Le chemin du pèlerin
Le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle est un pèlerinage chrétien, qui mène à la cathédrale de cette ville de Galice, où seraient conservées les reliques de Jacques le Majeur apôtre du Christ. Le chapitre de la cathédrale de Saint Jacques est le promoteur du culte de Saint Jacques et du pèlerinage. La dévotion du pèlerin a comme unique objectif la vénération du tombeau (Déclaration du chapitre du 21 juillet 2001 : Sólo el Sepulcro del Apóstol Santiago es la meta de su peregrinación – Seule la sépulture de l’Apôtre Saint Jacques est le but de votre pèlerinage).
Le chapitre de la cathédrale fournit le crédential, lettre de créances que les pèlerins doivent se procurer avant de partir auprès des instances de l’Eglise catholique de leur lieu d’origine ou auprès des associations des Amis de Saint-Jacques. Les règles pour réaliser le chemin et les rites à accomplir à l’arrivée à Saint Jacques ont été définies par le chapitre. C’est également lui qui délivre « la compostela », document qui fait foi du pèlerinage. Ne pas confondre « la compostela » avec « la compostelana » qui est une habitante de la ville !
De même il ne faut pas confondre le pèlerinage qui peut se faire à tout moment, avec le jubilé, qui est une autre indulgence de l’Eglise et qui ne peut être accordée que lors de l’Année Sainte Compostellane, rite également confié par l’Eglise Catholique au chapitre de la cathédrale, et qui a lieu les années où le 25 juillet est un dimanche, et qui n’implique en aucun cas d’avoir effectué le chemin. Les prochaines années saintes sont 2010 – 2021 – 2027 – 2032. La porte sainte de la cathédrale qui donne sur la place de la Quintana est ouverte le 31 décembre de l’année qui précède l’année sainte et le restera toute l’année, les pèlerins peuvent obtenir une indulgence plénière pour leurs péchés. Pour cette indulgence il y a aussi un rite précis.
Faire le chemin ce n’est pas forcément suivre l’un des itinéraires balisés (même ceux balisés par l’Eglise). C’est pourquoi ce que nous appelons communément le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle revêt deux facettes indissociables : la dévotion spirituelle et l’effort physique de faire le chemin. La règle de base c’est que le futur pèlerin prépare son chemin, en incluant dans ses bagages le credential, et commence son voyage au pas de sa porte à pied, à cheval ou à vélo. Il est toléré que le pèlerin initie son parcours à partir de n’importe quel endroit, l’important c’est qu’il couvre une distance de 100 kilomètres à pied ou à cheval (sur un âne aussi) ou 200 kilomètres à vélo et qu’il le fasse dans la dévotion. Tout itinéraire qui ne se terminerait pas au tombeau de la cathédrale est supposé ne pas être conforme, même si tout à fait légitime à d’autres titres. A telle enseigne que les pèlerins qui souhaitent une preuve et qui ne remplissent pas les conditions exigées par le culte catholique, les autorités civiles leur délivrent un autre certificat. Pour le crédential, au cas où le pèlerin n’a pu se le procurer avant son départ, l’église accepte un journal de bord quotidien estampillé aux étapes dans les mêmes conditions que l’imprimé authentique. L’imprimé est proposé en cours de route par certains hébergements, dans ce cas il n’accrédite pas de la dévotion au même titre que celui qui est fourni par une autorité religieuse du lieu de résidence ou une association jacquaire habilitée, il faudra donc prévoir en plus une lettre du curé de son village pour justifier de sa bonne foi.
A l’arrivée à Saint Jacques, au numéro 1 de la rue du Vilar, la compostela sera délivrée sous les conditions suivantes (Déclaration du Chapitre de la cathédrale du 13/02/2005 : Requisitos necesarios para conseguir la Compostela) :
- Motivation chrétienne
- Avoir parcouru a pied ou à cheval au moins 100 kilomètres, s’agissant des 100 derniers avant l’arrivée à Saint Jacques de Compostelle
- Avoir parcouru à vélo pas moins de 200 kilomètres, s’agissant des 200 derniers du chemin.
- Arriver devant la tombe de l’apôtre, par les 100/200 Kms parcourus qui sont les derniers et ceux qui précédent la ville de Saint Jacques
- En justifier à l’arrivée par le moyen du crédentiel (la credencial).
La compostela comporte aussi des bénéfices matériels à l’issue du pèlerinage, hébergement gratuit avant le retour, réductions sur les transports en commun, allant jusqu’à 50% sur les billets d’avion de certaines compagnies. Ces bénéfices sont liés à des accords économiques et il faut se renseigner rue du Vilar. Tous les jours à midi est dite la « messe du pèlerin ». En complément, les années saintes, la porte Sainte est ouverte, et le dimanche 25 juillet le « botafumeiro », encensoir géant, est mis en service.
Le parcours du pèlerin de la porte de la cathédrale à la tombe est un rite, lui aussi défini par le chapitre de la cathédrale.
Les symboles du pèlerin
La coquille, le chapeau à larges bords, la besace, le bâton et le manteau du pèlerin sont toujours des symboles iconographiques forts car ils témoignent de la spécificité du chemin. La fameuse coquille, récompense du pèlerinage et accrochée ensuite au manteau pour témoigner, discréditée par les faux pèlerins « les coquillards », a été remplacée par la « compostela ». Le chapeau, la besace et le manteau, équipements de voyageur subsistent dans leur forme moderne. Quant au bâton, certes il peut toujours s’utiliser comme accessoire de marche à pied, mais il avait aussi, dit-on une fonction de protection contre les brigands, et aujourd’hui il ne doit plus être utilisé pour la bagarre ! Et le cri d’encouragement des pèlerins « ¡ ULTREIA ! » est toujours reconnu par certains.
Les chemins de Saint Jacques
Pour des raisons pratiques, au cours des temps des itinéraires ont été balisés et équipés d’hébergements. Le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle est marqué par le rôle qu’il a joué dans les fondements de l’Occident chrétien. Le Codex Calixtinus ou Liber Sancti Jacobi ou Livre de Saint Jacques est un manuscrit composé de plusieurs livres du XIIème siècle conservé à la cathédrale de Saint Jacques. C’est un ensemble de textes liturgiques, historiques et hagiographiques dont les rédactions successives s’échelonnent sur deux ou trois siècles. Le dernier livre est le premier guide promotionnel du pélérinage pour l’Europe chrétienne.
Sur les itinéraires balisés, le pèlerin aura deux types d’hébergements spécifiques au chemin de Saint Jacques : les publics, théoriquement gratuits, pour lesquels il est d’usage de laisser quelque chose, et les privés. A chaque étape il n’y a qu’un seul hébergement public. Les pèlerins sont priés de respecter mille années de tradition d’hospitalité sur le pèlerinage. En Espagne les locaux sont souvent la propriété des municipalités, des provinces ou des paroisses. A charge pour les associations d’animer le refuge et de prendre en charge les frais courants (eau, électricité, entretien…). En conséquence, il est demandé une participation symbolique de quelques euros, les refuges privés pouvant être plus chers. Dans certains cas, aucune somme n’est demandée mais il est d’usage de donner en fonction de ses possibilités. Il y a des refuges en moyenne tous les 20km. En hiver, certains refuges peuvent être fermés, en particulier les privés, car en rénovation, et peu ou mal chauffés. A chacune des étapes le pèlerin doit obtenir un coup de tampon sur son credentiel, du lieu d’hébergement, dans une église, à la mairie ayuntamiento, au commissariat de police, dans un couvent ou autre pour attester de son passage.
Voici les itinéraires répertoriés par le Conseil de l’Europe et auxquels se rattachent tous les autres :
- Le chemin du Nord dit primitif, historiquement le premier, vient des Asturies. Il s’agit du parcours utilisé par le roi de l’époque Alphonse II (IX siècle) venu constater depuis la capitale d’alors Oviedo qu’il s’agissait bien du tombeau de l’apôtre Jacques le Majeur !
- Le chemin du Nord dit côtier, il longe toute la côte cantabrique depuis le pays basque. C’était au moyen-âge, le parcours des pèlerins venant d’Europe, avant que les Rois Catholiques n’équipent et promeuvent le « camino francès » qui est ainsi devenu le chemin le plus fréquenté et le plus connu.
- Le chemin anglais.
- Le chemin de Fisterra / Muxia, qui est aussi utilisé dans le sens de Saint Jacques vers l’Océan, et dans ce cas, par le passé comme de nos jours, c’est un chemin hérétique.
- Le chemin français, le chemin par excellence, « el camino frances » environ 800 kilomètres.
- Le chemin portugais.
- Le chemin qui vient d’Andalousie, la Voie d’Argent « camino de la plata ».
Venant du reste de l’Europe, les quatre voies en France les plus connues :
- La via Podiensis un peu plus de 1500 km, dont le lieu de rassemblement était le Puy-en-Velay
- La via Lemovicensis, le lieu de rassemblement était à Vézelay.
- La via Turonensis , c’est celle qui part de Paris et passe par Tours, et dont on dit que le lieu de rassemblement soit à l’emplacement de l’actuelle Tour Saint Jacques, mais cela est contesté.
- La via Tolosane, qui passe par Toulouse.
Ces quatre voies qui viennent de France rejoignent à un moment donné en Espagne « le camino francès ».
Quelques pèlerins illustres
- Acteurs : Shirley MacLaine, Anthony Quinn.
- Alfonso II Le Chaste, roi des Asturies (791-842). La légende dit que c’est le premier pèlerin qui est venu voir le corps de l’Apôtre, et c’est le chemin qu’il a emprunté en venant des Asturies qui est connu comme le « chemin primitif ».
- Philippe II d’Espagne.
- Aymeric Picaud, moine poitevin qui rédige le premier guide pour préparer le voyage. Ce « Guide du pèlerin » est le dernier livre du Codex Calixtinus.
- Rodrigo Díaz de Vivar « El Cid Campeador » , le grand héros de la Reconquête espagnole, connu en France grâce à la pièce de théâtre “Le Cid”.
- Gotescalco (o Gotescalc), évêque de Le Puy-en Velay a fait le pèlerinage en 950 avec sa cour.
Les sites incontournables
A partir de ces sites vous pourrez trouver tous les autres !
- Site officiel du chapitre de la cathédrale de Saint Jacques, référent catholique officiel du pèlerinage, prévu en galicien, castillan et anglais (la version anglaise ne fonctionne pas en février 2007) : www.catedraldesantiago.es
- Site de l’archevêché, « église compostelane » , uniquement en espagnol : www.archicompostela.org
- Site officiel des autorités civiles espagnoles (Xunta de Galicie). Prévu en sept langues, la version française est en construction (février 2007) : www.xacobeo.es
Deux site simples et pratiques avec des versions en français :
- www.caminosantiago.com : informations intéressantes pour cheval (écuries) et vélos ( garages pour réparer) sur le parcours du « camino francès » et en Galice.
- www.mundicamino.com : certains itinéraires ne sont pas disponibles en français.
Associations :
- Site de La Société française des Amis de Saint Jacques de Compostelle, du Centre d’Etudes Compostellanes et un Accueil des pèlerins. Renvoie sur d’autres associations : www.compostelle.asso.fr
- Site de l’association bretonne des amis de Saint Jacques de Compostelle, tout pour le pèlerin breton ! sur fond musical interprété et autorisé par le bagad Kadoudal de Vern-sur-Seiche – Ille et Vilaine – Bretagne) : www.saint-jacques-compostelle-bretagne.fr
Initialement créée pour aider les pèlerins en instance de départ pour Compostelle, l’Association Bretonne des Amis de Saint-Jacques de Compostelle étend ses compétences à tous les domaines liés au pèlerinage.
Elle aide les futurs pèlerins :
- En les faisant profiter de l’expérience des anciens ;
- En leur remettant la « credencial » sans laquelle ils ne peuvent utiliser les gîtes espagnols ;
- En leur facilitant le départ de Bretagne par les chemins reconnus, balisés et publiés par ses soins ;
- En organisant la formation d’hospitaliers pour les lieux d’accueil des pèlerins, tant en France qu’en Espagne.
Elle participe à la recherche et à la promotion du patrimoine jacquaire en Bretagne :
- En organisant des conférences et des expositions ;
- En sponsorisant un livre sur St Jacques ;
- En provoquant et participant à la restauration de sites et objets jacquaires ;
- Avec son groupe choral, elle remet en outre en valeur les chants grégoriens du Livre de Saint Jacques.
- Elle fait la promotion des chemins de St-Jacques en Bretagne dont elle assure le balisage et la mise en valeur.