Paimpol et l’abbaye de Beauport
Au fond d’une anse fermant l’ouest de la baie de Saint-Brieuc, Paimpol est aujourd’hui un port de pêche modeste qui connut son heure de gloire à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle en étant un des grands ports de l’épopée de la pêche en Islande. Paimpol et sa région sont d’ailleurs le cadre du célèbre roman de Pierre Loti « Pêcheur d’Islande » qui rend hommage à cette grande aventure humaine. L’époque de la pêche en Islande est révolue depuis longtemps, mais Paimpol est restée une ville tournée vers la mer, comme en témoigne son festival du chant de marin, un des plus importants de Bretagne.
Paimpol et la pêche à la morue
Dès le 15ème siècle des goélettes partaient de Paimpol pour aller pêcher la morue au large de Terre-Neuve. Mais c’est à la fin du 19ème siècle, lorsque les armateurs paimpolais abandonnent Terre-Neuve pour aller pêcher en Islande, que le port connaît son apogée. Les goélettes et leur équipage d’une vingtaine d’hommes, parties de Paimpol fin février, mouillaient au sud et à l’est de l’Islande après une traversée de 10 jours. Puis elles remontaient vers l’ouest et le nord de l’île pour suivre la migration des poissons. Les « Islandais », comme on appelait ces pêcheurs, balançaient leur ligne du bord du bateau et coupaient la langue des morues pour décompter leur pêche. Une fois que les cales étaient pleines, le poisson était chargé sur un chasseur pour revenir en France tandis que les pêcheurs, après une courte escale en Islande (créant des liens encore vivants aujourd’hui entre la France et certains port des fjords de l’est de l’Islande), repartaient en mer. De 1852 à 1935 Paimpol fut un des principaux ports pour cette Grande Pêche, armant jusqu’à plus de 80 goélettes à son apogée en 1895. Cette pêche enrichit essentiellement les armateurs, mais endeuilla la région (on estime à 100 goélettes et 2000 vies les pertes pendant la période de la Grande Pêche) et engendra une grande misère (les femmes des marins devaient survivre seules avec les enfants pendant les 6 mois que durait la pêche avant le retour du mari … s’il revenait !). Cette épopée a inspiré Pierre Loti pour son roman « Pêcheur d’Islande » et le chansonnier Théodore Botrel pour sa chanson « La paimpolaise » (qu’il écrivit sans s’être jamais rendu à Paimpol !). Et elle a surtout laissé une trace indélébile dans la mémoire des Paimpolais.
L’abbaye de Beauport
A l’entrée sud de la ville, au lieu-dit Kérity sur la route de Plouha, l’abbaye maritime de Beauport est un des joyaux du patrimoine religieux breton et un des lieux touristiques les plus importants de Bretagne. Ce superbe ensemble monastique a été fondé au 13ème siècle, à la demande du comte Alain de Goëlo, par des chanoines de Prémontré venus de l’abbaye de La Lucerne en Normandie. Grâce aux droits et privilèges accordés dès sa fondation, l’abbaye prospère aux 13ème et 14ème siècles puis fin 17ème / début 18ème. Elle décline après 1750 et ferme en 1790 après son pillage et sa destruction par les révolutionnaires. Elle sert d’étable, de mairie, d’école et de cidrerie jusqu’à son classement aux monuments historiques en 1862 qui met fin aux pillages. Le site devient la propriété du Conservatoire du Littoral en 1992 et est restauré en partenariat avec le Conseil Général des Côtes d’Armor. On peut visiter les ruines remarquablement conservées (tarif normal en juin 2014 : 6 euros, un fascicule explicatif est fourni à l’entrée) ou se promener dans le somptueux domaine de 120 hectares aux paysages d’une grande diversité (littoral, prés salés, falaises, forêts, vergers, etc…) sur des sentiers balisés. Tout au long de l’année des événements (concerts, expositions, stages, …) sont organisés dans ce site magnifique. Plus d’informations : www.abbayebeauport.com.
La Vapeur du Trieux
La portion de chemin de fer entre Guingamp et Paimpol est un des derniers tronçons du Réseau Breton, un réseau ferroviaire secondaire construit à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle pour désenclaver le centre de la Bretagne. Le réseau en étoile depuis Carhaix comptait 5 lignes, dont l’une passait par Guingamp avec terminus à Paimpol. Cette ligne est encore exploitée, le service étant assuré par des autorails diesel. Pendant la saison touristique, de mai à mi-septembre, un train touristique, la Vapeur du Trieux, assure des aller-retours sur la portion entre Paimpol et Pontrieux. Il offre un moyen unique de découvrir les paysages de la rivière du Trieux. Depuis l’ouverture de la ligne en 1997 à l’occasion du Festival du Chant de Marins, différents matériels ont assuré le service. Aujourd’hui les voitures sont tirées par une locomotive à vapeur 141 TB 424, modèle construit entre 1911 et 1917 et qui a servi jusqu’à la fin des années 60 dans l’est de la banlieue parisienne. Un aller-retour par jour, avec une halte au manoir de Traou Nez (lieu de la célèbre affaire Seznec) dans la forêt de Penhoat. Réservation obligatoire ! Pour plus d’informations sur les horaires et les tarifs : www.vapeurdutrieux.com.
À voir également
- Les belles maisons à colombages ou en pierre des 15ème et 16ème siècles du centre-ville historique témoignent de la prospérité passée de Paimpol, en particulier à l’époque de la Grande Pêche. Certaines, en particulier autour de la place du Matray, sont classées monuments historiques. Place de Verdun, la tour Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, dédiée à la patronne des pêcheurs, est le clocher de l’ancienne église, construite en 1550 mais détruite au début du 20ème siècle.
- Le Musée de la Mer, installé dans une ancienne sécherie de morues construite vers 1880, accueille des expositions, consacrées évidemment en grande partie à la Grande Pêche. Plus d’informations : www.museemerpaimpol.com.
- Le Musée du Costume expose les costumes traditionnels du Trégor et du Goëlo à l’époque de la Grande Pêche, en particulier la coiffe. Il reconstitue également une pièce principale à vivre de cette époque. Musée ouvert en été seulement, gratuit sur présentation d’un billet pour le Musée de la Mer.
- La pointe de Guilben à l’est du centre s’enfonce dans l’anse de Paimpol et offre de beaux panoramas et de belles promenades pour un bol d’air iodé ! Par temps ensoleillé, les couleurs sont splendides !
- Le Festival du chant de marin de Paimpol se tient tous les deux ans (les années impaires), début août, depuis 1989. Comme son nom l’indique, il est principalement dédié aux chants de marins, mais il accueille également des « stars » des musiques du monde, en particulier celtiques, en fonction du continent ou de la région mise à l’honneur. C’est aussi un rassemblement maritime qui accueille des bateaux anciens et de vieux gréements venus du monde entier avec leur culture … et leur gastronomie. Le festival du chant de marin est aujourd’hui un des moments phares de la saison des festivals en Bretagne. La prochaine édition se tiendra les 11, 12 et 13 août 2017. Plus d’infos : www.paimpol-festival.fr.