Le Bagad de Lann-Bihoué
Implanté sur la base aéronavale de Lann-Bihoué, à côté de Lorient, le bagad de Lann-Bihoué est sans aucun doute le plus populaire de tous les bagadoù. Sans doute l’effet Alain Souchon qui lui a consacré une fameuse chanson en 1977. Et l’effet des pompons rouges, dont on dit qu’ils portent bonheur !
Le bagad naît un peu par hasard fin août 1952 au poste des maîtres de la base aéronavale de Lann-Bihoué … à l’heure de l’apéro ! Et oui, il faut bien étancher sa soif face aux grandes chaleurs estivales du sud de la Bretagne ! Le Maître-Principal Pierre Roumegou découvre dans la poche d’un visiteur une bombarde, un instrument dont il n’a pas joué depuis 1924 … Mais comme le vélo ça ne s’oublie pas ! Au son de la bombarde, les officiers quittent les tables et se mettent à danser ! Pierre Roumegou vient sans le savoir de lancer le bagad de Lann-Bihoué. Dans les semaines qui suivent, des matelots amateurs de musique bretonne se réunissent avec leurs cornemuses et leurs bombardes, apprennent à jouer ensemble et à marcher au pas.
La Marine Nationale soutient l’initiative et permet au bagad de faire sa première aubade. Le Maître-Principal Delcluze étant le premier « penn bagad » à lancer le fameux « Waraok kit » (« en avant, marche »). Il laisse sa place en 1953 au Maître-Principal Roumegou. La naissance du Bagad de Lann-Bihoué est officialisée par un décret ministériel en 1956. En 1957, le bagad embarque sur le porte-avions Bois-Belleau et part à la conquête de Casablanca, Fort de France (Martinique) ou New York, remportant un gros succès.
Le bagad de Lann-Bihoué sous Marcel Faure
Face au succès croissant du bagad et aux difficultés de recrutement (les membres du bagad ne se recrutaient que sur la base de Lann-Bihoué), la Marine Nationale élargit en 1962 le recrutement à tous les appelés du contingent. Elle charge Polig Montjarret (président de la Bodadeg Ar Sonerien, l’assemblée des sonneurs bretons) de recruter les meilleurs musiciens bretons en âge de faire leur service militaire.
A la même époque, le Maître-Principal Roumegou prend sa retraite après près de 10 ans à la tête du bagad. Il laisse sa place au Maître-Principal Marcel Faure qui, s’il n’a pas de sang breton dans les veines, n’en est pas moins un amoureux de la musique bretonne. Sous sa direction, le bagad va progresser en popularité et parcourir le monde. Il accompagne en particulier le Général De Gaulle au Québec en 1967, où il lancera son fameux « Vive le Québec libre » !
Mais en 1969, l’Amiral Patou, ministre d’Etat chargé de la Défense Nationale, annonce la dissolution (pour des raisons budgétaires ?) du Bagad de Lann-Bihoué … Sous l’impulsion de Marcel Faure, la Bretagne se mobilise pour sauver son bagad ! Politiques de tous bords, journalistes et amoureux du bagad font pression sur le gouvernement Debré. Finalement ils obtiennent le maintien du bagad de Lann-Bihoué !
Le maître-principal Marcel Faure quitte la tête du bagad en 1973. Mais il reste aujourd’hui l’une des grandes figures du bagad, reconnu pour sa grande psychologie, intransigeant sur le jeu de ses musiciens … mais capable de fermer les yeux quand ses troupes font la fête aux quatre coins du monde (dixit mon père qui a fait partie du bagad dans les années 70) ! Depuis, le bagad n’a cessé de représenter la France et la Marine Nationale (mais aussi, à travers sa musique, la Bretagne) dans le monde entier. Offrant accessoirement l’occasion à des centaines de bretons de découvrir le monde !
Le bagad depuis la fin du service militaire
2001 marque un tournant dans l’Histoire du bagad. Avec la fin de la conscription obligatoire se pose la question de l’avenir du bagad de Lann-Bihoué, composé uniquement d’appelés du contingent. Alors que d’autres bagadoù militaires vont disparaître à cette époque (comme le Bagad Ti Vougeret, du 41ème régiment d’infanterie de Chateaulin), le bagad de Lann-Bihoué devient professionnel. Les musiciens sont désormais des engagés volontaires, titulaire de contrats d’un an renouvelables jusqu’à leurs 24 ans. Ils suivent une formation militaire traditionnelle au centre de Querqueville (près de Cherbourg), touchent une solde équivalente au SMIC (avantages en nature inclus) et sortent du bagad avec le grade de quartier-maître chef. Autre effet de la conscription : les femmes peuvent désormais intégrer le bagad ! Elles ne portent cependant pas le pompon rouge, mais un bicorne !
Le bagad compte aujourd’hui 35 musiciens. Comme c’est le cas depuis la création du bagad, la majorité d’entre eux jouent dans le civil dans d’autres bagadoù bretons. C’est pour cette raison que lors de la Grande Parade du Festival Interceltique de Lorient, on voit des sonneurs de Lann-Bihoué remonter le défilé pour rejoindre leur bagad et défiler une deuxième fois ! Le Bagad de Lann-Bihoué est très sollicité (encore plus depuis sa professionnalisation) et participe à de très nombreuses manifestations dans le monde entier : concerts, festivals, réceptions officielles, fêtes, défilés, émissions de télévision, … Il est en particulier très présent lors des spectacles organisés par le Festival Interceltique de Lorient (Nuit Celtique à Paris entre autres) avec lequel il entretient évidemment d’excellents rapports de proximité !
En 1966 j étais à la base de lann biblique en même temps que Marcel Faure.
beau et très bon bagad.
que cela continue le lus longtemps possible.
kenavo