Presqu’île de Quiberon
Haut lieu du tourisme en Morbihan et en Bretagne, la presqu’île de Quiberon s’étire sur 14 kilomètres face à Belle-Île-en-Mer, Houat et Hoëdic. La beauté de sa côte sauvage, son animation permanente et son climat privilégié (le plus ensoleillé de Bretagne !) attirent la foule l’été. Ceux qui préfèrent la tranquillité apprécieront hors saison les charmes de cette presqu’île, en particulier de sa côte sauvage qui offre un spectacle fascinant lors des tempêtes automnales et hivernales.
La presqu’île de Quiberon, une ancienne île
La presqu’île de Quiberon est aujourd’hui rattachée au continent par un isthme large d’une centaine de mètres seulement dans sa partie la plus étroite. Mais il n’en a pas toujours été ainsi : au 11ème siècle la presqu’île de Quiberon était encore une île ! Mais l’action humaine, en particulier le déboisement massif, ont favorisé le dépôt par les courants marins de sable, de galets et d’alluvions. Ils ont donné naissance, dans la continuité de la côte sableuse depuis Étel, à un tombolo qui relie la désormais ancienne île au continent. Mais il est fort possible qu’avec le réchauffement climatique et l’élévation du niveau des océans la presqu’île de Quiberon redevienne une île dans quelques décennies.
L’expédition de Quiberon
La presqu’île de Quiberon fut le théâtre en 1795 d’un des grands événements de la Révolution Française : l’expédition de Quiberon. Le 23 juin 1795, alors que la Chouannerie soulève l’ouest de la France, 5 400 émigrés royalistes ayant fui en Angleterre après 1789 débarquent à Carnac. Ils se joignent à une armée de 12 000 Chouans morbihannais pour tenter de renverser la République naissante. D’abord mise en difficulté, l’armée républicaine menée par le Général Hoche profite des divisions au sein du commandement royaliste pour se réorganiser et contre-attaquer. Repoussés sur la presqu’île de Quiberon, les royalistes se retranchent dans le fort de Penthièvre. L’armée républicaine donne l’assaut le 20 juillet, les royalistes capitulent le lendemain. L’échec de cette opération de contre-révolution ne marqua pas la fin de la chouannerie mais elle constitua un tournant et fut un coup dur pour le parti royaliste.
Quiberon et la pêche sardinière
À partir du 17ème siècle, la pêche à la sardine se développe en Bretagne, en particulier à Douarnenez. On utilise alors la technique de la presse pour conserver les sardines : les sardines sont pressées avec du sel dans une barrique et peuvent ainsi être conservées plusieurs mois. Mais l’invention en 1810 de la “conserve apertisée” par le chimiste Nicolas Appert va donner naissance à une véritable industrie sardinière en Bretagne. Ce procédé consistant à stériliser les aliments en les chauffant dans des contenus hermétiques permet de conserver les aliments plusieurs années. Dès le début du 19ème siècle de nombreuses “usines à sardines” s’installent à Port Maria et Quiberon devient le premier port sardinier de France. Les hommes embarquent sur des chaloupes pêcher la sardine au large des côtes bretonnes tandis que les femmes travaillent dans les usines pour les mettre en conserve. Quiberon comptera jusqu’à 14 conserveries sur les 200 environ que compte la France à la fin du 19ème siècle. Malgré la crise sardinière de 1902 à 1909, l’industrie continue à se développer jusqu’au début du 20ème siècle. Mais la raréfaction de la ressource après la Seconde Guerre Mondiale marque le déclin de l’activité. Aujourd’hui seules deux conserveries subsistent à Quiberon : La Quiberonnaise, située à Port Maria, et la Belle-Iloise, dans une ZAC à l’entrée de Quiberon, toutes deux avec un positionnement haut de gamme. Vous pourrez faire le plein de conserves dans les magasins des deux institutions ! Au passage la Belle-Iloise propose également des visites guidées gratuites de son usine.
Quiberon station balnéaire
Sa situation géographique et son climat ensoleillé font de la presqu’île de Quiberon une destination balnéaire réputée depuis longtemps. De fait dès l’émergence de la mode des stations balnéaires à la fin du 19ème siècle, Quiberon attire de nombreux touristes. Une affluence favorisée par l’ouverture en 1882 d’une ligne de chemin de fer entre Auray et Quiberon. Un train surnommé “le train des cocus” car les hommes d’affaires trop occupés pendant la semaine l’empruntaient pour rejoindre leurs femmes le week-end, mais Dieu seul sait ce qu’elles faisaient pendant la semaine ! La ligne est encore ouverte aujourd’hui pendant la saison estivale. Elle est surnommée “le tire-bouchon” car elle permet d’éviter les nombreux encombrements routiers estivaux sur l’unique route d’accès à la presqu’île. L’histoire ne dit pas si le train transporte toujours de nombreux cocus ! Outre ses nombreuses plages de sable fin (situées surtout sur la façade est de la péninsule), Quiberon compte un casino (ouvert en 1893) ainsi qu’un centre de thalassothérapie ouvert en 1964 et dont le premier directeur fut l’ancien champion cycliste breton Louison Bobet.
La côte sauvage de Quiberon
Du petit port de Portivy, à l’entrée de la presqu’île, jusqu’aux portes de Quiberon, la Côte Sauvage enthousiasmera les amoureux de paysages côtiers spectaculaires. Si la côte est de la presqu’île est fortement urbanisée, la côte ouest l’est beaucoup moins du fait de son exposition aux vents et aux colères de l’océan Atlantique. Elle a donc conservé un aspect sauvage et forme sur environ 8 kilomètres une succession de falaises rocheuses et de plages de sable fin qui font le bonheur des photographes … et des amateurs de sports de glisse ! Une grande partie de la côte sauvage est propriété du Conservatoire du Littoral. Un itinéraire routier longe la côte, des parkings permettant d’accéder aux différentes plages et pointes. Mais c’est évidemment à pied (le GR34 parcourt l’ensemble de la côte sauvage) ou en vélo qu’on profite le mieux du paysage ! Parmi les incontournables de la côte sauvage : la pointe de Beg en Aud, la pointe du Percho, la plage de Port Blanc et sa fameuse arche ou encore la plage de Port Bara. Attention : la baignade est interdite sur l’ensemble de la côte sauvage (même si certains bravent l’interdiction …) en raison de l’absence de surveillance et des fortes vagues qui balaient fréquemment la côte. Pour vous baigner, il faudra plutôt aller au coeur de Quiberon ou sur la côte est de la presqu’île.
À voir également sur la presqu’île de Quiberon
Outre ses plages et sa côte sauvage, la presqu’île de Quiberon compte d’autres points d’intérêt touristiques que je vous invite à découvrir en la parcourant dans le sens des aiguilles d’une montre.
- À l’entrée de la presqu’île, le fort de Penthièvre a été construit suite à une attaque anglaise sur Lorient et la presqu’île de Quiberon en 1746. Son nom est un hommage à Louis Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre et gouverneur de Bretagne de l’époque. Le fort sera au coeur de l’expédition de Quiberon en 1795 (voir plus haut). Le bâtiment a été classé monument historique en 1933. Depuis 1969, il sert de base d’entraînement pour le 3ème RIMA (régiment d’infanterie de marine) de Vannes. De part et d’autres du fort, la longue et sauvage plage de Penthièvre (15 kilomètres de long) est le paradis des amateurs de surf, de planche à voile, de kite surf ou de char à voile.
- Au début de la côte sauvage le petit port de Portivy est un ancien village de pêcheurs et l’un des rares abris en cas de gros temps dans cette portion de la côte bretonne. En s’aventurant derrière le port, on découvre des ruelles et des maisons basses pleines de charme, blotties les unes contre les autres, très caractéristiques de l’architecture des villages de pêcheurs de la côte sud de la Bretagne de Lorient à Saint-Nazaire.
- En arrivant à Quiberon, au bout de la côte sauvage, on découvre la silhouette très caractéristique du Château Turpault, un des symboles de la presqu’île, se dressant au milieu des landes sur la pointe de Beg er Lann. Ce manoir de style anglo-médiéval fut construit en 1904 par Georges Turpault, un industriel de Cholet. C’est une propriété privée qui ne se visite pas.
- Au coeur de Quiberon, Port Maria est le principal port de pêche de la presqu’île. Il compta jusqu’à 13 conserveries, mais aujourd’hui seule subsiste La Quiberonnaise. Un magasin d’usine en vente directe permet d’ailleurs de découvrir les produits de la conserverie. Le port abrite également la gare maritime d’où partent les bateaux vers Belle-Île en Mer, Houat et Hoëdic. Port Maria compte par ailleurs une plage, coincée entre le port de pêche et la gare maritime.
- Non loin de là la Grande Plage est au coeur de la station balnéaire de Quiberon. La plage est dominée par de belles maisons du début du 20ème siècle. Nombreux bars et restaurants le long de la promenade. Les gourmands ne manqueront pas un détour aux Niniches , magasin qui vend les “niniches”, ces sucettes typiques de Quiberon, souvent aromatisée au caramel, fabriquées par la confiserie L’Armorine depuis 1946.
- À l’extrémité de la presqu’île la pointe du Conguel s’étire sur un kilomètre. Cette zone sauvage est protégée par le Conservatoire du Littoral. Au bout de la pointe on a un magnifique panorama sur les îles du large : Belle-Île en Mer, Houat et Hoëdic.
- En remontant la côte est de la presqu’île, Port Haliguen est un ancien port de pêche transformé en port de plaisance. Sa position est idéale pour les plaisanciers qui naviguent au large du Golfe du Morbihan. En 1899, le capitaine Dreyfus y fut débarqué pour rejoindre Rennes où se déroula son deuxième procès. Une plaque sur les quais commémore cet événement.
- Au coeur de Saint-Pierre de Quiberon, les alignements de Kerbourgnec sont le principal site mégalithique de la presqu’île. L’ensemble est composé d’un cromlech de 27 pierres et d’un alignement de 23 menhirs. D’autres monuments mégalithiques parsèment la presqu’île. Pas une surprise tant la côte sud du Morbihan est riche en monuments mégalithiques !