Fisterra et le Cap Finisterre
La région sud de la Côte de la Mort compte les paysages côtiers les plus sauvages de Galice. Pointes, falaises et plages somptueuses se succèdent jusqu’à une des pointes mythiques de Galice, d’Espagne et même d’Europe : le Cap Finisterre (Cabo Fisterra en galicien), la « fin de la Terre », destination finale pour de nombreux pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Le Cap Finisterre
« La fin de la Terre » : c’est le sens de Fisterra, le nom de ce promontoire rocheux de 600 mètres de long qui s’effondre brutalement dans la mer tout au sud de la Côte de la Mort. Le genre d’endroit qui dégage une véritable impression de bout du monde. Pas étonnant qu’on y plaçait la fin des terres connues à l’époque romaine ! Le Cap Finisterre n’est pourtant pas le « bout du monde » de l’Espagne continentale puisque le Cabo Touriñan, à quelques kilomètres au nord, est plus à l’ouest (le point le plus occidental de l’Europe continentale étant le Cabo da Roca dans le sud du Portugal). Le Cap Finisterre est la destination finale de nombreux pèlerins qui, n’ayant pas encore assez marché, poursuivent leur route jusqu’ici après avoir atteint Saint-Jacques-de-Compostelle (la cathédrale est à environ 90 kilomètres). Une tradition récente veut que, le soir venu, ils y brûlent ou laissent en offrande leurs vêtements ou leurs chaussures !
La pointe est dominée par une montagne, Monte Facho, qui culmine à 238 mètres au-dessus des flots. C’est au sommet de celle-ci que se dresse le phare de Finisterre. C’est en 1843 qu’on décide de sa construction mais il n’entre en service que 10 ans plus tard en 1853. Sa portée est de 30 milles nautiques. Ce qui n’empêchera pas en 1870 le naufrage du HMS Captain, une frégate expérimentale de la Marine britannique, avec un bilan tragique de 500 vies humaines ! Déjà en 1596 la seconde « Armada Invincible », forte d’une centaine de navires, s’y était retrouvée prise dans une forte tempête, causant le naufrage de 25 bâtiments et la perte de 1706 membres d’équipage. En 1889 le phare est équipé de deux puissantes cornes de brume, surnommées les « vache de Fisterra », installées dans un local technique attenant au phare. Utilisées pendant les fréquents brouillards d’hiver, leur son porte jusqu’à plus de 20 milles nautiques ! Avec son panorama, le phare de Finisterre est aujourd’hui un des monuments les plus visités de Galice.
Du Cap Finisterre au Cabo Touriñan
La côte à l’ouest du Cap Finisterre propose des paysages sauvages jusqu’au Cabo Touriñan. Une alternance de falaises rocheuses attaquées par les vagues, de pointes et de plages magnifiques qu’on peut découvrir via un sentier côtier accidenté, une portion du Camiño dos Faros qui longe la Côte de la Mort jusqu’à Malpica. Des paysages qui ne sont pas sans rappeler ceux des côtes les plus sauvages de Bretagne !
- La Praia Mar de Fóra est la première plage qu’on découvre le long du sentier. Une magnifique grande plage de sable fin dans un environnement sauvage d’une grande beauté, protégée par un espace dunaire. Mais une plage réputée dangereuse pour la baignade car exposée plein ouest ! L’espace dunaire est protégé grâce à des passerelles qui permettent de rejoindre la plage à pieds depuis le village de Fisterra.
- Le Cabo de la Nave et ses hautes falaises offre un panorama saisissant sur le Cap Finisterre. Sentier difficile et accidenté, mais la vue est une récompense aux efforts fournis !
- Superbe petite plage de Praia de Arnela, encadrée entre les falaises menant au Cabo dela Nave et à la pointe de Castelo. Mais là encore baignade dangereuse !
- Plus loin la pointe de Punta de Castelo et ses falaises spectaculaires furent le théâtre d’un drame en décembre 1987 : le naufrage du Cason. Ce chimiquier sous pavillon panaméen transportant 1100 tonnes de produits toxiques et inflammables fut pris dans une grosse tempête qui fit bouger son chargement et provoqua une explosion à bord. Au milieu de la fumée et des gaz toxiques, les membres de l’équipage se jetèrent à l’eau. Malgré l’intervention des secours, sur les 31 membres d’équipage seuls 8 survécurent. La rumeur d’un nuage toxique consécutif au naufrage provoqua la panique dans les villages environnants et la fuite de milliers d’habitants. En souvenir de ce drame, l’ancre du Cason est aujourd’hui conservée sur le port de Fisterra. La Punta de Castelo abrite par ailleurs les vestiges du castro de Castromiñán, héritage de la civilisation qui peuplait les lieux à l’Âge du Fer.
- La plage suivante est la Praia de Rostro, une merveille de plage de sable fin, longue de 2 kilomètres et dominée par de vastes dunes. Belle et sauvage, un régal pour tous les sens !
- Après les falaises abruptes de Lires, on découvre l’estuaire de Lires, où la rivière Castro se jette dans l’océan Atlantique peu après le village de Lires, blotti au fond de l’estuaire. L’estuaire se situe à l’extrémité sud d’une autre belle et magnifique plage de sable fin : Praia de Nemiña. Là encore panorama somptueux et de belles dunes protégeant la plage.
- Après avoir longé de nouvelles falaises on arrive à la pointe la plus occidentale de l’Espagne continentale : le Cabo Touriñan. Ce vaste promontoire rocheux est dominé par un phare, le Faro de Touriñan, de construction récente puisqu’il a été édifié en 1981. Il remplace un premier phare construit en 1898, une petite tour sur le toit de la maison carrée du gardien juste à côté du phare actuel. Les landes interminables traversées par la route vers le cap dégagent une véritable impression de bout du monde … pas dénuée de vérité cette fois !
Du Cap Finisterre à Cee
À l’est du cap Finisterre, les paysages sauvages laissent la place à une côte plus urbanisée. Il faut dire que l’abri offert par le Cap Finisterre crée des conditions de vie plus propices au développement de ports ou de villages.
- Rejoindre la Cap Finisterre par la route impose de passer par le gros village côtier de Fisterra. Un village vivant, port de pêche, port de plaisance et destination touristique, qui ne manque pas de charme avec ses rues étroites qui descendent vers les quais. Fisterra abrite une belle église datée du 12ème siècle mais modifiée ensuite : l’église Santa María das Areas (Notre-Dame-des-Sables), à la sortie du village en direction du Cap Finisterre. Elle expose différentes icônes, dont celle de la sainte patronne du village qui protège les pêcheurs depuis qu’elle aurait fait fuir les Vikings au 12ème siècle ! L’autre édifice religieux du village est la chapelle Nosa Señora do Bo Suceso, datée du 18ème siècle. Un autre édifice notable de Fisterra est le Castelo de San Carlos, un fort du 18ème siècle.
- À la sortie du village en direction de Cee, la belle plage de Langosteira offre deux kilomètres de sable fin à ses nombreux visiteurs. Elle bénéficie du label Pavillon Bleu. Trois autres plages de sable un peu plus loin : la plage de Sardiñeiro, la petite plage de Restrelo puis la belle et vaste plage de Estorde.
- Un peu plus loin, le village de Corcubión a donné son nom à la ria qui perce la côte galicienne jusqu’à Cee. Le village séduit par son joli front de mer le long duquel s’alignent les maisons à galeries, typiques de Galice. Une petite plage au coeur de la ville : la Praia de Quenxe. L’estuaire est gardé par un ancien fort, le Castillo del Cardinal, transformé en résidence privée. À l’entrée de l’estuaire, le petit phare de Corcubión, petite maison phare au milieu des landes. Au fond de la ria, à l’embouchure du Rio Cee, la cité industrielle de Cee ne présente pas réellement de charme en dehors de quelques vieilles maisons dans le centre ancien. Par le passé la ville fut un port de pêche à la baleine.
1 réponse
[…] Fisterra et le Cap Finisterre […]