L’île de Nantes

par chawax · Publié 31 juillet 2012 · Mis à jour 18 mai 2024 ·Temps estimé de lecture : 5 minutes

L’île de Nantes, également appelée île Beaulieu, est la dernière survivante des travaux de comblement de l’Erdre et de la Loire qui dans l’entre deux guerres, ont bouleversé le visage de Nantes qu’on appelait alors la Venise de l’ouest. L’île de Nantes, en particulier sa pointe ouest, a longtemps été au coeur de l’activité industrielle de la ville. Elle abritait en particulier des raffineries à sucre, des fonderies, des chantiers navals et des activités portuaires. Mais le transfert d’une grande partie des activités portuaires vers le port de Nantes-Saint-Nazaire et la fermeture progressive des sites industriels (en particulier les chantiers navals Dubigeon en 1987) ont laissé une immense friche industrielle à deux pas de l’hypercentre de Nantes. Une telle surface disponible à un tel endroit est une chance unique en Europe ! La métropole de Nantes a donc mis en route un immense projet de reconversion urbaine de cette zone, destinée à devenir un centre économique, administratif, mais aussi un lieu de vie et d’habitat. Depuis le milieu des années 2000, le quartier a donc subi de profondes mutations et fourmille de projets innovants et audacieux sur le plan touristique, culturel et architectural. Un quartier excitant qui se veut la vitrine du Nantes du XXIème siècle !

À voir sur l’île de Nantes (d’ouest en est) :

Le Hangar à Bananes, situé à la pointe ouest de l’île, servait jusque dans les années 70 à stocker et faire mûrir les bananes importées des Antilles. Depuis 2007 les hangars ont été reconvertis en lieu de fête. Désormais le hangar abrite des restaurants, des bars, des discothèques et une salle d’exposition d’art contemporain qui font de ce site un des hauts lieux des nuits nantaises.
Le long de la Loire et du hangar à bananes, les Anneaux de Buren sont une oeuvre de l’artiste Daniel Buren. C’est une des oeuvres pérennes inaugurées lors de la biennale d’art contemporain Estuaire en 2007. L’oeuvre comprend 18 anneaux couleur argent disposés les uns les autres à égale distance le long du quai des Antilles. À travers ces anneaux, le visiteur bénéficie de belles perspectives sur la Loire et sur le centre de Nantes. La nuit les anneaux s’illuminent en alternance en rouge, bleu ou vert. Ces anneaux sont une référence aux Anneaux de la Mémoire, une association qui s’est donnée pour objectif de faire connaître au grand public l’histoire de la traite négrière, “commerce” dans lequel le port de Nantes était un des plus actifs.
La Grue Titan Jaune est un vestige des anciens chantiers navals Dubigeon. Construite en 1954, elle servait à porter des éléments préfabriqués pour la construction de bateaux. Pesant 400 tonnes, haute de 43 mètres, pouvant soulever 80 tonnes, elle mérite bien son qualificatif de titan ! Elle a servi jusqu’en 1987, date de la fermeture des chantiers. Rachetée deux ans plus tard par la ville de Nantes, elle a été rénovée et fait désormais partie du patrimoine nantais. À tel point qu’elle a été classée monument historique en 2024. À ses pieds, les anciennes cales des chantiers et les quais ont été réaménagés en promenades en bord de Loire, très prisées le week-end lorsque le beau temps est de la partie. Une autre grue Titan, grise celle-là, a également été sauvegardée. Située sur le quai Wilson à la pointe ouest de l’île, elle a servi jusqu’en 2003 à la société Pum Chaillous pour décharger des coils (bobines de métal). Elle a échappé de peu à la destruction grâce à la mobilisation de nantais qui ne voulaient pas voir disparaître ce vestige de l’activité portuaire en centre-ville.
L’ancien site des chantiers navals Dubigeon a été transformé en parc en bord de Loire. Jardins et espaces de jeux permettent aux familles de se détendre en bord de Loire … et de parfois croiser un éléphant géant ! C’est en effet dans les nefs des chantiers que se sont installées les célèbres et incroyables Machines de l’île ! L’ancien bâtiment des Ateliers et Chantiers de Nantes abrite lui la Maison des Hommes et des Techniques. Cette association s’est donnée pour objectif de maintenir la mémoire industrielle de Nantes, en particulier à travers des expositions permanentes sur la construction navale à Nantes.
Derrière les anciennes nefs des chantiers navals, La Fabrique est un nouvel équipement culturel municipal inauguré en 2011 et dédié “aux musiques actuelles, aux arts numériques et aux pratiques émergentes”. Le complexe est composé de deux bâtiments : le premier, de couleur tôle et accolé aux nefs, abrite des salles de concert ; le deuxième, basé sur un ancien blockhaus, abrite des studios de répétition et d’enregistrement.
Le long de la Loire sur le quai François Mitterrand le Palais de Justice a été inauguré en 2000 et était la première pierre du projet de reconversion de l’île de Nantes. Il est l’oeuvre de l’architecte Jean Nouvel. Son aspect extérieur austère rappelant plus une prison qu’un palais de justice a fait débat dans un premier temps. Mais les constructions plus colorées qui ont poussé autour depuis ont atténué quelque peu cet aspect massif. Le Palais de Justice est relié au centre-ville par la passerelle Victor-Schœlcher, baptisée en l’honneur de celui qui obtint l’abolition de l’esclavage en 1848 (un symbole fort dans une ville qui fut le premier port négrier de France et a considérablement profité de ce commerce horrible).
Derrière le Palais de Justice, les anciennes Halles Alstom accueillent le Quartier de la Création. Autour de l’Ecole des Beaux Arts de Nantes, il regroupe des artistes, des petites entreprises créatives, des activités de recherche et de formation. Quelques immeubles frappent par leur audace architecturale : Manny, un étonnant bâtiment drapé dans une résille métallique protectrice, L’île Rouge, recouvert d’acier Corten qui lui donne un aspect rouillé ou encore la Maison de l’Avocat, un bâtiment translucide qui héberge le Barreau de Nantes.
La nouvelle École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes abrite des espaces d’exposition ouverts au public. Sur le toit une vaste terrasse offre une vue imprenable sur Nantes. Sur le parvis, un étrange bâtiment bleu difforme abrite un café snack, L’Absence. Le long des quais, belle promenade et restaurants pour se détendre.
La Maison des Syndicats, livrée en 2001, est l’un des plus anciens projets de l’île de Nantes. Elle est installée boulevard de la Prairie au Duc dans l’ancienne Gare de l’État, construite à la fin du XIXème siècle et classée monument historique.
La raffinerie à sucre Beghin Say, construite en 1936, est l’héritière de l’industrie de raffinage du sucre qui a pendant longtemps tiré l’activité portuaire à Nantes (la ville en a compté jusqu’à une vingtaine !). Repeinte en bleu à l’occasion d’une rénovation en 1991 qui lui a donné un charme certain, elle domine l’île de Nantes de ses 7 étages et sa cheminée de 40 mètres. L’usine ne raffine plus de sucre depuis 2009 et se consacre aujourd’hui uniquement au conditionnement du sucre.
Au coeur de l’île de Nantes le long du boulevard Vincent Gâche, les Fonderies sont un quartier situé à l’emplacement des anciennes Fonderies de l’Atlantique. Les halles réhabilitées abritent un agréable jardin public. On y a également conservé et réhabilité un four, témoin du passé industriel du site. Autour des immeubles résidentiels à l’architecture audacieuse jouent sur les couleurs improbables ou les textures réfléchissantes.

Pour plus d’informations sur les projets réalisés et à venir sur l’île de Nantes, vous pouvez consulter le site web du projet : www.iledenantes.com. Le hangar 32 sur le quai des Antilles près de la Grue Titan Jaune présente également une exposition permanente (ouverture du vendredi au dimanche de 14h à 18h).