Ben Bulben
Quand on arrive à Sligo en venant du sud, et encore plus quand on poursuit sa route vers le comté de Donegal, impossible de rater cette montagne au sommet plat et aux versants creusés par des sillons, qui domine la bande côtière au nord de Sligo du haut de ses 526 mètres : le Ben Bulben. Un spectacle saisissant, encore plus au coucher du soleil ou lorsque les ombres des nuages se projettent sur les versants de la montagne. Le Ben Bulben est le sommet le plus occidental de la chaîne des Dartry Mountains qui s’étend à cheval sur les comtés de Sligo et Leitrim, culminant à près de 650 mètres. Sa forme si particulière, rappelant une baignoire renversée, est due à l’érosion glaciaire. Son nom gaélique, Binn Ghulbain, signifie « montagne de Gulban », en l’honneur du roi irlandais Conall Gulban, considéré comme le fondateur au Vème siècle du royaume de Tyrconnell (correspondant aujourd’hui à un territoire incluant l’intégralité du Donegal et une partie des comtés de Sligo, Leitrim, Fermanagh, Tyrone et Derry). Si vous voulez vous lancer à l’assaut de Ben Bulben, sachez que l’ascension par la face nord est difficile et dangereuse à cause des vents très forts qui soufflent de l’Atlantique. Il est donc conseillé de faire l’ascension par la façade sud. Difficile par contre de trouver des détails sur le trajet sur le web, renseignez-vous donc sur place pour connaître les détails sur cette ascension. Et n’oubliez pas de me passer vos tuyaux pour que je puisse compléter l’article !
Diarmuid et le sanglier fantastique
Une telle montagne ne peut qu’être propice à l’imagination. Et de nombreuses légendes sont effectivement liées au Ben Bulben. La plus célèbre est celle de Diarmuid Ua Duibhne, un membre des Fiannas, ces soldats et chasseurs au service du roi d’Irlande au IIIème siècle. Depuis son enfance, un geis (incantation magique prononcée par un druide) lui interdisait de tuer un sanglier, sous peine de mourir à son tour. Une sombre histoire de famille : la mère de Diarmuid lui avait donné un demi-frère illégitime, tué par le père de Diarmuid puis transformé en sanglier pour échapper à la mort. Ce sanglier fantastique errait dans les forêts autour de Ben Bulben dans l’attente du moment propice pour tuer Diarmuid … L’occasion se présenta lors d’une chasse organisée par Finn McCool, chef des fiannas, près de Ben Bulben. Lors de cette chasse, Diarmuid se retrouva face au sanglier fantastique, son demi-frère, qui lors d’un terrible corps à corps transperça son cœur d’un coup de défense. Le sanglier fantastique était mort, Diarmuid agonisait, le geis se réalisait … Finn McCool avait pourtant le pouvoir de ramener Diarmuid à la vie en le faisant boire de l’eau de source dans ses mains. Mais malgré une réconciliation récente il n’avait jamais vraiment pardonné à Diarmuid de lui avoir enlevé sa future femme Grainne 16 ans plus tôt. Par deux fois il laissa l’eau s’écouler entre ses doigts. Quand il se ravisa et consentit à sauver son ancien ennemi il était trop tard : Diarmuid avait rendu l’âme … On raconte que Diarmuid et sa bien aimée Grainne reposent désormais pour l’éternité quelque part sur la montagne !
Drumcliff
Les frères Yeats, le poète William Butler et le peintre Jack, avaient vécu une grande partie de leur enfance au pied de cette montagne captivante qui leur avait inspiré plusieurs de leurs œuvres. William Butler avait souhaité être enterré au pied de cette montagne qu’il aimait tant. Lorsqu’il mourut à Menton en 1939 son vœu fut exaucé : il repose désormais pour l’éternité dans le petit cimetière de Drumcliff, petit village situé entre le Ben Bulben et l’océan. L’épitaphe inscrit sur sa tombe est tiré de son célèbre poème « Under Ben Bulben » qu’il avait dédié au Ben Bulben :
Cast a cold Eye
On Life, on Death
Horseman, pass by !
Drumcliff compte également les restes d’une tour ronde détruite par la foudre en 1396. A voir également une superbe grande croix celtique du IXème siècle dans le cimetière.
Glencar Lake
Au pied sud du Ben Bulben, une vallée à cheval sur les comtés de Sligo et Leitrim abrite un superbe lac, le Glencar Lake. Ses rives boisées et la beauté des montagnes qui encadrent la vallée créent des paysages d’un grand romantisme qui ont inspiré une nouvelle fois l’incontournable William Butler Yeats. Peu de marches possibles sur les bords du lac, mais plusieurs points de vue intéressants et plein d’endroits pour pique-niquer. Les amateurs de pêche trouveront leur bonheur dans ce lac très poissonneux. Au bout du lac, dans le comté de Leitrim, ne pas rater (même si je l’ai fait …) les Glencar Waterfalls, de belles chutes d’eau de 15 mètres de haut dans un cadre paradisiaque, particulièrement impressionnantes paraît-il après la pluie. Yeats (encore lui !) a décrit ce cadre magnifique dans un poème « The stolen child ».