William Wallace
En 1286, la mort du roi de Alexander III marque la fin d’un règne de près de 200 ans de la dynastie des Canmore sur l’Ecosse. Le trône est alors confié à sa petite-fille, Margaret, princesse de Norvège, âgée de 4 ans et promise au fils de Edward 1er, roi d’Angleterre, aussi appelé Edward Longshanks. Mais la jeune fille meurt lors de son voyage vers l’Ecosse, laissant le trône vide … Deux hommes revendiquent alors le trône d’Ecosse : Robert the Bruce, seigneur de Annandale, et John Balliol, seigneur de Galloway. Les seigneurs écossais demandent à Eward 1er d’arbitrer entre les deux candidats. Et c’est John Balliol qui est choisi par Edward 1er. En fait le roi d’Angleterre espère profiter de la faiblesse de John Balliol pour en faire son pantin et mettre la main sur l’Ecosse … Et effectivement, dès le début du règne de John Balliol en 1292, Edward 1er traite le roi d’Ecosse en vassal : il exige des droits féodaux de l’Angleterre sur l’Ecosse, l’allégeance du nouveau roi d’Ecosse, l’autorité judiciaire du roi d’Angleterre sur le roi d’Ecosse et le soutien financier de l’Ecosse à l’Angleterre dans sa guerre contre la France … Même un roi faible comme John Balliol ne peut accepter ces conditions : il finit par se révolter et signe en 1295 la Auld Alliance avec la France et la Norvège, rassemblés par un ennemi commun, l’Angleterre. Edward 1er n’attendait que ça et sa réaction est sanglante : en 1296, il marche sur l’Ecosse avec une armée de 30 000 hommes, rase les ports de Dunbar et Berwick, massacre les populations écossaises, et prend les châteaux de Berwick, Edimbourg, Roxburgh et Stirling. John Balliol est capturé et incarcéré à la tour de Londres. La noblesse écossaise fait allégeance au roi d’Angleterre, et suprême humiliation, la pierre sacrée de Scone, symbole de la couronne écossaise et à laquelle on prête des vertus magiques, est ramenée à Londres par Edward 1er.
Un homme seul va se dresser contre l’occupant anglais et devenir un des plus grands héros de l’Histoire écossaise. Son histoire va inspirer le film Braveheart, avec Mel Gibson dans le rôle de William Wallace. William Wallace naît dans l’Ayrshire en 1270, fruit de l’union de Malcolm Wallace, petit propriétaire foncier et chevalier peu connu, et de Margaret de Crawford, fille du shérif de Ayr. Enfant, William est élevé par son oncle qui développe ses capacités intellectuelles et son éducation : le petit William est destiné à faire carrière dans l’Eglise. Son oncle lui inculque un goût pour la liberté qui ne le quittera pas jusqu’à sa mort. La vie de William Wallace bascule en 1291 : son père est tué par Fenwick, un chevalier anglais, parce qu’il refusait de se plier à l’autorité du roi anglais Edward Longshanks. William Wallace jure de venger son père, et ce sera chose faite en 1296 : il organise l’attaque d’un convoi mené par Fenwick, tuant tous les soldats anglais, y compris Fenwick. Ce premier exploit de William Wallace, dans une Ecosse à la recherche d’un leader, le porte à la tête d’un immense mouvement de résistance nationale.
Dans les années qui suivent, William Wallace et ses hommes reconquièrent peu à peu l’Ecosse, semant la terreur parmi les troupes anglaises. Si bien qu’en août 1297 seul le nord de l’Ecosse reste aux mains des anglais … Stirling est alors la porte pour accéder au nord de l’Ecosse. Et c’est près de cette belle ville écossaise que William Wallace va remporter sa plus belle victoire. En septembre 1297, John de Warren mène une immense armée anglaise composée de 1 000 cavaliers et 50 000 soldats, avec pour but d’écraser William Wallace et reprendre le contrôle de l’Ecosse. En face, William Wallace, rallié à Sir Andrew de Moray, est à la tête d’une armée de seulement 150 cavaliers et 16 000 soldats, pauvrement armés et inexpérimentés, mais galvanisés par le patriotisme et le rêve de ne plus subir la tyrannie de l’occupant anglais. Mais William Wallace va démontrer de grands talents de stratège : il attend les anglais sur la rive opposée du château de Stirling, les obligeant à traverser un pont pour venir au combat … Alors que les anglais traversent le pont, Wallace lance son armée de paysans à l’assaut de la redoutable armée anglaise. Pris au piège, poussés vers une mort certaine par le reste de l’armée anglaise, les soldats anglais sont massacrés par une armée écossaise déchaînée. En une heure, les écossais remportent la victoire et reprennent Stirling, libérant presque entièrement l’Ecosse et détruisant le mythe de l’armée anglaise invincible. Wallace poursuit sa course vers le nord de l’Angleterre et ravage les comtés de Northumberland et Cumberland. A son retour en Ecosse en décembre 1297, il est promu chevalier et « Gardien » du royaume de l’Ecosse.
Le roi anglais Edward Longshanks oublie vite la déroute de Stirling … En 1298 il envahit à nouveau le nord de l’Ecosse et monte une armée de 90 000 soldats équipés avec les techniques les plus modernes, dans le but de reprendre l’Ecosse et d’écraser William Wallace. Près de Falkirk, il inflige une défaite décisive aux troupes de William Wallace : 10 000 soldats écossais meurent, Wallace est obligé de battre en retraite et voit sa réputation militaire s’effondrer. Obligé de se cacher, William Wallace ne peut qu’assister à la reprise en main de l’Ecosse par Edward Longshanks, qui ne se contente pas de l’allégeance de la noblesse écossaise, mais continue de traquer William Wallace. En 1305, William Wallace est trahi par un de ses chevaliers et est capturé par les anglais près de Glasgow. Amené à Londres, il est jugé pour traîtrise au roi d’Angleterre. Mais William Wallace ne se renie pas : « je suis un écossais, né en Ecosse, je n’ai jamais juré allégeance au roi d’Angleterre et je ne reconnais pas la souveraineté de Edward Longshanks sur mon pays » … Le 23 août 1305, William Wallace est exécuté dans les conditions atroces réservées aux traîtres : traîné par des chevaux, pendu, éventré, décapité puis découpé en morceaux … Pour « donner un exemple », Edward Longshanks fait exposer les différentes parties du corps de William Wallace aux quatre coins d’Ecosse … Mais au lieu de détruire l’esprit de liberté chez les écossais, cette exécution ignoble va décupler le sentiment nationaliste écossais, et d’autres hommes vont se dresser contre l’Angleterre, en particulier Robert The Bruce.