Penmarc’h et le phare d’Eckmühl
Penmarc’h (« tête de cheval » en breton, qui a donné au Pays Bigouden son ancien nom, Cap Caval) se situe à l’extrême ouest du Pays Bigouden, sur une large péninsule au relief peu élevé s’avançant dans la mer, soumise aux colères régulières de l’Atlantique. La commune se compose en fait de quatre villages : le bourg (autrefois appelé Tréoultré), dans les terres, puis trois hameaux portuaires, Saint-Guénolé, Saint-Pierre (et le célèbre phare d’Eckmühl) et Kérity. Penmarc’h a connu son heure de gloire aux 14ème et 15ème siècles. Grâce à la pêche (en particulier la morue), au commerce (chanvre, toile, bestiaux, céréales, …), en particulier vers l’Espagne, et à l’industrie textile, Penmarc’h était alors une des villes les plus prospères de Bretagne. Mais la concurrence des ports de la Manche (qui pêchaient la morue du côté de Terre-Neuve), les pillages de la Marine anglaise et surtout le massacre commis en 1595 par le brigand Guy Éder de La Fontenelle, ruinent la ville qui compte moins de 1000 habitants en 1800 alors qu’elle en avait compté jusqu’à 10 000 à son apogée. Penmarc’h retrouve la prospérité dans la seconde moitié du 19ème siècle grâce à l’essor des conserveries et de la pêche sardinière. Mais la crise de la sardine au début du 20ème siècle replonge Penmarc’h dans la misère, comme beaucoup de ports du sud de la Bretagne. Aujourd’hui la pêche reste la principale activité économique de Penmarc’h grâce au port de Saint-Guénolé, un des principaux ports de pêche français.
Le phare d’Eckmühl
La Pointe de Penmarc’h est un endroit redoutable et redouté de tous les navigateurs, ses côtes escarpées et ses courants en font un réel cauchemar à qui s’y aventure de trop près. Depuis le XVème siècle, la côte était signalée, par une tour à feu puis par un premier phare, mais avec l’augmentation du trafic, celui-ci devint désuet. C’est pourquoi la construction d’un phare adapté fut décidée à la suite d’un legs de 300 000 francs (de l’époque) de la Marquise de Bloqueville, fille du Maréchal Louis Nicolas Davout, Duc d’Auerstaedt, Prince d’Eckmühl.
Ma première et ma plus chère volonté est qu’il soit élevé un phare sur quelque point dangereux des côtes de France non miné par la mer. J’aimerais que le phare d’Eckmühl fut élevé là, mais sur quelque terrain solide, granitique, car je veux que ce noble nom demeure longtemps béni. Les larmes versées par la fatalité des guerres que je redoute et déteste plus que jamais, seront ainsi rachetées par les vies sauvées de la tempête…
Extrait du testament de la Marquise de Blocqueville, en date du 2 Février 1885.
Sa construction fut commencée en 1893 et son inauguration eut lieu le 17 octobre 1897 pour un coût final de 550 000 francs. Du haut de ses 65 mètres et de ses 272 marches, entièrement construit en granit de Kersanton, sa portée est de 24 milles marins et donne un éclat toutes les 5 secondes. L’intérieur est revêtu de plaques d’opaline, les serrureries et les rampes sont en bronze poli. Aujourd’hui, le phare brille encore de ses éclats mais son utilité marine est remise en question par de nouvelles techniques de navigation comme le GPS qui le relègue au rang d’un coûteux élément de décoration. Pourtant, pour les marins locaux, son utilité reste bien réelle. Un programme de rénovation devrait voir le jour, il ne reste plus qu’à trouver les fonds … Les visites sont suspendues pour le moment, le programme de rénovation pose certains problèmes, à savoir que pour assurer la parfaite rotation de la lentille, la tourelle a été posée sur une assiette qui contient 500 litres de mercure ! Or le réservoir montre aujourd’hui des signes de vétusté, en d’autres termes, on risque la fuite !!! Aux dernières nouvelles, il était question de déposer l’entièreté de la tourelle par hélicoptère. D’où l’énormité du coût mais le risque de voir s’épancher 500 litres de mercure à 50m de la mer … Les ingénieurs des phares et balises étudient le problème. A suivre … Un musée au pied du phare présente des expositions temporaires. Derrière le phare se situe le local du Papa Poydenot, canot de sauvetage restauré par une association.
Saint-Guénolé
C’est aujourd’hui à Saint-Guénolé que bat le coeur économique de Penmarc’h. Ce hameau situé dans le nord-ouest de la commune à l’extrémité sud de la baie d’Audierne abrite en effet un important port de pêche, le cinquième de France en tonnage, le septième en valeur. Les principales espèces débarquées sont la sardine, le merlu, le cabillaud, la lotte et l’églefin. Saint-Guénolé était le terminus du train birinik, une ligne ferroviaire à voie métrique, qui desservait les villages de la côte sud du Pays Bigouden (Plobannalec-Lesconil, Treffiagat, Le Guilvinec, Kérity, Penmarc’h) depuis Pont l’Abbé jusqu’en 1963. Cette ligne joua un rôle important dans l’essor de l’industrie de la pêche et du tourisme en Pays Bigouden. Le village est également connu pour ses rochers de Saint-Guénolé, un ensemble de chaos rocheux en bord de mer dont les formes parfois animales attisent l’imagination. Une croix sur les rochers commémore une tragédie survenue le 10 octobre 1870 : alors qu’ils pique-niquent sur les rochers, le Préfet du Finistère, Gustave Levainville, sa femme, sa fille et trois autres personnes sont emportés par une vague déferlante.
Kérity
Au sud de la commune, Kérity fut au Moyen-Age le plus important port du Pays Bigouden, grâce à la pêche et surtout au transport de marchandises. Quelques maisons d’armateur sur les quais rappellent cette prospérité passée. Mais le port est aujourd’hui consacré à la plaisance depuis que les derniers bateaux de pêche ont rejoint Saint-Guénolé à la fin des années 90. Kérity marque le début de la longue plage du Steir qui s’étend jusqu’au Guilvinec.