Gilles Servat
« La voilà la Blanche Hermine – Vive la mouette et l’ajonc – La voilà la Blanche Hermine – Vive Fougères et Clisson » : le refrain de La Blanche Hermine, un des chants les plus connus de Bretagne. Cet hymne officieux de la Bretagne est l’oeuvre de Gilles Servat, auteur – compositeur – interprète mais aussi écrivain, qui chante la Bretagne depuis près de 50 ans. Avec Alan Stivell, Glenmor, Dan Ar Braz et les Tri Yann, il fait partie des monstres sacrés de la musique bretonne, ceux qui ont porté le « celtic revival » dans les années 60 et 70 et redonné sa fierté à la Bretagne.
Si ses origines familiales le ramènent à la région nantaise et guérandaise, Gilles Servat n’a pourtant pas vécu son enfance en terre bretonne. Il naît en février 1945 à Tarbes dans les Hautes-Pyrénées, non loin de la région d’origine de son arrière-grand-père qui était montreur d’ours en Ariège. Mais il revient à Nantes dès juillet 1945 et déménage rapidement avec sa famille à Cholet où son père a trouvé du travail. Il y passera toute son enfance et son adolescence, passant ses vacances au Croisic où il a des attaches familiales. Après avoir obtenu son bac de philosophie, il rentre aux Beaux-Arts à Angers. Inspiré par Georges Brassens, Léo Ferré, Jacques Brel ou Bob Dylan, il découvre qu’il exprime mieux ses idées par le chant et commence à composer ses premières chansons. Sa véritable rencontre avec la Bretagne n’intervient qu’à partir de mai 1968 et surtout 1969 lors d’un séjour sur l’île de Groix. Invité par Serj Bihan il y découvre la poésie bretonne de Yann-Ber Kalloc’h, la culture bretonne et les problèmes politiques bretons qui le révoltent. Dans le café où il se produit tout l’été il rencontre Glenmor qui l’invite à le rejoindre sur scène. Une sorte de « bénédiction » d’une figure emblématique de la culture bretonne !
Rentré à Paris où il occupe un poste de fonctionnaire aux PTT, il se produit dans le quartier de Montparnasse, en particulier dans le célèbre restaurant Ti Jos. C’est là qu’il chantera pour la première fois La Blanche Hermine en 1970. Après un premier 45 tours en 1971, il abandonne son emploi pour se consacrer pleinement à sa carrière artistique, s’installe à Nantes et sort son premier album en 1972, La Blanche Hermine. Disque d’or, cet album lance définitivement la carrière du « barde breton ». Dans les années 70 Gilles Servat enchaîne les disques et les tournées et participe aux plus grands festivals bretons. Il joue en particulier en première partie des Dubliners lors de la première édition du Festival Interceltique de Lorient en 1971 et se produit régulièrement à l’Olympia à Paris. Fidèle à ses convictions humanistes et politiques (dans les années 70 il milite à l’Union Démocratique Bretonne, parti de gauche pour l’autonomie de la Bretagne), il soutient les luttes sociales, politiques et écologiques en Bretagne (soutien aux ouvrier du Joint Français à Saint-Brieuc, soutien aux prisonniers politiques bretons, soutien aux opposants au projet de Plogoff…).
Les années 80 marquent le reflux de la mode du « celtic revival » et Gilles Servat n’échappe pas au phénomène. Il prend du recul sur son engagement politique (il quitte l’UDB au début des années 80), ses textes s’adoucissent et sa colère s’apaise, même s’il ne manque pas à l’occasion de participer à des concerts de soutien à des gens en difficulté. Gilles Servat continue néanmoins à sortir quelques albums et retourne sur les petites scènes de ses débuts. Il se consacre également au théâtre et se lance dans l’écriture de romans de science-fiction inspirés par l’imaginaire celtique.
Mais lorsque les musiques celtiques reviennent à la mode dans les années 90 sous l’impulsion de Dan Ar Braz et L’Héritage des Celtes, Gilles Servat est évidemment de la partie ! Cette aventure lui permet de rencontrer des artistes celtes avec lesquels il va ensuite collaborer : Donal Lunny, Carlos Nuñez, Karen Matheson, … Il participera aux quatre albums de L’Héritage des Celtes. À cette époque Gilles Servat séjourne régulièrement dans le Connemara pour écrire. Il y rencontre Brian Masterson, propriétaire du mythique studio de Windmill Lane de Dublin, dans lequel il enregistrera en 1996 Sur les quais de Dublin. Sur cet album inspiré par l’Irlande, il collabore entre autres avec Donal Lunny et l’immense Ronnie Drew des Dubliners. À partir de 1996, Gilles Servat s’installe à Locoal-Mendon sur les bords de la Ria d’Étel. Depuis il collabore régulièrement avec le Bagad Roñsed-Mor, le bagad de Locoal-Mendon. En 1998 il enregistre en public à Auray Touche pas à la Blanche Hermine, réponse au Front National qui utilise la chanson dans ses réunions. En 2006, pour ses 35 ans de carrière, il enregistre Je vous emporte dans mon coeur, un live contenant 35 chansons choisies par le public. Depuis le début des années 2010, Gilles Servat ajoute une corde à son arc en écrivant des contes.
Depuis près de 50 ans, Gilles Servat, sa voix grave et puissante, ses textes poétiques, en français et en breton (traditionnels ou compositions), accompagnent la vie de la Bretagne et des bretons. Ils racontent le mal être d’une Bretagne longtemps ignorée dans ses droits, l’injustice faite à la langue bretonne, les colères des bretons face aux catastrophes écologiques, le blues des expatriés, etc… Mais au-delà de ces coups de gueule qui lui valent parfois le surnom de « Gilles-la-Colère », Gilles Servat célèbre la beauté de la Bretagne et de sa culture. À la manière de Alan Stivell, Gilles Servat est un militant de la cause bretonne et mérite à ce titre le qualificatif de « barde » qu’on lui accole souvent. Une figure incontournable de la culture bretonne !
Discographie :
- La Blanche Hermine (1972)
- Ki Du (1973)
- L’Hirondelle (1974)
- La liberté brille dans la nuit (1975)
- Le pouvoir des mots (1976)
- Chantez la vie, l’amour et la mort (1977)
- L’Or et le Cuivre (1979)
- Hommage à René Guy Cadou (1980)
- Gilles Servat en public (1981) – Album en public
- Je ne hurlerai pas avec les loups (1982)
- La douleur d’aimer (1985)
- Mad in Sérénité (1988)
- Le fleuve (1992)
- L’albatros fou (1993) – Avec le groupe Triskell
- Les Albums de la jeunesse (1994)
- A-raok mont kuit (1994)
- Sur les quais de Dublin (1996)
- Touche pas à la blanche hermine (1998) – Album en public
- Comme je voudrai ! (2000)
- Escales (2003) – Compilation
- Sous le ciel de cuivre et d’eau (2005)
- Je vous emporte dans mon coeur (2006) – Album en public
- Ailes et îles (2011)
- C’est ça qu’on aime vivre avec (2013)
- 70 ans … à l’ouest (2017)
- À cordes déployées (2020)
Romans :
- La naissance d’Arcturus (1986)
- Skinn Mac Dana(1995)
- La navigation de Myrdhinn (1996)
- Arcturus (1999)
- Les Ssahanis (2001)
- Le dixième jour du Branvode (2003)
- La lance de Lughern (2007)
- Le Monde-aux-Jumeaux (2013)
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