Le Festival Interceltique de Lorient
Pendant 10 jours début août, Lorient devient la capitale du monde celte en accueillant le Festival Interceltique de Lorient, rassemblement d’artistes celtes, de Bretagne, d’Irlande, d’Écosse, de Galice et d’ailleurs. Une « réunion de famille » qui attire une foule de festivaliers, appâtés par une programmation de grande qualité et surtout une ambiance qu’on ne retrouve dans aucun autre festival ! Le festival incontournable de l’été en Bretagne !
L’histoire du Festival Interceltique
En 1971, Pierrot Guergadic (décédé en mars 2005) fonde un festival de musique bretonne, sur les cendres du Festival des Cornemuses, qui se tenait jusqu’ici à Brest, mais dont le port finistérien ne veut plus. En 1972, il est rejoint par un certain Jean-Pierre Pichard, penn soner de la Kevrenn Roazhon (bagad de Rennes, champion de Bretagne en 1969), parti étudier en Écosse et qui en revient avec des rêves d’interceltisme plein la tête. Le Festival Interceltique va être l’occasion pour lui de donner forme à ces rêves … Année après année, malgré un manque de moyens récurrent, l’équipe du festival va faire grandir son bébé, jusqu’à en faire aujourd’hui le festival celtique de référence dans le monde !
C’est au début des années 90 que le Festival décolle réellement, quand Jean-Pierre Pichard surfe sur la vague celtique pour organiser la première fête de la Saint Patrick à Paris, attirant ainsi l’attention des medias et des sponsors. Aujourd’hui le Festival Interceltique de Lorient (le FIL pour les intimes) est devenu un des plus grands festivals d’Europe, avec environ 700 000 visiteurs (seul le festival d’Édimbourg fait mieux en Europe) et une couverture médiatique et une réputation internationales (le festival est consulté par de grands festivals américains par exemple). Le Festival organise également (via sa filiale I3C) les Nuits Celtiques qu’on a pu voir à Paris, Nantes, Rennes, Lille ou Lyon. Le FIL a également grandement contribué à l’amélioration qualitative des musiques celtiques, par l’organisation de concours individuels qui récompensent les meilleurs joueurs mondiaux de cornemuse des Highlands, de harpe, de fiddle, etc … C’est en particulier en organisant un concours de gaïta (cornemuse asturienne et galicienne) que le FIL a véritablement redonné vie aux cultures galicienne et asturienne, étouffées par des décennies de franquisme.
Une véritable réussite culturelle donc, mais le festival reste fragile sur le plan financier, faute de soutien financier de l’Etat comparé à d’autres festivals français (le FIL s’autofinance à 73% et reçoit une subvention ridicule du Ministère de la Culture par rapport à l’importance du festival). Ces dernières années, le FIL s’est ouvert aux diaspora celtes, en mettant à l’honneur l’Acadie et l’Australie. Après 35 ans à la tête du festival, Jean-Pierre Pichard a décidé de prendre une retraite bien méritée le 1er avril 2007 (et ce n’est pas une blague !) : il a laissé la direction du festival à Lisardo Lombardia, un asturien … Tout un symbole …
La programmation du Festival Interceltique
Le festival se déroule pendant 10 jours, en général à partir du premier vendredi du mois d’août. Chaque année, une nation celte ou de la diaspora celte (Acadie, Australie, …) est désignée comme invitée d’honneur. Le festival est rythmé par des rendez-vous réguliers que les habitués du festival connaissent bien désormais ! Petit tour des principaux rendez-vous du FIL …
- La Cotriade au Port de pêche, se déroule le 1er vendredi du festival (elle lance les festivités !). C’est un repas de produits de la mer (langoustines et soupe de poissons) sur de grandes tables qui favorisent la convivialité, le tout animé par des groupes musicaux. L’alcool aidant, la température et l’ambiance montent vite … Le FIL est parfois surnommé par quelques mauvais esprits « festival interéthylique », ce n’est pas sans raison !
- Le premier samedi est consacré aux bagadoù qui « s’affrontent » toute la journée au stade du Moustoir à l’occasion du Championnat des Bagadoù pour obtenir le titre convoité de champion de Bretagne. Loin des clichés de « biniouseries », c’est un spectacle d’une qualité musicale exceptionnelle, avec un esprit très créatif. La journée commence vers 10h00 du matin avec les bagadoù de 2ème catégorie, l’élite (la 1ère catégorie) entrant en lice en début d’après-midi. Le concours se termine vers 18h00 après près de 8 heures de musique ! A réserver donc aux amateurs, les autres risquent de s’ennuyer et de ne pas savoir apprécier les subtilités des différents bagadoù. Le champion de Bretagne désigné à l’issue de cette journée participe le soir à la Nuit Interceltique Bretagne, toujours au stade du Moustoir. Le soir, le stress du concours évacué, les bagadoù se lâchent et mettent le feu dans les rues de Lorient, pour la nuit la plus chaude des 10 jours de festival !
- Les Nuits Interceltiques sont les spectacles à ne pas rater pour ceux qui découvrent le festival ! Organisées au Stade du Moustoir, elles mettent en scène des pipe bands, des bagadoù, des bandas de gaïtas, des chœurs gallois, des cercles de danse bretonne, des groupes de danses irlandaises, etc … mis en valeur par un jeu de lumières magnifique, la soirée se terminant par un feu d’artifice. Quand vous entendrez « Amazing Grace », joué par une centaine de cornemuses, accompagné par les cuivres de l’orchestre du festival et les chœurs gallois, le tout murmuré par le public du Moustoir, vous sentirez à coup sûr vos poils se hérisser sur tout le corps … La première nuit interceltique se déroule le 1er samedi du festival (pas la meilleure à mon avis, par manque de temps de répétition) et marque le couronnement du champion de Bretagne des bagadoù. Les autres se déroulent le reste de la semaine, en général jusqu’au vendredi (selon le calendrier de la saison de football, le festival partageant le Moustoir avec le FC Lorient). A chaque fois le spectacle démarre à 22h00 et se termine vers 1h00 du matin. En général les spectateurs ne sont pas déçus de leur soirée !
- Le 1er dimanche du festival se déroule le spectacle le plus connu du festival : la Grande Parade des Nations Celtes. Ce spectacle est la véritable vitrine du festival puisqu’il est diffusé au niveau national sur France 3. Environ 3 500 musiciens, chanteurs et danseurs défilent en costumes traditionnels dans les rues de Lorient en jouant, chantant et dansant devant une foule énorme (plus de 70 000 personnes se précipitent sur le tracé du parcours pour assister au défilé !). Beaucoup de lunettes de soleil dans le défilé, même par temps couvert, les excès de la nuit donnant souvent « mal aux cheveux » ! Vu l’affluence, pour avoir les meilleures places et éviter de se retrouver derrière 5 rangées de personnes, il faut venir très tôt … Des navettes gratuites partent des quartiers périphériques de Lorient (Keryado, Lanester), vous évitant des kilomètres de bouchons … Le défilé commence au port de pêche et rejoint le Stade du Moustoir via l’avenue de la Marne. La parade est gratuite dans les rues, payante au Moustoir (places assises). Un badge de soutien (5 euros) permet ensuite d’assister à des animations autour du Moustoir, dans le prolongement de la parade. Quelques heures après la Grande Parade, les bagadoù défilent à nouveau dans les rues de Lorient dans une longue procession : c’est le Triomphe des Sonneurs (gratuit).
Plusieurs autres manifestations rythment le festival. Par exemple la salle Carnot accueille tous les soirs un fest-noz, le Palais des Congrès accueille chaque jour les après-midi du folk, la galerie du Faouëdic (à l’Hôtel de Ville) expose des oeuvres d’art, un salon du livre se tient quai de Rohan, … Chaque nation celte compte également son propre pavillon avec des concerts, de la restauration traditionnelle, des conférences, des informations touristiques, etc… (accès libre l’après-midi, sur présentation du badge de soutien après 22h00). Le FIL organise des ateliers de danse bretonne ou irlandaise, de musique, des cours de langue, des conférences, etc … Le FIL est également à l’origine de l’organisation de concours (les Master Classes) de harpe, de cornemuse des Highlands, de gaïta, de fiddle (violon), etc … On peut également assister tout au long de la semaine à des compétitions de sports « interceltiques » : jeux traditionnels bretons, tournoi de gouren (lutte bretonne), matchs de rugby ou de football gaélique, tournoi de golf, régates, … Et bien sûr une programmation de concerts très riche et de grande qualité, pour tous les goûts, des artistes reconnus aux découvertes (et le FIL a révélé de très nombreux artistes celtes !). Bref, une grande diversité de thèmes abordés qui fait la richesse du festival …
Mais ce qui fait réellement du FIL un festival pas comme les autres et qui marque fortement les esprits des nouveaux festivaliers, c’est le festival off, tous ces bars et pubs qui organisent ou parfois improvisent des concerts jusqu’à 2 ou 3 heures du matin. La qualité musicale est inégale, souvent bonne, parfois excellente, mais l’ambiance (légèrement éthylique …) est très souvent surréaliste ! Il faut tout simplement le voir une fois dans sa vie pour y croire … Le festival off se déroule essentiellement de part et d’autre du parc Jules Ferry, sur la place Aristide Briand (la place où se trouve la FNAC) et sur la place Polig Montjarret, vers l’arsenal, près du meilleur pub de Lorient, la Tavarn Ar Roue Morvan.
Le Festival Interceltique en pratique
- Sites : Le festival se déroule dans le centre-ville de Lorient, essentiellement autour du bassin à flots jusqu’au stade du Moustoir. Les spectacles se produisent essentiellement au Stade du Moustoir, au Théâtre de Lorient (anciennement Grand Théâtre), au Palais des Congrès et à l’Espace Marine, un chapiteau monté dans l’enclos de l’arsenal pour la durée du festival.
- Billetterie : La billetterie centrale se situe au Palais des Congrès et ouvre début juillet. Beaucoup de monde au début du festival évidemment … Les spectacles peuvent également être réservés à distance, par courrier, par téléphone ou via le site web du festival : www.festival-interceltique.bzh. Les principaux spectacles sont également disponibles sur www.ticketnet.fr ou sur www.fnac.com. La gamme des prix (de 5 à 36 euros pour l’édition 2017) permet à tout le monde d’accéder aux spectacles, sans compter les nombreux spectacles gratuits dans les rues. Des forfaits permettent également d’assister à plusieurs spectacles durant le festival. Depuis l’édition 2013, le FIL a mis en place un badge de soutien (5 euros) qui permet d’accéder à différents sites : spectacles après la Grand Parade, quai Bretagne, pavillons le soir après 22h00, fest noz quotidien de la salle Carnot et autres animations.
- Restauration : Il est évidemment possible de se restaurer sur place. Ambiance sympa dans le Village Celte, où vous pourrez manger des crêpes, de la soupe de poissons, du lard, des sardines grillées, etc … Il arrive souvent que l’ambiance monte d’un cran et que certains montent sur les tables pour chanter ! Beaucoup de vendeurs ambulants (sandwichs, kebabs, hot dogs, …) autour du parc Jules Ferry. Et évidemment les restaurants de Lorient restent ouverts pendant le festival, mais ils sont souvent bondés. Attention ! Certains commerçants peu scrupuleux (surtout des bars) ont tendance à gonfler les tarifs pendant la période du festival …
- Hébergement : Le FIL attirant une foule énorme, dans une région déjà très touristique, il est très difficile de trouver un hébergement 50 kilomètres autour de Lorient ! Pensez donc à réserver longtemps à l’avance. Le mieux étant évidemment d’avoir de la famille ou des amis sur place !
- Depuis 2016, le Festival Interceltique propose son application mobile, très pratique pour connaître le programme et les dernières informations ou s’orienter sur le site. Téléchargement testé et approuvé !
L’édition 2019 se déroulera du 2 au 11 août avec la Galice comme invitée d’honneur.
Pour plus de détails, consultez Le site officiel du festival Interceltique de Lorient.
2 réponses
[…] au 14 août 2022, Lorient, Festival Interceltique de Lorient (année des […]
[…] Cette réaffirmation se concrétise avec notamment l’organisation de festivals, comme le Festival interceltique de Lorient en 1971. Pour lui, cette identité d’aujourd’hui pourrait n’être qu’éphémère, en fonction […]