Charles Marion, photographe de mer
Les rencontres ont forgé ce projet. Tous les gens que j'ai rencontré pour La Mer & ses Hommes m'ont marqué. C'est cet ensemble de rencontres qui a construit ce livre.
Charles Marion, jeune photographe nantais, membre du collectif Breizhscapes, vient de publier un superbe livre photo, « La mer & ses hommes », dans lequel il nous invite à découvrir le monde maritime et les hommes qui y travaillent : phares, marine marchande, sauvetage en mer, voile, Marine Nationale, etc… Il a eu la gentillesse de répondre à quelques questions pour nous présenter son travail.
Peux-tu te présenter ?
Charles MARION, je suis nantais de 28 ans et photographe professionnel depuis 4 ans. Après mon BTS d’Opticien Lunetier et trois années et demi de travail en magasin d’optique, j’ai décidé de changer de vie en tentant l’aventure dans la photographie. Dans mon enfance, une image m’a particulièrement touché. Celle du gardien de phare de la Jument, Théodore Malgorne, photographié par Jean Guichard à la porte de son phare, alors qu’une vague monstrueuse semble tout engloutir. Cette image a fait le tour du monde et m’a toujours fais rêver.
Tu fais partie du collectif de photographes Breizhscapes. Peux-tu nous présenter ce groupe de photographes ?
Il s’agit d’une des rencontres les plus passionnantes que j’ai réalisé dans ma toute jeune carrière de photographe. Né de l’envie de partager des expériences photographiques en 2012, le collectif se compose de 6 Bretons passionnés par la beauté de ce territoire. Nicolas Le Dilhuit, Philippe Manguin, Mathieu Rivrin, Fabrice le Borgne, Ronan Follic et moi partageons nos images sur notre page Facebook collective à raison d’une photo tous les deux jours. Un magazine gratuit (Breizhscapes Mag) est également publié tous les 3 ou 4 mois et recueille nos plus belles créations. Forts de 29 000 « fans », nous avons décidé l’an dernier d’éditer un livre regroupant nos plus beaux clichés de Bretagne « Regards Croisés en Bretagne » en auto-édition. Prix 24,90€. Chaque année, nous nous retrouvons pour une ou deux sorties photos afin de partager des moments privilégiés.
Tu viens de sortir un livre photo « La mer & ses hommes ». Pourquoi ce sujet ?
Cela fait maintenant 4 ans que je fais de la photographie sur le monde de la mer. Au gré de mes embarquements, je me suis rendu compte de l’importance de l’image mais également de la force des mots et des histoires. Faire un parallèle entre ma propre expérience marine et mettre en avant 12 marins était mon objectif. Pour cela, je suis allé à la rencontre de marins de tous horizons durant 2 ans pour capturer des instants de vie privilégiés en mer et ramener des témoignages uniques. En 152 pages, « La Mer & ses Hommes », livre auto-édité sorti en avril 2016, écrit avec deux marins d’expérience Patrice Carpentier et Pascal Le Claire, offre aux lecteurs la possibilité de voler en rafale Marine; au dessus des tempêtes en mer d’Iroise; d’embarquer sur des bateaux de la marine nationale; naviguer aux côtés de l’Abeille Bourbon…
Comment s’est organisé ce projet ?
J’ai mis 2 ans 1/2 pour réaliser mes reportages et publier mon livre. Entièrement financé sur mes fonds propres et sans aucune entrée dans le monde marin, ce livre était un énorme challenge personnel. Concernant mes prises de vues avec la Marine nationale, je suis heureux d’avoir pu signer un partenariat ce qui m’a offert la possibilité de réaliser certaines images exceptionnelles comme lors de mon vol rafale ou de mes prises de vues sur un SNLE. Le livre a été financé sous la forme d’un financement participatif. Via le site Ulule, j’ai pu enregistrer 550 précommandes qui ont été essentielles pour me permettre de financer les frais d’impressions. A ce jour, ce sont plus de 800 livres qui ont été diffusés partout dans le monde en à peine un mois.
Dans ce livre on voit des images plutôt rares de l’Abeille Bourbon, de la SNSM, de la Marine Nationale, … Comment on accède à ces milieux plutôt fermés ?
Parler de la mer et des marins sans mettre en avant l’Abeille Bourbon, la SNSM et ses bénévoles, la Marine nationale m’était impossible. Mon envie de faire un beau livre qui se démarque de ce que l’on peut trouver actuellement sur le marché a probablement été le point de départ de toutes ces prises de vues. Après, il faut beaucoup travailler pour réaliser des images que les autres n’ont pas ou peu faites…
Ton livre propose de superbes photos de voiliers. C’est un milieu que tu apprécies particulièrement ?
Effectivement. Les courses à la voile offrent des émotions, du graphisme, des scènes d’action… Bref, tout ce que j’apprécie. A moi de bien faire le job pour tenter de faire des images que les autres ne feront pas. D’où, parfois, l’utilisation de l’hélicoptère, vers midi les jours de grand soleil, pour jouer avec les ombres, les spis …
Est-ce qu’il y a une photo ou une série de photos dont tu es particulièrement fier dans ce livre ?
J’avoue que le vol en mer d’Iroise avec l’Abeille Bourbon a probablement été le moment le plus fort émotionnellement du livre. Je souhaitais mettre en avant la puissance de ce remorqueur. Pour cela, nous sommes descendus très bas dans la houle. Ma photographie de couverture a quasiment été faite plus bas que le bateau…alors que nous étions en hélico ! Je t’avoue qu’après les minutes de vol sur l’Abeille, nous avons décidé de nous poser à Ouessant avec Pierre de Brissac – le pilote – pour reprendre des forces autour d’un bon steak frites, et permettre de faire « un peu » redescendre l’excitation de ce moment unique.
Et des photos que tu aurais aimé faire mais que tu n’as pas pu ?
Je rêve d’embarquer à bord du Porte Avions Charles de Gaulle, mais l’actualité ne m’a pas offert cette possibilité.
Un tel projet ce sont aussi des rencontres. Est-ce que certains des personnages que tu as croisés t’ont particulièrement marqué ?
En effet. Mon objectif était de ramener des images. Mais également des témoignages. Il était hors de question de faire un énième livre sur la mer. Je voulais que le livre raconte des histoires; mais reste un livre d’images agréable à lire et relire … Les rencontres ont forgé ce projet. Tous les gens que j’ai rencontré pour La Mer & ses Hommes m’ont marqué. C’est cet ensemble de rencontres qui a construit ce livre.
Est-ce qu’il y a un endroit que tu apprécies particulièrement en Bretagne (niveau photo) et pourquoi ?
Il n’y en a pas qu’un ! Mais je serais tenté de te parler de l’île d’Ouessant. J’aime les phares, les tempêtes, les récits de sauvetages… Mon coeur va naturellement vers ce coin magique de Bretagne. Quoi de plus beau que de voir le soleil se coucher et d’observer l’allumage progressif des phares de l’Iroise…
Est-ce que tu as d’autres projets photos ?
Mon travail actuel est déjà de faire connaître mon livre et de partager ces deux années de rencontres exceptionnelles entre ciel et mer avec le plus grand nombre. Mais en effet, je réfléchis à un prochain projet mais il est trop tôt pour en parler. Je ne veux pas me répéter. Il faut trouver quelque chose de nouveau.
Un mot pour terminer ?
Jusqu’à la fin du mois d’avril, j’expose mes images à l’Espace Ecureuil, 1 rue Racine à Nantes. Je suis vraiment heureux de voir des gens de tous âges venir me rendre visite. Signe que la mer et les histoires qui en découlent passionnent bon nombre de personnes …
Retrouvez Charles Marion sur son site internet, www.charlesmarion.fr, ainsi qu’au sein du collectif Breizhscapes sur www.breizhscapes.com.
Ce n’est pas très courant de rencontrer des photographes de mer. Super interview 🙂
la Bretagne et seule cette province semble capable de rivaliser avec la beauté sauvage de des îles anglaises.
J’aime la Bretagne, j’y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j’entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture