Donegal Town et ses environs
Difficile de ne pas passer par la ville de Donegal quand on visite le Donegal en venant de la République d’Irlande. Donegal Town est en effet la porte d’entrée du comté pour ceux qui viennent du sud. Ce gros bourg de 2 500 habitants n’est pas, contrairement aux apparences, la capitale du comté de Donegal, ce titre étant tenu par la ville de Lifford. Mais elle est peut au moins être considérée comme la capitale touristique du comté. La ville se situe à l’embouchure de la rivière Eske, au fond de Donegal Bay, au pied des Bluestack Mountains, et s’étend autour d’une place centrale, « The Diamond », d’où partent les rues principales qui comptent de nombreux commerces (pubs, restaurants, bijouteries, supérettes, banques, librairies, …). Le nom gaélique de la ville, Dún na nGall (« Fort des étrangers »), rappelle que la ville est probablement née d’une colonie viking. Mais la ville est surtout connue historiquement comme la base du clan O’Donnell, une grande famille irlandaise qui fut la plus active du XVème au XVIIème siècle contre la colonisation de l’Irlande par l’Angleterre.
Donegal Castle
La principale attraction de la ville, le Donegal Caste, est d’ailleurs un héritage du clan O’Donnell. Cette forteresse située sur les bords de la rivière Eske fut construite en 1474 par le seigneur Hugh O’Donnell. Le château était alors considéré comme le plus beau tenu en Irlande par une famille irlandaise. À l’issue des guerres anglo-irlandaises (soulèvement des chefs de clan irlandais, dont les O’Donnell, entre 1594 et 1603 contre la domination anglaise en Irlande), les O’Donnell fuient vers la France avec les autres clans irlandais (un épisode connu comme « la fuite des comtes ») après avoir incendié le château pour éviter son utilisation par l’armée anglaise. Cette fuite marque le début des plantations en Ulster, une politique de colonisation de la province d’Ulster par les protestants anglais et écossais, l’origine des problèmes actuels en Irlande du Nord. En 1611, le château et ses terres sont cédées au capitaine anglais Basil Brooke qui restaure rapidement et étend la forteresse, lui ajoutant une dépendance de 3 étages de type jacobéen. Le château restera propriété de la famille Brooke pendant plusieurs générations, mais tombera peu à peu en ruines et sera finalement vendu au comte d’Arran, qui le donne lui-même en 1898 aux autorités irlandaises. Laissé en ruines pendant des décennies, le château a été en grande partie restauré à la fin des années 90 et on peut aujourd’hui le visiter.
Donegal Abbey
À la même époque que la construction du château, les O’Donnell édifièrent une abbaye franciscaine sur la rive sud de l’embouchure de la rivière Eske. De cette abbaye il ne reste aujourd’hui que quelques ruines qu’on peut voir au bout du port. Mais l’abbaye reste célèbre car c’est ici qu’a été rédigé un des grands ouvrages de la culture gaélique. Craignant que l’arrivée des anglais ne signifie la fin de la culture celtique, quatre moines de l’abbaye, Peregrine O’Clery, Fergus O’Mulconry et Peregrine O’Duignan, dirigés par Mícheál Ó Cléirigh, rédigèrent un ouvrage regroupant toutes les connaissances sur l’Histoire et la mythologie celtique. Cet ouvrage rédigé en gaélique entre 1632 et 1636 est connu sous le nom « The Annals of the Four Masters » (Annales du Royaume d’Irlande par les quatre maîtres) et constitue une des principales sources en gaélique sur l’Histoire de l’Irlande. Des copies de cet ouvrage sont aujourd’hui conservées à la National Library de Dublin, au Trinity College de Dublin, à l’Académie Royale Irlandaise et à l’University College de Dublin. Quant aux quatre frères auteurs de l’ouvrage, une obélisque érigée en 1937 sur le Diamond leur rend hommage.
Donegal Bay
Si on a vite fait le tour de la ville de Donegal, les environs de la ville, en particulier les bords de Donegal Bay, réservent de belles surprises. Avant d’arriver à Donegal Town en venant du sud, Murvagh Strand, une interminable plage de sable fin protégée par des dunes, s’étend le long de la côte ouest d’une petite péninsule sauvage protégeant la ville de Donegal Town. Belle vue sur Donegal Bay et les Bluestack Mountains. Sur la péninsule également un golf 18 trous, le très réputé Donegal Golf Club. A l’ouest de Donegal Town, en direction de Killybegs, la côte compte plusieurs petits ports, souvent juste des cales, et des petites plages de Mountcharles à Inver. La vue sur Donegal Bay et, au loin, les montagnes du Sligo est superbe. Pour ceux qui veulent découvrir Donegal Bay sur la mer, Donegal Bay Waterbus propose des croisières de 1h20 au départ de Donegal Town.
À noter, pour les routards qui veulent passer la nuit dans le coin, une auberge de jeunesse familiale très sympathique, le Donegal Town Independent Hostel, sur la N56 en allant vers Killybegs à la sortie de la ville. Une auberge propre, aux chambres aux couleurs de l’Irlande, tenue par une famille particulièrement accueillante et une excellente atmosphère qui favorise les rencontres entre voyageurs. Testée et approuvée par votre serviteur !
Les Bluestack Moutains
Au nord de Donegal Town, le massif des Bluestack Mountains, aussi appelé Croaghgorm (Na Cruacha Gorma en gaélique), culmine à 674 mètres et offre de nombreuses possibilités de promenades. D’ailleurs un grand chemin de randonnée, le Blue Stack Way, long de 142 kilomètres, relie Donegal Town à Ardara via Glenties à travers le massif des Bluestack Mountains. Des promenades plus courtes existent heureusement, en particulier autour du Lough Eske, un lac au nord-est de Donegal Town, au pied des Bluestack Mountains. Une Scenic Road permet d’en faire le tour en voiture ou en vélo. Personnellement je n’ai pas eu le temps de visiter cette région, une bonne raison de retourner dans le Donegal !
Salut à Michelle O’Donnell, son mari Peter Argan et les enfants Kate, Enda, John et Colm