Mes 10 coups de coeur musicaux de 2020
Si vous suivez les comptes Twitter et Facebook du site, vous savez que chaque vendredi je partage un album venu des nations celtes, le plus souvent des nouveautés folk ou trad, signées d’artistes celtes ou de leur diaspora. Je vous propose ici de retrouver 10 albums sortis en 2020 que j’ai eu du plaisir à découvrir. Une sélection curieusement ramassée sur le début d’année 2020 (effet Covid-19 ?) et évidemment personnelle qui, je l’espère, vous permettra de passer un bon moment !
Poor Man’s Gambit – Land of sunshine
L’importante communauté irlandaise présente aux États-Unis a vu éclore de nombreux groupes de musique irlandaise renommés mondialement comme Solas, Gaelic Storm ou Cherish The Ladies. Moins connu, Poor Man’s Gambit est un trio né dans la région de Philadelphie en 2015, composé de Corey Purcell (accordéon, cistre, bodhran, chant et danse), Federico Betti (guitare et fiddle) et Deirdre Lockman (fiddle, chant et danse). Un trio de vrais virtuoses qui s’inspire évidemment de la musique traditionnelle irlandaise mais puise également ses influences en Écosse, en Angleterre, aux États-Unis et même en Bretagne. Land of Sunshine est le troisième album de ce trio dont la musique fait un bien fou aux oreilles. Une jolie découverte en 2020 que ce groupe qui a pourtant quelques années au compteur !
Llan de Cubel – La Lluz Encesa
20 ans, c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour découvrir La Lluz Encesa, le sixième album de Llan de Cubel, successeur de Un Tiempu Meyor sorti en 1999 ! Ce groupe formé en 1984 par des musiciens de Oviedo et Cudillero est un des pionniers du folk des Asturies et le porte drapeau de la culture asturienne dans le monde entier, de l’Europe jusqu’au continent américain. On les a en particulier vus à plusieurs reprises au Festival Interceltique de Lorient. Llan de Cubel est composé de cinq musiciens : Simon Bradley (fiddle), Elias Garcia (bouzouki), Fonsu Mielgo (percussions, claviers, chant), Xel Pereda (guitare, chant) et Xuan Rodriguez (gaïta, chant). Si la musique du groupe a souvent des accents irlandais, la gaïta et les percussions lui donnent une coloration chaleureuse propre au folk des Asturies et de Galice. Le groupe puise l’essentiel de ses mélodies dans le répertoire traditionnel des Asturies, sur lequel il colle des textes contemporains.
Séamus Egan – Early Bright
Depuis que le groupe irlando-américain Solas a annoncé faire une pause en 2017, après vingt années brillantes qui en ont fait le groupe de référence de la musique irlandaise au pays de l’oncle Sam, chacun de ses membres a continué sa route. Séamus Egan, un des membres fondateurs du groupe en 1996, en a profité pour changer de vie, quitter la ville de Philadelphie et s’installer dans la campagne du Vermont. C’est là que le génial multi-instrumentiste (flûtes, banjo, mandoline, accordéon, uillean pipes, rien que ça !) a composé les morceaux qui composent ce nouvel album solo, son premier depuis 23 ans. Un recueil de dix morceaux instrumentaux de haute volée, mêlant musique américaine et influences irlandaises, qui confirme que le son Solas, c’était surtout Séamus Egan !
The Bonny Men – The Broken Pledge
L’année 2019 du folk irlandais avait été marquée par le groupe dubinois Lankum : c’est un autre groupe dublinois, The Bonny Men, qui aura marqué cette année 2020 en Irlande ! The Broken Pledge est le troisième album pour ce groupe fondé en 2011. « Les beaux mecs », traduction du nom du groupe, sont en fait six garçons et une fille (dont les frères Lyons et les frère et soeur Casaide), issus de familles de musiciens et musiciennes réputés. Dans ce nouvel album composé de morceaux traditionnels mais aussi de compositions contemporaines, d’instrumentaux ou de chansons, on retrouve la virtuosité et l’énergie incroyable du groupe qui lui ont valu une flatteuse comparaison avec le mythique groupe The Bothy Band. Mais ce troisième opus a aussi été l’occasion pour le groupe de sortir le clip Earworm (voir ci-dessous), une mise en scène de l’époustouflant titre d’ouverture de l’album, Jenny’s Welcome to Charlie. Une chorégraphie de Sibéal Davitt, filmée par le cinéaste irlandais Gavin Fitzgerald, qui retranscrit parfaitement l’énergie presque tribale de The Bonny Men. Avec ce troisième album très réussi les sept dublinois ont assurément gagné leur place parmi les grands groupes folk irlandais !
Dàibhidh Stiùbhard – An Sionnach Dubh
Voilà ma plus belle découverte irlandaise de l’année 2020 : Dàibhidh Stiùbhard ! Derrière ce nom difficilement prononçable pour qui ne parle pas gaélique se cache un jeune chanteur traditionnel irlandais, qui a grandi à Tullywiggan dans le comté de Tyrone, au sein d’une famille catholique et dans une culture gaélique (ce qui ne va pas de soi en Irlande du Nord !). S’il chante en gaélique depuis longtemps, il fait ses premiers pas professionnels en tant qu’invité sur l’album des 20 ans du groupe écossais Malinky en 2018, avant de les accompagner sur scène au festival Celtic Connections de Glasgow quelques mois plus tard en 2019. Et dès 2020 il sort donc ce premier album, An Sionnach Dubh, « le renard noir » en gaélique. Un mix de morceaux traditionnels et de compositions, chantées en gaélique irlandais, en gaélique écossais et en anglais. Un savant mélange de tradition et de modernité, porté par un chant parfaitement maîtrisé et une voix incroyable mise en valeur par une musique épurée qui sait rester à sa place quand il le faut. Un premier album magistral plein d’émotions et de frissons !
Eben – Eben
En 2016 le Festival Interceltique de Lorient lance New Leurenn (« Nouvelle Scène ») : chaque année, un musicien confirmé de la scène bretonne parraine un(e) jeune artiste pour monter une création artistique. C’est dans ce cadre qu’en 2018 le violoniste Jonathan Dour (qui a collaboré avec Denez Prigent ou Nolwenn Korbell) prend sous son aile un trio de jeunes chanteuses formées par Louise Ebrel au collège Diwan de Quimper : Sterenn Le Guillou, Enora Jégou et Martine Lavigne, renforcées par Julien Stevenin (contrebasse) et Antoine Lahay (guitares). La création Eben (« L’autre » en breton) est née ! Après un beau succès lors de la première en août 2018 au Festival Interceltique le groupe est pérennisé. Il sort son premier album fin 2019 à l’occasion du festival Yaouank à Rennes, faisant danser 7000 personnes, avant de participer aux Celtic Connections de Glasgow en janvier 2020 avec le trio écossais Sian. En mariant le kan-ha-diskan aux cordes et à des arrangements modernes, Eben propose une vision contemporaine du kan ha diskan qui donne une sacrée envie de danser !
Plantec – Hironaat
Déjà le septième album studio pour Plantec ! Cinq ans après Kontakt et deux ans après un mémorable Live au Festival Interceltique de Lorient, le trio fondé par les deux frères Plantec (Yannick et Odran) en 2003 est de retour avec un nouvel opus intitulé Hironaat. Un album qui confirme le virage opéré par le groupe depuis 2011 et l’arrivée de DjiBriL (Gabriel N’Dombi) : du rock trad breton de ses débuts, dans la lignée des mythiques Ar Re Yaouank, Plantec est passé à de la « trad electro breizh », où la bombarde et les chants en bretons se mêlent à la guitare et aux programmations technos. Une vision moderne de la musique bretonne à danser, une énergie et un son unique qui ont valu au groupe une reconnaissance de la critique, y compris à l’international où Plantec se produit régulièrement.
Ronan Le Bars Group – Strink Mor
Depuis le début des années 90 Ronan Le Bars est une des pointures de la musique en Bretagne. Ce virtuose des uillean pipes, la cornemuse irlandaise, et de la flûte, a participé à l’Héritage des Celtes avec Dan Ar Braz, à Celtic Procession avec le guitariste Jacques Pellen ou encore au groupe Pennoù Skoulm. Il est également aujourd’hui de l’aventure de l’excellent ensemble du Celtic Social Club. Il a par ailleurs collaboré avec les plus grands artistes bretons (Gilles Servat, Alan Stivell, Denez Prigent, Red Cardell, Yann Tiersen, …) mais aussi des artistes internationaux (Deep Forest, Claude Nougaro, Johnny Hallyday, Stephan Eicher, Michel Polnareff, …). Depuis 2012, il mène le Ronan Le Bars Group avec d’autres musiciens réputés de Bretagne : Nicolas Quemener (guitare), Pierre Stephan (violon), Julien Stevenin (contrebasse) et Aymeric Le Martelor (claviers). Strink Mor est le troisième album de ce quintet de virtuoses. Cet album qui mélange morceaux traditionnels et compositions originales de Ronan Le Bars) nous emmène en Bretagne et en Irlande bien sûr, mais aussi en Galice. Un magnifique album de musique celtique aux accents de jazz !
- Site officiel de Ronan Le Bars
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- Critique sur Culture et Celtie
Siobhan Miller – All is not forgotten
Depuis une dizaine d’années, Siobhan Miller s’est imposée comme une des artistes majeures en Écosse. Ses belles compositions et sa voix superbe lui ont valu d’être récompensée à quatre reprises comme meilleur(e) chanteur(se) d’Écosse aux Scots Trad Music Awards (2011, 2013, 2017 et 2020) et de se produire à de nombreuses reprises aux Celtic Connections de Glasgow. Sorti au printemps 2020, All is not forgotten est le quatrième album de l’écossaise. Un retour de son propre aveu à une musique plus traditionnelle, un mélange de compositions originales et de traditionnels modernisés, portés par sa superbe voix. Pour cet album enregistré en live dans les studios Gloworm de Glasgow, Siobhan Miller s’est entourée de musiciens de grand talent : Kris Drever (guitare, membre de Laù), Megan Henderson (fiddle, membre de Breabach), Innes White (guitare), Euan Burton (basse), John Lowrie (piano) et Kim Carnie (choeurs). Le résultat ce sont 9 morceaux de haute volée et 40 minutes de bonheur !
- Site officiel de Siobhan Miller
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- Critique sur Folk Radio
Sharon Shannon – The Reckoning
On ne présente plus Sharon Shannon, une des stars de la musique traditionnelle irlandaise ! Membre des groupes Arcady, des Waterboys et du collectif Woman’s Heart à la fin des années 80 et au début des années 90, la virtuose de l’accordéon diatonique mène depuis une carrière solo brillante, multipliant les albums à succès et irradiant de joie le public de ses concerts avec sa bonne humeur permanente. L’attachante irlandaise joue souvent le rôle de meneuse de troupe en s’entourant de nombreux amis musiciens d’Irlande, d’Écosse, d’Angleterre, des États-Unis ou d’ailleurs pour proposer des collaborations inoubliables, comme cet époustouflant Live at Dolan’s de 2006. Pour ce nouvel album The Reckoning Sharon Shannon poursuit ses dates entre musique traditionnelle irlandaise et artistes venus d’autres styles musicaux, comme Jon Allen (rock / soul) ou Linton Kwesi Johnson (reggae).
