James Connolly
Il ne peut y avoir d'Europe parfaite dans laquelle l'Irlande se voit refuser le moindre de ses droits nationaux. (There can be no perfect Europe in which Ireland is denied even the least of its national rights.)
James Connolly est un syndicaliste marxiste et républicain irlandais qui oeuvra pour l’instauration d’une république irlandaise indépendante et socialiste. Il fut un des leaders du soulèvement de Pâques en 1916, qui ouvrit la voix à la guerre d’indépendance de l’Irlande. À ce titre il est une des grandes figures historiques du mouvement indépendantiste de l’Irlande.
James Connolly, né à Édimbourg en Écosse en 1868, a grandi dans une famille d’origine irlandaise qui avait fui l’Irlande après la famine de 1840. Ses conditions de vie misérables et ses premiers contacts avec le monde du travail en tant qu’apprenti, alors qu’il n’a que 10 ou 11 ans, le sensibilisent très tôt à la cause ouvrière. En 1882, âgé de 14 ans, il s’engage dans l’armée britannique et est affecté en Irlande. Ce sera son premier contact avec le pays de ses ancêtres et il y rencontre Lillie Reynolds qui deviendra sa femme. De retour en Angleterre en 1889, il déserte et s’exile en Écosse. Il y étudie le marxisme et fait son apprentissage politique. Nommé secrétaire de la Scottish Socialist Federation, il se présente mais échoue à deux reprises dans des élections municipales à Édimbourg en 1894 et 1895.
En 1896 il rejoint l’Irlande pour occuper un poste de permanent au Dublin Socialist Club. Quelques mois plus tard il fonde avec d’autres socialistes l’Irish Socialist Republican Party, parti dont l’objectif est d’établir une République des travailleurs irlandais, et dont il devient le secrétaire. Il fonde également le premier journal socialiste irlandais, The Worker’s Republic. Il rédige des articles et des essais pour promouvoir sa vision d’une Irlande indépendante et socialiste. Mais son parti ne survit pas à de nombreux conflits internes et cesse ses activités en 1904. Dès 1903 James Connolly s’installe aux États-Unis où il prend un emploi d’agent d’assurance. Il continue en parallèle à militer dans les milieux syndicaux et à écrire des articles et des essais.
De retour en Irlande en 1910, il adhère au Social Party of Ireland dont il crée des sections à Cork et Belfast. Installé à Belfast, il y coordonne des grèves. En 1912 il est un des fondateurs (avec le dirigeant syndicaliste irlandais James Larkin) du Irish Labour Party, le Parti Travailliste Irlandais. En août 1913 il participe activement à la grève générale de Dublin. Suite à des affrontement violents avec la police qui font une victime et des dizaines de blessés, James Connolly est arrêté. Après une grève de la faim, il est relâché le mois suivant. En réaction à ces affrontements, il fonde avec James Larkin une nouvelle fois, l’Irish Citizen Army (ICA), une milice d’autodéfense des ouvriers et grévistes, qui sera une des composantes de la future Irish Republican Army, la fameuse IRA. Opposé à la guerre dès 1914, il organise des meetings contre la conscription.
À partir de 1915 il prépare un soulèvement avec les Irish Volunteers, une milice nationaliste irlandaise créée pour défendre l’autonomie de l’Irlande. Malgré l’opposition de certains républicains, l’insurrection est fixée à Pâques. Le lundi 24 avril 1916, l’ICA et les Irish Volunteers prennent plusieurs bâtiments, dont la Grande Poste de Dublin. Ils y proclament la République d’Irlande, Patrick Pearse en devient le président, James Connolly le vice-président. James Connolly est également nommé commandant général de la division de Dublin de l’IRA. Mais le mouvement n’est pas la révolution attendue par les républicains : les dublinois ne se joignent pas à l’insurrection. Pendant 6 jours les insurgés résistent à l’armée britannique, d’abord surprise mais qui lance une puissante contre-attaque. James Connolly est grièvement blessé le 27. Le samedi 29, Patrick Pearse signe la reddition inconditionnelle pour épargner la population civile de Dublin. L’insurrection aura tué 450 personnes, blessé 2 600 autres et se finit sur un échec cuisant. La répression britannique est terrible : plus de 3 200 arrestations, 1 800 internements en Angleterre et surtout l’exécution de 16 insurgés. Parmi eux tous les chefs républicains de l’insurrection (à l’exception de Eamon De Valera, sauvé par sa nationalité américaine). James Connolly, incapable de tenir debout du fait de ses blessures, est fusillé assis, attaché à une chaise le 12 mai 1919 à la prison de Kilmainham … La cruauté de la répression indignera l’opinion publique irlandaise. Résultat : aux élections de 1918, le peuple jusqu’ici favorable à l’autonomie vote massivement pour le Sinn Féin et donc pour l’indépendance de l’Irlande. Il ouvre aisnsi la voie à la guerre d’indépendance de l’Irlande.