Île de Bréhat
A quelques centaines de mètres du continent breton, près de Paimpol, il est un petit paradis du nom de Bréhat, dont la beauté attire les foules pendant la saison touristique. Cet archipel de 3,5 kilomètres de long sur 1,5 kilomètres de large compte pas moins de 86 îlots, dont deux principaux présentant un étonnant contraste de paysages. Des paysages qu’on parcourt à pied car l’île est interdite aux véhicules motorisés.
La petite Histoire de Bréhat
Peuplée depuis la Préhistoire puis occupée par les romains, l’île de Bréhat (Enez Vriad en breton) entre réellement dans les livres d’Histoire grâce à Budoc, moine venu de Grande-Bretagne, qui fonde vers 470 sur l’îlot de Lavrec, le premier monastère de la péninsule armoricaine. Quelques décennies plus tard, vers 550, un autre moine, Saint Maudez, venu d’Irlande lui, installe un monastère sur un îlot dont il chasse les serpents par la seule force de ses prières. Cet îlot porte aujourd’hui son nom. Pendant plusieurs siècles ces monastères créent des liens importants avec la communauté bréhatine. Mais ils ne survivent pas aux invasions normandes des IXème et Xème siècles. Au Moyen-Age Bréhat est fortifiée par le le comte de Penthièvre dont le territoire s’étend alors de Lamballe à Guingamp. La position stratégique de Bréhat lui vaut d’être régulièrement l’enjeu de batailles militaires : l’île est pillée et incendiée à plusieurs reprises et tombe entre les mains des Bretons, des Français, des Anglais ou des Espagnols. Excellents marins, les Bréhatins partent très tôt, dès le XVème siècle, pêcher au large de Terre-Neuve ou de l’Islande et sont donc à l’origine de la grande épopée de la pêche paimpolaise. L’île vivra d’ailleurs pendant longtemps de cette activité … en tout cas quand la marine anglaise leur en laissera le loisir. Les Bréhatins sont également nombreux à sillonner les mers du monde dans la marine de commerce. Au XIXème siècle une nouvelle ère s’ouvre pour l’île qui attire des touristes des artistes de renom tombés sous le charme de l’île : Prosper Mérimée, Ernest Renan, Pierre Loti, Théodore Botrel, les frères Goncourt, Paul Gauguin, Henri Matisse et bien d’autres séjourneront plus ou moins longtemps sur l’île. Aujourd’hui l’île, très peu peuplée (300 habitants l’hiver), vit essentiellement du tourisme et de l’agriculture. Et continue de protéger son « art de vivre » …
L’île sud de Bréhat
La partie sud de l’île, celle par laquelle on arrive à Bréhat, est un véritable jardin d’Eden, un patchwork de plantes et de couleurs, favorisé par un climat d’une douceur telle que des plantes méditerranéennes n’ont aucun mal à y survivre. C’est également la partie la plus urbanisée de l’île. En parcourant les nombreux chemins qui se faufilent entre les maisons, traversent les prairies et les bosquets, on découvre des paysages pleins de charme dont on comprend aisément qu’ils aient inspiré tant de peintres !
- L’arrivée sur l’île de Bréhat se fait à Port-Clos. Ce joli hameau aux maisons de pierre compte 3 cales qui accueillent en fonction de la marée les navettes en provenance du continent. Surplombant Port-Clos à l’ouest, une citadelle construite en 1863 abrite les Verreries de Bréhat, une fabrique de verre qu’on peut visiter pendant la saison touristique. De l’autre côté vers l’est, la plage de Guerzido, parfaitement abritée, est la principale plage de l’île et accueille une école de voile.
- A une dizaine de minutes à pied de Port-Clos, le bourg de Bréhat abrite quasiment tous les équipements de l’île : hôtels, restaurants, cafés, supérette, office du tourisme, poste, … Le bourg s’étale autour d’une place entourée de belles maisons de pierre. L’église Notre-Dame de Bréhat domine un petit cimetière et une grève. Dans le bourg, le Café des Pêcheurs est lié à une tradition connue sous le nom des « décapités de Bréhat ». Au début du XXème siècle, l’établissement, tenu par Mme Guéré, était un cabaret fréquenté par les nombreux artistes qui s’étaient installés sur l’île. La patronne menaça l’un d’eux de lui couper la tête s’il ne réglait pas son ardoise ! Celui-ci peint son visage sur le verre et le donna à la patronne en affirmant que la valeur que prendrait le verre réglerait largement son ardoise ! Depuis cette date, des artistes ont pris l’habitude de peindre leur visage sur les verres du Café des Pêcheurs. La collection compte aujourd’hui 200 verres !
- Située au sommet d’un tertre rocheux de 26 mètres de haut accessible par un escalier, la chapelle Saint-Michel domine l’île et offre un panorama magnifique, en particulier sur la côte ouest de l’île, le chenal de Kerpont et ses nombreux îlots, comme l’île Béniguet et l’île Grouezen. La chapelle a été construite en 1852. Peinte en blanc et couverte de tuiles rouges (une véritable anomalie en Bretagne !), elle est un bon repère pour les marins qui approchent Bréhat.
- Sur la côte ouest de l’île, le moulin à marée de Birlot est sans doute l’élément de patrimoine le plus connu de l’île de Bréhat. Construit au XIIème siècle, il a été remis en état récemment et est désormais en état de fonctionner. Il est alimenté par un étang d’eau de mer de 2 hectares.
- A la pointe nord-ouest de l’île sud, la Croix de Maudez a été érigée en 1788. Plantée dans la lande face à la mer, elle offre un superbe panorama sur la côte. Son nom fait référence à Saint-Maudez, un moine venu d’Irlande qui aurait installé un monastère sur un îlot situé face à la pointe. Au pied de la croix l’ancien abri de sauvetage du Birlot, construit à la fin du XIXème siècle, a été transformé en habitation privée.
L’île nord de Bréhat
Le nord de l’île offre un contraste saisissant avec l’île sud. Au visage méridional de l’île sud, elle oppose une allure plus sauvage, des paysages plus tourmentés, battus par les vents, une côte rocheuse découpée, des prairies et des landes, mais peu d’arbres en dehors de quelques pins.
- On accède à l’île nord en traversant un pont dont la légende dit qu’il a été construit par Vauban mais qui est vraisemblablement antérieur à l’architecte militaire de Louis XIV. A l’ouest du pont, le Port de la Corderie est l’ancien port de l’île. Il compte quelques bateaux qui reposent sur la vase lorsque la marée est basse.
- Le hameau de Keranroux, porte d’entrée de l’île nord, est dominé par la chapelle élancée de Keranroux et par un moulin à vent. La flore exubérante donne beaucoup de couleurs et de charme au hameau. Le sentier côtier vers l’ouest longe le havre de la Corderie en traversant le village côtier de Ker Guen.
- Le phare du Rosédo domine la côte ouest de l’île, couverte de landes et de prairies battues par les vents. Le phare initial a été érigé en 1860 mais il a été détruit par les allemands en 1944. Le phare actuel a été reconstruit de 1947 à 1948. A proximité un sémaphore érigé en 1862 et un amer peint en blanc aident les marins à naviguer dans les eaux rocheuses et donc dangereuses de Bréhat.
- Près du village de Kervarabes, sur la route de la pointe du Paon, on peut voir les ruines de la chapelle Saint-Rion, vestiges d’un village qui aurait jadis été peuplé de lépreux.
- Tout au bout de l’île nord, la pointe du Paon est sans aucun doute le site le plus spectaculaire de l’île. Au bout des landes battues par les vents d’ouest, un phare s’érige au milieu de chaos de granit rose qui apportent une atmosphère magique au site. Le phare, détruit par les allemands, a été reconstruit entre 1947 et 1949 et s’intègre particulièrement bien au paysage. C’est de la mer qu’on apprécie le plus le site, en faisant le tour de l’île (voir plus bas). Par gros temps le spectacle doit être exceptionnel ! Une légende est rattachée à cette pointe, plus précisément au gouffre qui se cache derrière le phare. Les jeunes filles en quête d’amour y venaient une fois par an jeter une pierre. Si la pierre tombait directement dans l’eau, elles se marieraient dans l’année. Sinon, elles devraient attendre autant d’années que la pierre faisait de ricochets sur les parois du gouffre avant d’atteindre l’eau …
Bréhat, l’île aux fleurs
La douceur du climat sur l’île de Bréhat (gel vraiment exceptionnel, printemps précoce) permet à de nombreuses espèces de plantes de s’épanouir, ce qui vaut parfois à l’île le surnom d’« île aux fleurs ». On trouve sur l’île à la fois des espèces traditionnelles des côtes bretonnes, mais aussi des plantes d’autres continents ramenées par les marins bréhatins. La partie sud de l’île, au climat moins venteux, abrite même certaines espèces méditerranéennes. Hortensias, ajoncs, genêts, pâquerettes, camélias, rosiers, hortensias, mimosas, etc … donnent à l’île un visage incroyablement coloré qui n’est pas pour rien dans le charme de l’île.
Comment aller sur Bréhat
Que les personnes sujettes au mal de mer se rassurent, la traversée vers Bréhat ne dure que 10 minutes, pas le temps d’être malade ! Les liaisons sont assurées par les Vedettes de Bréhat. Départ de la pointe de l’Arcouest à Ploubazlanec (parking payant, 6 euros la journée), arrivée à Port-Clos, au sud de l’île. Attention pour le retour : selon la marée, le départ se fait depuis une des trois cales, compter jusqu’à 20 minutes de marche supplémentaires. Un départ toutes les 30 ou 60 minutes d’avril à septembre. Les liaisons sont moins fréquentes hors saison, mais l’île est néanmoins desservie toute l’année. Compter 9 euros pour un aller-retour tarif adulte. Autre formule que je recommande pour découvrir toute la splendeur de l’archipel depuis la mer : un tour commenté de l’île en 45 minutes entre avril et septembre avant de débarquer à Port-Clos pour découvrir l’île. Compter 14 euros (comprenant le billet retour). Les Vedettes de Bréhat proposent également pendant la saison touristique des excursions à la journée depuis Erquy, Binic ou Saint-Quay-Portrieux. Pour plus d’infos, consulter le site des Vedettes de Bréhat : www.vedettesdebrehat.com.
Bonsoir
Merci pour votre description de l’ile ,toutefois je suis surprise que dans l’énumération des fleurs ,vous n’avez pas mentionné les géraniums qui sont toute l’année en fleurs ,ma maison aux géraniums en est recouverte ,même pas une photo avec les maisons fleuries.
voilà c’était mon petit commentaire
L’île de BREHAT reste un de mes plus vivaces souvenirs d’enfance puis d’adolescence…Le cabaret des décapités m’avait beaucoup impressionné !
A ce sujet, quelqu’un pourrait-t-il me préciser les noms des peintres les plus connus qui laissèrent leur autoportrait sur ces verres ?
En espérant une information éclairée je vous adresse mes remerciements,
Gérard BOITIAT, (petit-fils du Peintre Henri BOITIAT (1866-1944) et Vice-Président de l’ACADEMIE Jacques BOITIAT à BARBIZON.)
super merci