Malpica et le cap de San Adrián
Le port de pêche de Malpica, un des plus importants de Galice, marque le début officieux de la Côte de la Mort, cette portion de côte de la Galice ainsi nommée en raison des nombreux naufrages causées par ses eaux dangereuses. À l’ouest de la ville se succèdent les caps et les pointes, les falaise et les belles plages de sable fin. Des paysages sauvages propices à de belles randonnées. La côte est d’ailleurs parcourue par un des plus beaux sentiers côtiers de Galice, le Camiño dos Faros (“le chemin des phares”), ainsi baptisé en raison des multiples phares qui jalonnent la côte jusqu’au cap Finisterre.
Malpica
À une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de La Corogne, Malpica (ou Malpica de Bergantiños) est une cité portuaire construite à l’abri de la pointe de Cuada, autour de son port de pêche, un des plus importants de Galice. Au 17ème siècle la pêche principale était la chasse à la baleine, pratiquée en collaboration avec les marins basques et cantabriques. Des traces de cette pêche sont encore visibles dans certaines vieilles maisons, l’ossature des baleines étant alors utilisée comme poutres dans les toits ! Les conserveries et le salaisons (aujourd’hui disparues) donneront plus tard un nouvel élan à Malpica. Aujourd’hui les marins pratiquent essentiellement la pêche côtière à la sardine et au maquereau. Le port de pêche est protégé par une longue et imposante digue et dominé par des immeubles accrochés aux falaises et qui forment un véritable amphithéâtre qui ne manque pas de charme. Le port dispose par ailleurs d’une usine à glace et d’une criée dans laquelle le poisson est vendu. Le même poisson que vous pourrez déguster frais dans un des nombreux restaurants de poissons et de fruits de mer que comptent les ruelles étroites et escarpées du centre-ville.
L’autre grande attraction de Malpica est la plage de Canido, un arc de cercle de sable fin en plein centre-ville. La plage est longée par une promenade très agréable et est dominée par des immeubles aux couleurs vives, donnant un certain charme malgré une architecture quelconque. Au bout de la plage démarre le sentier côtier qui permet de rejoindre le cap de San Adrián (voir plus loin).
Anecdote à propos de Malpica, très symbolique de l’histoire récente de la Galice et de sa tradition d’émigration … Dans les années 50, après la Guerre Civile d’Espagne, fuyant la misère et le régime de Franco, beaucoup de pêcheurs émigrèrent vers la ville de Chimbote au Pérou. Ils y retrouvaient un homme d’affaires galicien qui y avait fait fortune dans les années 30 dans la pêche à l’anchois. Au milieu du 20ème siècle ce port de pêche péruvien était le premier au monde pour la quantité de poisson pêchée. Mais la surexploitation de la ressource, la nationalisation de la pêche par l’État péruvien et un terrible tremblement de terre en 1970 provoquèrent le déclin de la ville et le retour au pays de beaucoup d’expatriés.
Le Cap de San Adrián
Au nord-ouest de Malpica le cap de San Adrián est un espace sauvage couvert par les landes et entouré de falaises. Lors de mon passage ici en 2002, j’ai le souvenir d’une horrible décharge à ciel ouvert et de sacs en plastique portés par le vent, mais elle semble heureusement avoir disparu ! Le cap de San Adrián est connu pour sa chapelle, Ermita de Santo Adrián, bâtie au 16ème siècle et dominant la mer (une habitude en Galice !). Elle est dédiée à San Adrián qui selon la légende y aurait débarqué au 5ème siècle pour évangéliser la population. Tel Saint-Patrick, il y aurait combattu et vaincu des serpents, symbole des cultes païens. Un pèlerinage s’y déroule chaque année au mois de juin depuis l’église de Malpica.
Au pied de la chapelle une plateforme offre un superbe panorama, vers l’est sur la ville de Malpica et la succession de pointes, vers le nord sur les proches îles Sisargas. Cet archipel de trois îles (Grande, Chica et Malante) est aujourd’hui inhabité mais fut habité par le passé comme en témoignent les vestiges d’une chapelle sur l’île. La principale île de l’archipel abrite un phare construit en 1919 au sommet de falaises de 100 mètres de haut. L’archipel est aujourd’hui une réserve naturelle dans laquelle de nombreuses espèces d’oiseaux nichent ou font halte lors de leurs migrations. Aucune compagnie n’assurant de liaison vers les îles, il vous faudra trouver un pêcheur qui accepte de vous y emmener depuis Malpica. Le cap de San Adrián est accessible en voiture, mais la manière la plus agréable de découvrir cet espace naturel est d’emprunter le sentier côtier bien aménagé qui part de la plage de Canido à Malpica et qui passe par la jolie plage de Seaia et son cordon dunaire.
À voir également près de Malpica
- Au sud-est de Malpica, le petit village de Buño est réputé pour la céramique, pratiquée ici depuis le 16ème siècle (et probablement depuis bien plus longtemps). Un écomusée (Forno do Forte) est dédié à cet artisanat et quelques magasins permettent d’acheter des poteries. Jolie église au coeur du village. La côte au nord du village est une succession de falaises couvertes de landes, parsemées de quelques jolies plages comme les plage de San Miro, Riás ou Torradas.
- En poursuivant sur le sentier côtier après le cap de San Adrián, on arrive sur la jolie plage de Beo en contrebas du village du même nom. Du sable fin, une position à l’abri des vents dominants, tout ce qu’il faut pour attirer les touristes l’été !
- Une autre plage superbe un peu plus loin, la plage de Seiruga, blottie au fond d’une crique, à l’embouchure d’une petite rivière. Cette plage de sable fin se prolonge par des dunes et une zone humide.
- Après avoir passé une pointe on découvre une nouvelle plage, la plage de Barizo, à l’entrée de la péninsule qui se termine par la Punta Nariga (voir plus loin). Mêmes ingrédients que la précédente, cadre abrité, sable fin, dunes et zone humide, pour le même résultat plein de beauté. Tout proche de la plage, un port moderne sans grand charme sinon une belle vue.
- Dans les terres, le petit village de Mens abrite deux bâtiments remarquables : les Torres de Mens, une forteresse militaire du 15ème siècle récemment restaurée et transformée en habitation privée ; l’église Santiago de Mens, petite église romane édifiée au 11ème siècle et rénovée au 19ème siècle (façade).
- L’autre grand espace naturel remarquable proche de Malpica (avec le cap de San Adrián) est la pointe de Punta Nariga. On y accède depuis le village de Mens. La route traverse un champ d’éoliennes puis descendant vers la pointe en sinuant à travers des landes parsemées de rochers aux formes étranges, résultats de l’érosion et qui forment un paysage surnaturel, un des plus beaux de la région. Au bout de la route, un superbe panorama sur la côte. Et un joli phare moderne “dessiné” par l’architecte galicien César Portela et mis en service en 1998.