ème siècle au profit de Lorient qui naît et grandit sous l’impulsion de la Compagnie des Indes. Si la ville a beaucoup souffert (comme toute la région de Lorient) des bombardements alliés pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle conserve néanmoins quelques traces de ce passé historique.
Hennebont, place forte du duché de Bretagne
Emplacement autrefois stratégique permettant de contrôler la traversée étroite du Blavet, Hennebont a de mémoire d’homme toujours été une place forte. D’ailleurs un oppidum gaulois puis une motte féodale construite à l’emplacement actuel du quartier de Saint-Caradec ont d’abord occupé les lieux. Mais c’est au 13ème siècle que la ville d’Hennebont prend sa configuration actuelle. C’est en fait le duc de Bretagne Jean Le Roux qui entreprend la construction d’une ville close protégée par des remparts sur la rive gauche du Blavet. Hennebont sera dès lors une place forte importante du duché de Bretagne et subira d’ailleurs de nombreux sièges.
Mais l’un d’eux en particulier est resté dans l’histoire : le siège de 1342. La Guerre de Succession déchire alors la Bretagne entre les deux prétendants à la couronne ducale : Charles de Blois, soutenu par le Royaume de France, et Jean de Montfort, soutenu par le Royaume d’Angleterre. Jean de Montfort emprisonné en France, sa femme Jeanne de Flandre se réfugie à Hennebont et organise la résistance face à l’armée de Charles de Blois qui fait le siège de la ville. Alors qu’elle est sur le point de se rendre, la ville est délivrée par la flotte anglaise qui remonte le Blavet. Suite à cet épisode historique, Jeanne de Flandre gagnera le surnom de « Jeanne la Flamme ».
À voir dans le centre d’Hennebont
- La porte Broërec’h (aussi orthographié Bro-Erec’h) flanquée de ses deux tours massive est le principal vestige des fortifications construites par le duc Jean Le Roux à partir du 13ème siècle. Après avoir subi plusieurs sièges, elle perd son rôle de défense à partir de la fin du 16ème siècle et est utilisée comme prison autour de la Révolution. Restaurée, elle est classée aux monuments historiques depuis 1916. Les tours abritent le Musée d’Hennebont, consacré à l’histoire et aux traditions locales.
- L’église Notre-Dame du Paradis domine l’agréable place Maréchal Foch qui compte quelques vieilles maisons. Construite à partir de 1514 et classée monument historique en 1862, elle impressionne par sa superbe tour-clocher de style gothique flamboyant.
- Le Haras National d’Hennebont a ouvert en 1857 dans l’enclos de l’abbaye Notre-Dame-de-Joye. Initialement dédié à la sélection et à la reproduction de chevaux de race, il a évolué vers les activités de sports et loisirs équestres. Le site abrite aujourd’hui un espace dédié à la découverte du cheval. Des spectacles équestres sont également régulièrement organisés dans l’enceinte du haras. Plus d’informations : www.haras-hennebont.fr.
Les Forges d’Hennebont
Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, l’industrie de la conserve connaît une forte expansion en Bretagne. C’est dans ce contexte que naissent les « Forges d’Hennebont », fondées en 1860 par les frères Henri et Émile Trottier sur la commune d’Inzinzac-Lochrist quelques kilomètres au nord d’Hennebont. L’usine métallurgique produit en particulier du fer blanc pour répondre aux besoins des conserveries de la région. Les campagnes environnantes fournissent une main d’oeuvre abondante et la production augmente très rapidement. En 1936 ce sont 3 000 ouvriers qui travaillent dans les forges. Mais l’après-guerre marque le déclin des forges face à la concurrence des usines plus modernes du nord et de l’est de la France. Malgré un plan de modernisation entre 1950 et 1958, la société dépose le bilan en 1963 et, malgré l’aide de l’État pour poursuivre l’activité, ferme définitivement ses portes en 1966. Mais Hennebont et sa région ont conservé de cette épopée métallurgique une forte tradition ouvrière. Aujourd’hui l’ancien site des forges sur la rive nord du Blavet abrite l’écomusée industriel des Forges d’Hennebont, ouvert en 1978 par une association de bénévoles pour conserver la mémoire de ce site industriel majeur de Bretagne.
Le pont du Bonhomme
En aval d’Hennebont, le Blavet finit son parcours de 150 kilomètres pour se jeter dans l’Atlantique dans la rade de Lorient. Peu avant son embouchure le fleuve est enjambé par le Pont du Bonhomme qui relie Lanester sur la rive droite à Kervignac sur la rive gauche. Le pont moderne emprunté aujourd’hui par les véhicules a remplacé un ouvrage à haubans plus ancien dont il reste aujourd’hui les deux piles sur chaque rive. Cet ancien pont est connu pour ses statues en bois polychromes réalisées par le sculpteur Goanvic, installées au sommet des piles en 1905. Elles représentent une femme, côté Lanester, tendant une tabatière à un homme, installé côté Kervignac. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser ce ne sont pas ces statues qui ont donné son nom au pont, mais un rocher situé côté Kervignac et qui rappelle une forme humaine.
Le cimetière de Kerhervy
En amont du Pont du Bonhomme sur la rive droite (côté Lanester), le cimetière de bateaux de Kerhervy occupe le fond d’un méandre du Blavet. C’est pendant la guerre 39-45 que des pêcheurs de Groix, partis rejoindre la France Libre, ont caché ici leurs thoniers pour qu’ils ne tombent pas entre les mains des allemands. Mais nombre d’entre eux ne sont pas revenus et leurs bateaux sont restés finir leur vie dans la vase. C’est ensuite devenu une habitude de laisser pourrir les bateaux en fin de vie, chose qui est aujourd’hui heureusement interdite. Petit conseil si vous voulez admirer le cimetière et prendre quelques photos : équipez-vous de bottes pour pouvoir approcher des épaves … et ne venez pas à marée haute car les épaves seront recouvertes ! L’anse de Kerhervy abrite également une scène qui accueille chaque année fin juin un festival de théâtre.