Être(s) roux …
Être(s) Roux …, c’est le titre de l’ouvrage photo de Pascal Sacleux, photographe professionnel installé en Bretagne depuis 2010. Lui-même roux, il a voulu par ce livre faire un état des lieux de la condition des roux en France. Un livre réalisé en collaboration avec Élodie Roux Guyomard et Marie-Savine Colin. Pascal Sacleux organise par ailleurs le premier « festival des roux », le Red Love Festival, qui se tiendra à Châteaugiron (35) le 25 août 2018. Il a bien voulu répondre à mes questions pour présenter ce projet qui parlera à de nombreux celtes : les régions celtes, en particulier l’Écosse et l’Irlande, sont en effet celles qui comptent le plus de roux dans le monde !
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Pascal Sacleux, photographe (j’ai fait l’école Louis Lumière en 1990), j’ai 53 ans. J’ai travaillé pour divers magazine musicaux et toujours mis en avant les représentants des cultures noires, toujours attiré par celles et ceux qui ont souffert (et souffrent encore) socialement. Je suis né à Paris et parisien depuis au moins 5 générations. Je suis roux, le seul de ma famille depuis mon arrière grand-mère paternelle, mais le détail de ma rousseur n’a vraiment compté que lorsque j’ai commencé ce projet en 2016. Je vis en Bretagne depuis 2010.
Vous sortez ce mois ci un livre photo consacré aux roux. Pourquoi ce sujet ?
En 2015 j’écoutais France Info comme souvent et ce jour-là Fabienne Sintès dit « Petit, rondouillard, rouquin, et pourtant il aura connu 8 mariages et non des moindres, Mickey Rooney est mort… ». Mon sang n’a fait qu’un tour. Colère, tristesse et le constat que dans l’inconscient collectif, être roux (comme être petit ou gros) est négatif, une tare, un défaut. J’ai donc décidé au départ de faire une expo sur mes semblables. Mais ce qui était destiné à être une expo cohérente et esthétique s’est vite transformé en une action militante, quand j’ai commencé à rencontrer rousses et roux et qu’ils m’ont parlé de leur enfance, de leur expérience, de leur condition. J’ai donc décidé de faire une expo à l’aéroport de Rennes dans le grand hall départ, et ce fut un succès social et médiatique.
Comment s’est déroulée la création de ce livre ?
J’ai rencontré Élodie Roux Guyomard, la rédactrice du blog lavieenrousse.fr qui a fait mon interview pour l’expo. Je l’ai photographiée et on est restés amis. À l’issue de l’expo, je lui ai proposé de continuer à faire des photos et qu’elle m’aide à travailler sur un projet de livre. Nous avons été rejoints par Marie-Savine Colin, auteure spécialisée sur la question rousse, et fort de mes 812 portraits nous avons travaillé sur un ouvrage se voulant un état des lieux de la condition des roux en France aujourd’hui, illustré de beaucoup de témoignages. Nous n’avons rencontré aucune difficulté pour rencontrer un éditeur, d’ailleurs nous en avons même refusés. C’est aux éditions Goater à Rennes, que nous avons donné notre confiance.
Comment avez-vous « sélectionné » les sujets photographiés ?
Tout d’abord par le bouche à oreille. Puis au travers de ma page facebook. J’ai rencontré toutes ces personnes de 2 mois à 84 ans. Mais je n’ai pas fait de casting ou de sélection, j’ai photographié toutes les personnes qui se présentaient à moi. Ensuite j’ai organisé des prises de vue individuelles groupées et donné rendez-vous aux personnes rousses dans telle ou telle ville de Bretagne (Carhaix : 70 personnes, Quimper: 124, Dol de Bretagne : 59, Vannes : 130, Saint-Brieuc : 159, Châteaugiron : 62).
Où peut-on trouver ce livre ?
Ce livre sera trouvable dans toutes les bonnes et vraies librairies mais aussi en ligne (Amazon, etc…). La sortie officielle est prévue pour le 25 juin 2018, le livre fait 192 pages et coûte 25 euros
Vous organisez par ailleurs le Red Love Festival à Châteaugiron le 25 août 2018. Quel est le concept de ce festival ?
Oui, un gros morceau ce festival. J’ai voulu recréer à une plus grande échelle l’ambiance des prises de vue groupées. C’est un festival pour personnes rousses mais OUVERT À TOUS, il est important de le souligner. Il est hors de question de se ghettoïser alors même que nous dénonçons une certaine discrimination à l’égard des personnes rousses. Nous voulons fédérer, rassembler autour de nous. Il y aura de la musique tout du long, avec des groupes d’artistes roux ou non. D’ailleurs ce sont des non roux qui ont composé notre hymne. Encore une fois, nous avons beaucoup de succès auprès de la presse, mais nous cherchons encore des sponsors. Nous attendons 3 000 personnes. Le festival sera couvert par M6.
Est-ce que la Irish Redhead Convention qui se tient tous les ans à Crosshaven dans le comté de Cork en Irlande a été une source d’inspiration ?
Il existe des rassemblements / festivals de personnes rousses dans pas mal de pays (Hollande – le plus grand d’Europe, qui d’ailleurs n’aura pas lieu cette année -, Angleterre, Écosse, Irlande, Canada, États-Unis, Brésil, Nouvelle-Zélande etc…) mais pas en France si ce n’est quelques initiatives rassembleuses vers Lyon mais autour d’un bar. C’est un essai, il y a en France entre 1,5 et 3 millions de personnes rousses.
Un mot pour terminer ?
Ma démarche, notre démarche a pour but d’essayer de changer le regard des gens sur les personnes rousses (trop négatif et ce depuis au moins l’inquisition), mais surtout de changer le regard des personnes rousses sur elles-mêmes chez qui on sent bien une formidable envie d’exister autrement.
notre famille est roux.avec un nom leroux
beaucoup de roux et rousses dans la famille de mon époux et fiers de l’être ..