Tri Yann
Pendant plus de 50 ans (ce qui en fait le groupe ayant eu la plus longue activité en France) les Tri Yann ont fait partie des groupes de musiciens les plus populaires de Bretagne. La spécialité des Tri Yann, c’était l’adaptation de chants traditionnels dans un style qu’ils définissaient eux-mêmes comme du « folk-rock celto-médiéval ». Des adaptations devenues tellement populaires qu’elles sont elles-mêmes devenues des grands traditionnels repris dans toutes les fêtes de famille en Bretagne ! Le groupe écrivait et composait également ses propres morceaux. La majorité des chansons de Tri Yann étaient chantées en français, mais le groupe s’essayait parfois au breton, au gallo et même à l’anglais. Bien plus que dans ses albums enregistrés en studio (les Tri Yann assumaient être des musiciens plutôt basiques), c’est sur scène que le groupe valait la peine d’être vu. Dans des mises en scène exubérantes et des costumes improbables, mélangeant contes, chansons et musiques à danser, les Tri Yann assuraient le spectacle et offraient à chaque fois à leur public quelques instants de convivialité et de bonne humeur sans prétention !
L’aventure Tri Yann commence en 1968. Jean-Louis Jossic effectue alors son service militaire à la base aérienne de Nancy. Lors de ses permissions à Nantes il participe à une troupe de théâtre amateur et y rencontre deux musiciens, Jean Chocun et Jean-Paul Corbineau, qui jouent de la guitare lors des intermèdes et des changements de décor. Les trois jeunes hommes se lient d’amitié et montent un groupe, Folk 70, qui interprète d’abord le répertoire de Hugues Aufray et Graeme Allwright puis pioche dans le répertoire breton, écume les festoù noz avant, à la manière d’Alan Stivell, d’aller à la rencontre d’un public plus large, plus éloigné des milieux culturels bretons. C’est un ami qui surnomme le trio Tri Yann an Naoned, les « Trois Jean de Nantes ». Début 1972, lors d’un spectacle au profit de la langue bretonne, le groupe rencontre le chanteur breton Gilles Servat qui leur propose d’enregistrer un premier album avec la maison de disques qu’il est train de créer, Kelenn.
Le succès de ce premier album qui s’intitule tout simplement Tri Yann an Naoned attire l’attention de Phonogram, qui après avoir fait signer Alan Stivell fait signer le groupe nantais ainsi que Gilles Servat et rachète tout le catalogue de la Kelenn ! À grosse maison de disques grosse production : Tri Yann se fait connaître en dehors de Bretagne, le disque est diffusé au plan national et le groupe passe à la radio et à la télévision. Début 1973, le groupe décide de passer professionnel. En mars de la même année, un Musicorama à l’Olympia regroupe des artistes de la Kelenn et dans la foulée Tri Yann est à l’affiche de l’Olympia pendant une semaine. Pendant l’été 73 une tournée de 40 jours en Bretagne avec les artistes de la Kelenn lance définitivement le groupe. Si dans les années suivantes la mode de la musique celtique s’essouffle vite, les Tri Yann continuent eux de multiplier les concerts (120 en 1977 !) dans toute la France, mais aussi en Allemagne, en Belgique, en Suisse, à la rencontre d’un public toujours fidèle. Parallèlement à ses tournées, le groupe continue de travailler en studio et sort plusieurs albums plus engagés sur l’identité bretonne (La découverte ou l’ignorance) ou l’écologie (naufrage de l’Amoco Cadiz, projet de centrale nucléaire à Plogoff). Pour les Tri Yann comme pour beaucoup d’autres artistes bretons, les années 80 ressemblent à une traversée du désert. Le groupe peut néanmoins toujours compter sur un public fidèle mais a du mal à s’en sortir financièrement, en particulier après l’échec financier de l’aventure Le Vaisseau de pierre, une adaptation ambitieuse sur scène de la BD de Bilal. Mais dans les années 90, les Tri Yann surfent à nouveau sur la vague du renouveau celtique : les jeunes bretons découvrent à leur tour ce groupe qui a fait danser leurs parents ! Mais cette fois le soufflet n’est pas retombé, les Tri Yann continuent à écrire des albums et à remplir les salles, en particulier en participant régulièrement aux grands spectacles à Bercy, au Stade de France ou dans les Zéniths. Mais toutes les bonnes histoires ont une fin … Et le groupe décide de tirer sa révérence sur scène lors d’une tournée d’adieu qui se termine par un ultime concert à la Cité des Congrès de Nantes le 11 septembre 2021 (concert initialement prévu en mars 2020, la Covid-19 aura finalement au moins servi à prolonger la carrière sur scène des Tri Yann !). Une année et quelques semaines plus tard, le 16 décembre 2022, les « Trois Jean de Nantes » ne sont plus que deux après le décès de Jean-Paul Corbineau après un long combat contre la maladie.
Discographie (albums studio uniquement) :
- 1972 : Tri Yann An Naoned
- 1973 : Dix ans, dix filles
- 1974 : Suite gallaise
- 1976 : La Découverte ou l’Ignorance
- 1978 : Urba
- 1981 : An heol a zo glaz / Le soleil est vert
- 1983 : Café du bon coin
- 1988 : Le Vaisseau de pierre
- 1990 : Belle et rebelle
- 1995 : Portraits
- 1998 : La Veillée du troisième millénaire
- 2001 : Le Pélérin
- 2003 : Marines
- 2007 : Abysses
- 2011 : Rummadoù (Générations)
- 2012 : Chansons de marins
- 2016 : La Belle Enchantée
Plus d’infos sur le site officiel de Tri Yann.
quid de Gilles Servat et Glenmor ! ?
Pas d’article sur ces deux artistes pour l’instant. Mais le site est régulièrement enrichi de nouveaux articles et je compte bien mettre ces deux artistes à l’honneur 😉
Je cherche à retrouver les étapes de la tournée Kelenn en Bretagne à l’été 1973. Une étape quelque part au pays bigouden ? C’est là que j’ai découvert Gilles Servat.