Péninsule de Ards
Au sud-est de Belfast, la péninsule de Ards est une langue de terre qui s’étire entre le Strangford Lough à l’ouest et la mer d’Irlande à l’est. Pas de paysages spectaculaires ici, même si les rives du Strangford Lough ne sont pas dénuées de charme. Si la péninsule de Ards séduit, c’est avant tout grâce à la richesse de son patrimoine. Tour de la péninsule de Donaghadee à Newtownards dans le sens des aiguilles d’une montre.
Donaghadee
Située sur la côte est de la péninsule de Ards, Donaghadee est un petite ville sympathique et animée. La ville abrite un petit port bien protégé qui existe depuis le 17ème siècle. Autrefois port à destination de l’Écosse (qu’on peut d’ailleurs apercevoir au large par beau temps), le port abrite aujourd’hui quelques bateaux de pêche, un centre de sauvetage en mer et quelques bateaux de plaisance. L’été des navettes partent vers Copeland Islands, un archipel inhabité au large de Donaghadee et qui abrite une réserve d’oiseaux. Le port est dominé par le joli phare de Donaghadee, construit en 1836 et qui fut le premier phare électrifié en Irlande. Depuis le phare on a une belle vue sur la ville, dominée par deux bâtiments : l’église de Donaghadee et The Moat, une petite motte normande surmontée d’un édifice construit en 1818 pour stocker des explosifs. La ville s’enorgueillit également de compter parmi ses nombreux pubs et restaurants le plus vieux pub d’Irlande (d’après le Guinness des records), le Grace Neills, ouvert sans interruption depuis 1611 (bien qu’il ait changé de nom entre temps !).
Portaferry
Depuis Donaghadee, la A2 longe la côte et traverse plusieurs villages côtiers sans grand intérêt (Millisle, Lisnevin, Ballywalter, Ballyhalbert, Portavogie, Cloughey) puis elle traverse la péninsule pour atteindre Portaferry, au sud-ouest de la péninsule. Cette petite ville portuaire animée s’est développée au niveau d’un resserrement du Strangford Lough. Un ferry (piétons + voitures) permet d’ailleurs de traverser le lac pour rejoindre en 8 minutes la ville de Strangford sur l’autre rive. La ville compte quelques maisons géorgiennes ainsi que les ruines d’un château du 16ème siècle qui dominent le port. Mais si Portaferry accueille de nombreux visiteurs, c’est surtout grâce au Strangford Lough. Le lac est en effet classé zone de beauté naturelle et d’intérêt scientifique exceptionnels. On a recensé plus de 2 000 espèces marines dans le lac ! Il abrite également la plus grosse concentration de phoques d’Irlande du Nord et accueille de nombreux oiseaux migrateurs. Pas surprenant que Portafarry compte donc le plus important aquarium d’Irlande du Nord, Exploris, consacré à la faune du Strangford Lough et de la Mer d’Irlande. L’aquarium est également associé à un laboratoire marin de l’Université Queens de Belfast. À noter que les courants forts sur le Strangford Lough ont donné naissance à une installation expérimentales de production électrique à l’aide de turbines installées en profondeur et activées par la force du courant, un des plus forts d’Europe.
Greyabbey
Depuis Portaferry, la A20 remonte vers le nord et longe la rive ouest du Strangford Lough. Les paysages plats façonnés par la marée et dominés par les Mourne Mountains au loin ont bien plus de charme que ceux de la côte est. La route traverse plusieurs villages. Le plus remarquable d’entre eux est Greyabbey, à mi-chemin entre Portaferry et Newtownards, réputé pour ses boutiques d’antiquité, ses quelques bâtiments géorgiens et victoriens mais surtout les superbes ruines de l’abbaye cistercienne qui a donné son nom à la ville. Les ruines de Grey Abbey se trouvent à la sortie de la ville en direction de Ballywalter, sur le domaine privé de Rosemount House, propriété de la famille Montgomery. Les heures d’ouverture sont réduites mais l’accès aux ruines est cependant gratuit. On se gare près de l’église, l’entrée du site est à gauche en sortant du parking et en traversant de petits jardins. L’abbaye fut fondée en 1193 par Affreca, fille de Godred – roi du Royaume de Man et des Iles qui comprenait l’île de Man, les Hébrides, Orkney et les Shetlands – et femme de John de Courcy, anglo normand qui a conquis la province d’Ulster. La légende raconte que Affreca fit construire l’abbaye après avoir miraculeusement échoué sur la péninsule de Ards après une journée périlleuse en mer. L’abbaye dépendait de celle de Holmcultram, dans le Cumbria en Angleterre. Grey Abbey fut le premier bâtiment entièrement gothique construit en Ulster. On connaît peu de choses de l’histoire de l’abbaye. Il semble qu’elle ne fut pas prospère et elle fut dissoute en 1541. Elle fut ensuite détruite à plusieurs reprises avant d’être cédée à Sir Hugh Montgomery au début du 17ème siècle. La nef est alors restaurée et sert d’église jusqu’en 1778 avant d’être à nouveau (et définitivement) abandonnée. À ne pas manquer non plus le cimetière délicieusement anarchique et romantique, situé entre le parking et les ruines de l’abbaye.
Mount Stewart
À mi-chemin entre Greyabbey et Newtownards, sur les rives du Strangford Lough, Mount Stewart est un magnifique domaine de 40 hectares comptant une belle maison du 18ème siècle entourée de superbes jardins. Le domaine était la propriété de la famille Vane-Tempest-Stewart, une prestigieuse famille aristocrate venue d’Écosse et installée en Irlande du Nord depuis le 18ème siècle. C’est Alexander Stewart, enrichi par le commerce du lin, qui acheta la propriété en 1744. La propriété s’appelle alors Mount Pleasant. Son fils, Robert Stewart, gagnera le titre de marquis de Londonderry, tenu depuis dans la famille depuis. Les premiers marquis de Londonderry agrandissent peu à peu le domaine, mais les suivants le délaissent et la maison tombe peu à peu à l’abandon. Heureusement le 7ème marquis de Londonderry et sa femme Edith Vane-Tempest-Stewart rénovent le domaine dans les années 1920, enrichissant la décoration du manoir et créant les jardins encore visible aujourd’hui. Le National Trust acquiert ces jardins en 1957 puis Lady Mairi Bury, fille de Edith Vane-Tempest-Stewart, cède une grande partie de la maison au National Trust en 1977. Elle était la dernière membre de la famille à habiter le domaine. D’ailleurs jusqu’à son décès en novembre 2009, elle y accueillait parfois les visiteurs. Le domaine est aujourd’hui un des endroits les plus visités d’Irlande du Nord. On vient y admirer l’intérieur du manoir (personnellement je ne l’ai pas fait, préférant profiter du temps magnifique pour rester en extérieur !) mais surtout les jardins, considérés comme les plus beaux d’Irlande et qui ont même été candidats au classement au patrimoine mondial de l’Unesco. Autour d’un lac, de nombreux sentiers permettent de parcourir le domaine à travers des bois et des jardins. On se régale à humer les odeurs et admirer les couleurs de la végétation luxuriante qui profite du microclimat de la péninsule de Ards. Quelques monuments parsèment également le domaine : temples, statues, fontaines, … Une visite à ne manquer sous aucun prétexte pour les amoureux des jardins. Deux formules possibles pour la visite : jardins seulement (5£60, tarif juin 2009) ou jardins et manoir (7£40). Renseignements à l’accueil du domaine (extrêmement sympathique au passage !).
Scrabo Tower
Terminons notre visite de la péninsule de Ards par un monument dont la silhouette est une des plus connues d’Irlande du Nord : Scrabo Tower. Visible depuis une grande partie du nord du comté de Down (et point de repère bien utile pour les marins autrefois !), cette tour s’élève au sommet de Scrabo Hill, un cône d’origine volcanique dominant la ville de Newtownards et le Strangford Lough. Elle fut construite en 1857 en mémoire de Charles Stewart, 3ème marquis de Londonderry. Originaire de la région (voir Mount Stewart plus haut), il eut une brillante carrière militaire (il était un des généraux du Duc de Wellington, chef des armées anglaises qui ont battu Napoléon à Waterloo) puis diplomatique (ambassadeur en Prusse et en Autriche). Outre ses faits d’armes, il était reconnu en Irlande pour sa générosité pendant la Grande Famine. A sa mort en 1854, on décida de construire un monument en son hommage et ce fut Charles Lanyon qui remporta le concours d’architecte lancé pour l’ériction du monument. La tour se dresse aujourd’hui au milieu d’uncountry park proposant des marches dans la nature. Mais on y vient surtout pour profiter du panorama exceptionnel sur le Strangford Lough, les Mourne Mountains, les côtes d’Ecosse et l’île de Man. L’accès au country park est libre à toute heure. La tour est ouverte pendant la saison estivale. Elle accueille une petite exposition permanente sur le country park. On peut également monter les 122 marches de la tour pour jouir du panorama de ses 41 mètres de haut.