Saint-Nazaire
Ville récente et industrielle, rasée pendant la Seconde Guerre Mondiale puis reconstruite après guerre, Saint-Nazaire ne fait pas partie de ces villes qui séduisent d’emblée le visiteur par sa beauté architecturale ou la richesse de son patrimoine. Mais visiter Saint-Nazaire c’est s’embarquer dans une fabuleuse aventure industrielle née il y a un peu plus de 150 ans !
Histoire de Saint-Nazaire
Au début du 19ème siècle Saint-Nazaire n’est qu’un modeste village côtier, coincé entre l’estuaire de la Loire, l’océan et les marais de Brière. Le village vit grâce aux lamaneurs et aux pilotes de Loire qui guident les navires dans l’estuaire. Il est également le point de départ d’un service de bateaux à vapeur vers Nantes. Mais au milieu du 19ème siècle un nouveau Saint-Nazaire voit le jour : la ville devient le port avancé de Nantes pour les navires à gros tonnage ne pouvant plus remonter la Loire jusqu’à la Cité des Ducs de Bretagne à cause de l’ensablement du fleuve. Le premier bassin est creusé en 1856 et le chemin de fer relie Nantes à Saint-Nazaire dès 1857. Mais c’est l’année 1862 qui va définitivement forger le destin industriel de la ville : la Compagnie Générale Transatlantique (la « Transat ») s’installe à Saint-Nazaire et ouvre des lignes maritimes vers l’Amérique Centrale (Panama, Mexique, Cuba, Antilles, …). Rapidement Saint-Nazaire devient le deuxième port transatlantique en France après Le Havre. Pour respecter une convention passée avec l’État qui impose à la compagnie de faire construire au moins la moitié de sa flotte en France, « la Transat » fait appel à la société écossaise Scott pour construire sur place des paquebots à coque en fer. En 1864 sort des chantiers Scott le premier paquebot d’une longue lignée, l’Impératrice Eugénie. Pendant des décennies, sous l’impulsion de la construction navale (après la faillite des chantiers Scott les chantiers de Penhoët et de la Loire prennent la relève) et du trafic portuaire toujours plus important, la ville connaît une croissance exponentielle et passe de 800 habitants en 1860 à 30 000 en 1900 ! La « petite Californie bretonne » attire essentiellement une population locale, venue des proches marais de Brière, du Morbihan et du sud du Finistère.
Le trafic portuaire atteint son apogée pendant la Première Guerre Mondiale ; Saint-Nazaire est le principal port de transit des troupes et du matériel miliaire américain. Mais le départ des troupes américaines après la guerre marque le déclin de l’activité portuaire. Pour compenser la baisse de l’activité les chantiers navals se diversifient dans la construction aéronautique, ouvrant une nouvelle voie industrielle à la ville de Saint-Nazaire. Mais la crise de 1929 frappe durement Saint-Nazaire : les lignes transatlantiques sont peu à peu transférées vers Le Havre, les forges de Trignac ferment et des mouvements sociaux durs paralysent la ville. La page des lignes transatlantiques à Saint-Nazaire se ferme définitivement après la Seconde Guerre Mondiale : les Allemands construisent sur le port une base de sous-marins destinée à ravitailler les sous-marins engagés dans la bataille de l’Atlantique. Elle devient une cible pour les Alliés qui, faute de réussir à détruire la base, essaient de couper ses approvisionnements en bombardant massivement la ville. Au sortir de la guerre, il ne reste plus grand chose de Saint-Nazaire, détruite à 80% …
La reconstruction de la ville entre 1945 et 1960 s’effectue sous la direction de l’architecte Jean-Noël Le Maresquier. Mais la nouvelle ville, née de la mer, lui tourne le dos et se tourne vers l’arrière-pays. Les installations portuaires et industrielles se concentrent à l’est de la ville et le long de l’estuaire de la Loire alors que l’ouest de la ville est dédié aux zones résidentielles. Depuis une vingtaine d’années la ville a entrepris de renouer les liens entre la ville et son port à travers des projets d’urbanisme, en particulier le quartier « Ville-Port » autour de l’ancienne base de sous-marins. Sur le plan économique, la ville continue de vivre au rythme de ses chantiers navals mais a aussi su se diversifier avec réussite vers le secteur de l’aéronautique avec l’usine Airbus.
À voir à Saint-Nazaire et dans ses environs
- C’est dans les Chantiers de l’Atlantique que bat le coeur de Saint-Nazaire ! Implantés depuis un siècle et demi, ils ont vu naître et grandir la ville et ont toujours été au coeur de son développement économique et de son historie sociale. Nés de la fusion en 1955 des Chantiers de la Loire et des Chantiers de Penhoët, ils appartiennent aujourd’hui au groupe sud-coréen STX. Sur 100 hectares, les chantiers abritent une immense forme de construction de 900 mètres de long et 70 mètres de large et une forme d’armement de 450 mètres sur 95. Depuis près de 150 ans les chantiers navals ont construit près de 150 navires : des paquebots de légende comme le Normandie, le France ou plus récemment le Queen Mary 2, des pétroliers, des méthaniers ou encore des unités militaires comme la célèbre Jeanne d’Arc ou le porte-avions Foch. Des visites guidées sont organisées dans les chantiers navals et permettent de découvrir ce gigantesque site industriel. Plus d’informations ici.
- Implanté depuis 2000 dans l’ancienne base de sous-marins, Escal’Atlantic est un musée passionnant qui à travers la reconstitution d’un paquebot (ponts, salle des machines, cabines, salle de réception, …) permet de goûter à la légende de ces prestigieux paquebots qui traversaient l’Atlantique entre le Vieux et le Nouveau Monde. Le musée organise également des expositions temporaires. Plus d’informations ici.
- La Ville-Port est un nouveau quartier qui sort de terre depuis la fin des années 90 et dont l’objectif est de renouer le lien entre la ville et son port, brisé par la reconstruction d’après guerre. Ce projet d’urbanisme comprend des logements, un centre commercial (Ruban Bleu), un hôtel, un complexe de cinéma et un théâtre inauguré en 2012 dans l’ancienne gare de type hausmannien de 1865 désaffectée depuis la guerre. Mais c’est surtout l’ancienne base de sous-marins construite par les allemands pendant la guerre qui est au coeur du projet d’urbanisme. Réaménagée, elle abrite l’office du tourisme, Escal’Atlantic (voir ci-dessus) et deux équipements culturels : le LiFE (Lieu International des Formes Émergentes) et le VIP (scène de musiques actuelles). Le toit de la base, d’où on a une vue imprenable sur Saint-Nazaire et son port, est accessible depuis une passerelle. Le toit héberge également une exposition permanente passionnante sur l’Histoire de Saint-Nazaire.
- Emplacement originel du vieux Saint-Nazaire, le Petit Maroc est aujourd’hui une île artificielle née du creusement en 1881 d’une écluse d’accès au bassin de Penhoët, coincée entre les chantiers navals et les bassins du port de Saint-Nazaire. Il faut aller chercher à Douarnenez l’origine du nom de ce quartier. Les pêcheurs de Douarnenez surnommaient « Maroc » le port de Tréboul, de l’autre côté de la rivière de Port-Rhu. Quand les douarnenistes s’installent à Saint-Nazaire pour trouver de nouveaux débouchés, les petites rues du vieux port de Saint-Nazaire leur rappellent Tréboul : ils ont retrouvé un « Petit Maroc » ! Pour la petite histoire le quartier organisait un carnaval dont le roi élu était … un sultan ! Le Quai des Marées offre un beau panorama sur l’estuaire. Sur sa partie nord une jetée se termine par le joli phare du Vieux-Môle, allumé une première fois en 1836 mais dont la version actuelle date de 1904. Le quai se poursuit vers le sud et se termine par une jetée marquant l’entrée du port de Saint-Nazaire, flanquée de deux feux rouge et vert. L’entrée de l’écluse permettant d’accéder au bassin du port est dominée par l’Usine élévatoire. Construite en 1907, elle servait à assurer le niveau d’eau dans le bassin de Saint-Nazaire en pompant l’eau de l’avant-port vers le bassin. C’est un des rares bâtiments du port ayant échappé aux bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. Désaffectée en 1989, elle doit à terme accueillir un centre d’interprétation et de valorisation de l’estuaire.
- Situé dans le quartier du Petit Maroc, face à l’ancienne base de sous-marins, l’écomusée de Saint-Nazaire propose une exposition permanente « Mémoire d’Estuaire » qui est un voyage dans l’Histoire de Saint-Nazaire et de sa région, de la Préhistoire à nos jours. Une large place est évidemment dédiée aux paquebots, avec une collection d’oeuvres décoratives et de mobiliers des paquebots Ile-de-France, Normandie et France.
- Face à l’ancienne base de sous-marins, amarré dans l’écluse fortifiée du port de Saint-Nazaire, l’Espadon est un ancien sous-marin français, sorti des chantiers du Havre en 1958. Entre 1960 et 1985, basé à Lorient, il est resté en service pour la Marine Nationale pendant 25 ans. Il accueille les visiteurs sur le site de Saint-Nazaire depuis 1987.
- Saint-Nazaire est une des rares villes réelles figurant dans les aventures de Tintin. Hergé y situe en partie l’action de l’album Les 7 Boules de Cristal. Dans cet épisode, Tintin et le capitaine Haddock arrivent à Saint-Nazaire, à la recherche de leur ami le professeur Tournesol, et embarquent finalement pour l’Amérique du Sud. Disséminées en ville, six fresques reprennent les vignettes de l’album. On y découvre une vision du Saint-Nazaire de l’entre-deux-guerres, point de départ des transatlantiques vers l’Amérique du Sud.
- Reliant les rives nord et sud de l’estuaire de la Loire, entre Saint-Nazaire et Saint-Brévin-les-Pins, le pont de Saint-Nazaire et son élégante silhouette dominent l’horizon de Saint-Nazaire. Ce pont à haubans mesure au total 3,3 kilomètres de long, 720 mètres en dehors des viaducs d’accès. Sa hauteur de 68 mètres permet le passage des bateaux qui accèdent au port autonome de Nantes – Saint-Nazaire en amont. Mis en service en 1975 après 3 ans de travaux, il détenait alors le record mondial de portée pour un pont à haubans métallique. Accessible via un péage à sa construction, il est gratuit depuis 1994. Le meilleur endroit pour admirer ce pont est le port de Mindin à Saint-Brévin-les-Pins sur la rive sud.
- Si Saint-Nazaire n’a pas le charme de ses voisines balnéaires comme La Baule ou Pornichet, la ville compte tout de même un long littoral s’étendant du port jusqu’au célèbre village de Saint-Marc-sur-Mer, ponctué de nombreuses plages, parfois urbaines, parfois sauvages. À proximité du centre-ville, les boulevards du Président Wilson et Albert 1er proposent une longue promenade le long de la rade de Saint-Nazaire jusqu’à la plage de Villès-Martin et son phare accessible à marée basse. Le chemin des douaniers permet ensuite de longer la côte et de découvrir des criques et des panoramas sur l’estuaire de la Loire. Tout le long du littoral de Saint-Nazaire, vous pourrez découvrir également les pêcheries, ces cabanes de pêche typiques de ce coin de côte.
- Situé à la périphérie de Saint-Nazaire, le Tumulus de Dissignac est un des sites préhistoriques les plus remarquables de la région. Ce monument funéraire a été construit il y a plus de 6 000 ans et est donc plus ancien que les Pyramides d’Égypte ! Des visites guidées sont organisées pendant l’été (départ sur place, renseignements à l’office du tourisme de Saint-Nazaire).
- À l’est de Saint-Nazaire, s’étendant le long de l’estuaire de la Loire jusqu’à Nantes, le port autonome de Nantes – Saint-Nazaire est le premier port de la façade atlantique française (il accueille plus de 3 000 navires par an). Les installations de la partie nazairienne du port s’étendent sur les communes de Saint-Nazaire, Montoir-de-Bretagne et Donges. Le port compte plusieurs terminaux : roulier, charbonnier, agro-alimentaire, multi-vrac, méthanier et bien sûr pétrolier avec la raffinerie de Donges, la seconde plus importante de France. Pour des questions de sécurité (des hommes mais aussi des marchandises !), la majorité des installations ne sont pas accessibles au public, même si on peut approcher les installations de certains terminaux en voiture. Atmosphère lugubre garantie ! L’office du tourisme organise cependant des visites guidées en car au départ de la base de sous-marins. Plus d’informations ici.