Michael Collins
Les volontaires doivent réaliser que nous ne sommes plus en 1916. Finis les insurrections en uniforme, les camps retranchés surmontés du drapeau tricolore, fini le romantisme tragique et dérisoire des causes perdues d'avance. Nous nous battons pour gagner (...) pas pour ajouter une dizaine de vers pleurnichards dans les manuels de littérature et quelques noms de plus dans la liste interminable des martyrs de la vieille Irlande.
Michael Collins est un leader révolutionnaire républicain irlandais qui participa aux Pâques Sanglantes de 1916, à la guerre l’indépendance de l’Irlande entre 1919 et 1921 puis à la guerre civile irlandaise entre 1922 et 1923. S’il a occupé diverses responsabilités politiques, il est surtout connu pour son rôle militaire dans la guerre d’indépendance de l’Irlande.
Michael James Collins naît en 1890 près de Clonakilty dans le comté de Cork, dans une famille de fermiers. Il est initié très tôt au nationalisme irlandais par son père, membre des Fenians (un groupe de nationalistes irlandais prônant la violence contre l’occupant britannique) puis par son maître d’école, membre de l’Irish Republican Brotherhood (IRB), organisation révolutionnaire irlandaise oeuvrant pour un soulèvement général en Irlande. Michael perd son père à 7 ans et émigre à 15 ans à Londres pour travailler pour la Poste britannique. Il vit 10 ans à Londres, y fréquente les cercles irlandais et devient membre de l’IRB en 1909.
Début 1916, ayant eu vent des préparatifs d’un soulèvement en Irlande, il revient à Dublin. Il participe à l’insurrection de Pâques, même s’il ne partage pas les choix tactiques des dirigeants de l’insurrection, prônant plutôt une stratégie de guérilla face à l’occupant anglais. Les faits lui donnent raison et l’insurrection est un échec. Arrêté, il est emprisonné au camp de Frongosh au Pays de Galles où il s’impose rapidement comme un des leaders du Sinn Féin, parti nationaliste irlandais créé en 1905.
Libéré quelques mois plus tard, il se présente aux élections législatives en décembre 1918 avec l’étiquette du Sinn Féin et est élu dans le comté de Cork. Les députés élus du Sinn Féin refusent de siéger à Westminster, instaurent un parlement irlandais, le Dáil Éireann, et proclament l’indépendance de la République d’Irlande. Michael Collins organise en 1919 l’évasion de Eamon De Valera, emprisonné suite à l’insurrection de 1916, et qui se réfugie aux États-Unis. La même année il est élu président de l’IRB puis directeur des Services de Renseignement de l’IRA. Le jour de la première session du Dáil Éireann l’assassinat de deux policiers dans le comté de Tipperary marque le début de la guerre d’indépendance de l’Irlande. Michael Collins est nommé Ministre des Finances, poste auquel il obtient de résultats remarquables en collectant de l’argent pour financer la nouvelle république irlandaise. Mais c’est surtout son rôle de leader de l’IRA qui fait sa renommée. Il organise une guérilla contre l’occupant anglais, démantèle les réseaux de renseignement anglais en exécutant les espions anglais via le groupe d’assassin qu’il a créé, Les douze apôtres, chargé des basses besognes de l’IRA et de l’IRB. Personnage incontournable de la lutte irlandaise pour l’indépendance, « The Big Fellow », comme on surnomme Michael Collins, irrite profondément les autorités britanniques qui mettent sa tête à prix en 1920 … mais sont incapables de donner un visage à l’ennemi public numéro un, qui réussit à garder le secret sur son identité !
En juin 1921, Lloyd George, le premier ministre britannique, ouvre des négociations qui aboutissent à un cessez-le-feu le 10 juillet 1921. Michael Collins fait partie de l’équipe chargée par Eamon De Valera de négocier un traité avec les anglais. Les négociations aboutissent au Traité du 6 décembre 1921 qui reconnaît la souveraineté de l’État libre sur toute l’île d’Irlande. Mais une partie des républicains irlandais, dont Eamon De Valera, n’acceptent pas certains points du traité, en particulier la liberté laissée aux six comtés du nord de l’Irlande (l’actuelle Irlande du Nord), à majorité protestante, de choisir s’ils veulent rejoindre le nouvel État libre d’Irlande ou rester dans le Royaume-Uni. C’est évidemment la seconde option qui sera choisie dès 1922 … Ce traité laissant des centaines de milliers de catholiques en otage dans une Ulster protestante est adopté par les républicains à une courte majorité mais divise profondément le camp républicain. En juin 1922 des membres de l’IRA tentent de prendre les Four Courts à Dublin mais le gouvernement dirigé par Michael Collins fait tirer l’artillerie sur les insurgés. C’est le début de la guerre civile entre partisans et opposants au traité, qui sera plus meurtrière que la guerre d’indépendance contre l’Angleterre. Michael Collins abandonne ses responsabilités politiques et devient commandant en chef de l’armée nationale irlandaise. Soutenus par les anglais, les pro-traité écrasent la révolte en 1923. Mais Michael Collins ne verra pas cette victoire puisqu’il meurt le 22 août 1922 dans une embuscade tendue par ses anciens amis dans le comté de Cork. Il était âgé de 31 ans. Il est enterré au cimetière de Glasnevin à Dublin.
La vie courte mais incroyable de ce héros de l’indépendance irlandaise a été racontée dans le film Michael Collins sorti en 1997, réalisé par Neil Jordan. L’acteur irlandais Liam Neeson y joue le rôle du « Big Fellow ». Un film à regarder pour ceux qui veulent découvrir l’histoire de la lutte des irlandais pour leur indépendance à partir des Pâques Sanglantes de 1916 et de la guerre civile irlandaise.