Roscoff
Roscoff (Rosko en breton) est une petite cité portuaire située sur une presqu’île fermant la baie de Morlaix à l’ouest, face à l’île de Batz. Roscoff est situé au coeur de la Ceinture Dorée, cette zone légumière du nord Finistère favorisée par un climat doux toute l’année, dont elle exporte les produits depuis son port en eau profonde, siège de la compagnie maritime Brittany Ferries. De son passé de port prospère de commerce et de contrebande à la Renaissance, la ville a hérité d’un patrimoine remarquable qui, avec son environnement d’une grande beauté, en fait une des plus belles cités de Bretagne.
Un port de commerçants, de corsaires et de contrebandiers !
Le Roscoff actuel est né d’un raid mené par les anglais en 1375, pendant la Guerre de Succession de Bretagne, sur un petit port installé dans l’actuelle anse de Laber, poussant les habitants à fuir et s’installer sur un nouveau site occupé aujourd’hui par le centre de Roscoff. Le port prend son essor à partir du 16ème siècle grâce au commerce avec le Portugal, les Flandres, l’Espagne et les îles britanniques. Les navires se chargent de sel, d’huile, de bois. Mais le port se spécialise en particulier dans l’import des graines de lin (essentiellement de Lituanie). Ces graines de lin étaient utilisées par la prospère industrie toilière du Léon pour produire une toile blanche très appréciée outre Manche pour le linge ou les voiles et exportée depuis le port de Morlaix qui en avait le monopole. Cette richesse accumulée par les armateurs et les commerçants de Roscoff atteint son apogée au 17ème siècle. Elle servira en particulier à la construction des belles maisons d’armateurs visibles aujourd’hui dans le centre de Roscoff et aux édifices religieux de prestiges qu’on peut admirer dans de nombreux bourgs du Léon (en particulier les enclos paroissiaux). A cette époque Roscoff est également un des premiers ports à armer des navires pour la pêche à la morue au large de l’Islande ou de Terre-Neuve. Les pêcheurs de Picardie ou de Normandie faisaient escale à Roscoff et profitaient de l’exemption de la gabelle en Bretagne pour s’approvisionner en sel. Lorsque le commerce périclite à cause des guerres, les marins roscovites se mettent au service du roi et deviennent corsaires. Au 18ème siècle, sous l’effet de la concurrence du coton et du protectionnisme, le commerce des toiles et donc des graines de lin est en déclin. Roscoff compense en partie en devant le premier port de contrebande vers les îles britanniques. Vins de Bordeaux, eaux-de-vie ou thé transitent dans le port du Léon pour approvisionner le marché britannique.
L’épopée des Johnnies
A partir du 18ème siècle la région autour de Roscoff voit l’essor des cultures maraîchères, favorisée par un climat doux, des sols fertiles et la récolte du goémon, excellent engrais naturel. Cette région qu’on appelle la Ceinture Dorée produit des pommes de terre, des artichauts, de choux fleurs, d’échalotes et d’oignons. L’oignon rosé de Roscoff (appellation d’origine contrôlée depuis 2009) est d’ailleurs à l’origine d’un commerce dont Roscoff porte encore aujourd’hui les traces : dès 1828, des cultivateurs roscovites traversaient chaque année au mois d’août la Manche pour vendre leurs oignons en Angleterre, au Pays de Galles ou en Écosse. Les oignons tressés sur l’épaule ils faisaient du porte à porte pour vendre cet oignon très apprécié par les britanniques. Ils furent surnommés les Johnnies, « les petits Jean », ou encore Johnnies Onions, le prénom Yann étant alors très usité chez les bretons. En 1929, à l’apogée du ils étaient 1400 à faire ce commerce qui disparut peu à peu après la Seconde Guerre Mondiale. Mais la compagnie maritime Brittany Ferries qui transporte aujourd’hui marchandises et passagers outre Manche, créée en 1972 sous l’impulsion de Alexis Gourvennec pour offrir des débouchés commerciaux aux coopératives agricoles bretonnes, toujours basée au Roscoff, est en quelque sorte l’héritier de ces Johnnies !
Roscoff, station maritime
Les eaux de Roscoff abritent une diversité biologique exceptionnelle due au Gulf Stream, aux fortes marées (10,40 mètres de marnage) et à la coexistence de deux écosystèmes d’algues, nordique et méditerranéenne. Cette richesse est à l’origine de la fondation en 1872 par le professeur Henri de Lacaze-Duthiers de la Station Biologique de Roscoff, un centre de recherche et d’enseignement en biologie marine et écologie marine, le premier du genre en Europe. La SBR accueille aujourd’hui environ 200 chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens. Quelques décennies plus tard, en 1899, Roscoff verra également naître la thalassothérapie avec l’installation de l’Institut Rochroum, fondé par le docteur Louis-Eugène Bagot, qui veut exploiter la qualité des eaux marines de Roscoff. Détruit et fermé en 1941 pendant la Seconde Guerre Mondiale, le centre de thalassothérapie rouvre en 1953. Pour la petite histoire, c’est après avoir été soigné au centre thalasso de Roscoff en 1962 suite à un grave accident de la route qui mit fin à sa carrière que le champion cycliste breton Louison Bobet trouva l’inspiration de sa reconversion dans la thalassothérapie.
À voir à Roscoff
- L’église Notre-Dame de Kroaz Batz a été édifiée entre 1522 et 1545 dans un style gothique flamboyant sur un terrain gagné sur les dunes, sur le site d’un ancien embarcadère pour l’île de Batz. Le clocher de style Renaissance a lui été construit en 1585. Ce sont les armateurs de Roscoff, soucieux de marquer leur indépendance par rapport à Saint-Pol-de-Léon, qui ont fait édifier l’église, comme le rappellent les caravelles sculptées sur ses murs ! L’église est entourée d’un enclos paroissial et de deux ossuaires. L’église est classée monument historique depuis 1886.
- La vieille ville et les rues autour de l’église abritent de belles maisons d’armateurs, construites aux 16ème et 17ème siècles. Ces maisons de granit, ouvragées et très confortables pour l’époque, témoignent de la richesse passée de Roscoff. Des circuits d’interprétation et des visites guidées permettent de découvrir tous les secrets de cette vieille ville. Lorsque le soleil couchant vient illuminer ces façades de granit, le spectacle est magnifique ! Pour la petite histoire l’une des maisons, dite « maison de Marie Stuart« , aurait hébergé en 1548 l’héritière du trône d’Ecosse et future reine de France, alors âgée de 6 ans.
- Le Vieux Port (ainsi appelé par opposition au nouveau port en haut profonde de Bloscon qui accueille les ferries à destination de l’Angleterre et de l’Irlande) a été construit au 16ème siècle. C’est là que battait le coeur économique de Roscoff à son apogée ! Aujourd’hui le port n’accueille plus que quelques bateaux de pêche, des navires de plaisance et la navette vers l’île de Batz. Le port est dominé par le phare de Roscoff, construit en 1932 en remplacement de feux construits dans les années 1880. La promenade à ne pas manquer sur le port est une marche sur l’estacade, une passerelle s’avançant sur près de 600 mètres dans la mer et se terminant par la cale permettant d’embarquer pour l’île de Batz à marée basse. Gros bol d’air iodé assuré et jolie vue sur la vieille ville.
- Installée près de la gare de Roscoff dans une petite ferme traditionnelle , la Maison des Johnnies et de l’oignon de Roscoff est un musée qui retrace l’histoire de ces marchands roscovites qui traversèrent la Manche pour vendre leurs oignons en Grande-Bretagne dès les milieu du 19ème siècle. Tarif : 4 € par adulte, tarifs réduits pour les enfants et les familles.
- A l’est du vieux port, la minuscule chapelle Sainte Barbe a été construite en 1619 sur une butte dominant la pointe du Bloscon. Elle est dédiée à la sainte patronne de Roscoff. Ses murs blanchis à la chaux servaient d’amer aux marins. La chapelle n’est plus utilisée qu’une seule fois dans l’année, le troisième lundi de juillet, à l’occasion du pardon de Sainte-Barbe.
- A l’entrée de la ville en venant de Saint-Pol-de-Léon, le Jardin exotique de Roscoff présente 3500 espèces exotiques qui raviront les amateurs de botanique. C’est la douceur du climat de Roscoff qui a permis à ces plantes de l’hémisphère sud de s’épanouir ici. Plus d’informations sur le site des Jardins Exotiques de Roscoff.
Informations pratiques
- Roscoff est accessible par la route en quittant la N12 Rennes – Brest au niveau de Morlaix ouest. La ville est également desservie par le TER en correspondance avec le TGV à la gare de Morlaix.
- L’office de tourisme de Roscoff se trouve sur le vieux port juste à côté du phare. L’office de tourisme est également présent bien sûr sur le web : www.roscoff-tourisme.com.
Super article sur Roscoff ! Si vous souhaitez par ailleurs plus d’informations sur le port de plaisance, venez visiter notre page dédiée :
http://uprb.org/port-roscoff-bloscon